Conférence d’entente nationale : Les questions de l’Azawad et du retour d’ATT restent entières

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Conférence d'entente nationale au Mali: salle comble à la cérémonie de clôture
Conférence d'entente nationale au Mali (photo archives à titre illustratif

Les rideaux sont tombés le dimanche 2 avril 2017 sur les travaux de la Conférence d’entente nationale. Après une semaine d’échanges, de débats approfondis sur les causes profondes du conflit au Mali, des délégués venus de tout le Mali et de la diaspora ont fait des recommandations de sortie de crise. Mais la question de l’Azawad est restée entière, même si des propositions ont été faites

Les recommandations de la Conférence d’entente nationale ont été formulées à partir des causes des conflits qu’a connus le Mali. Parmi ces causes, il y a la mal gouvernance. A ce titre, il a été recommandé l’amélioration de la gouvernance, de la justice ; l’évaluation des ressources destinées aux régions du Nord ; l’accélération du retour de l’Administration dans les régions du Nord, surtout à Kidal ; la criminalisation de toutes les réclamations basées sur la violence et l’utilisation des armes.

Sur le plan sécuritaire, il a été proposé l’implication et la responsabilisation des populations à la base ; l’accélération du processus de désarmement des groupes armés et le cantonnement des ex-combattants; la reconstruction des forces de sécurité et le redéploiement rapide de l’armée reconstituée au Nord pour sécuriser les populations sur l’ensemble du territoire national.

Sur la gestion de la diversité, il a été recommandé l’intensification des échanges culturels entre les communautés ; l’élaboration d’une nouvelle charte pastorale ; la promotion des autorités traditionnelles et bannir la féodalité. Sur le développement socioéconomique, il est demandé l’amélioration des services publics de base; l’implication des victimes dans le processus de paix; la réinsertion sociale des victimes des conflits; soutenir l’émergence du secteur privé; promouvoir les codes de conduite. Pour la paix et la réconciliation, il a été recommandé d’instituer une journée de réconciliation; d’édifier un memorium pour les victimes des conflits; d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger; négocier avec Amadou Kouffa et Iyad, tout en préservant le caractère laïc et républicain de l’Etat; réconcilier les frères Iforas et Imrade de Kidal; régler la mésentente entre les mouvements armés; assurer le retour des réfugiés au Mali, de l’Administration et l’Etat malien au Nord et dans le Delta central en plus d’une discrimination positive en faveur des handicapés et des jeunes.

Problématique de l’Azawad

Sur le concept de l’Azawad, il a été recommandé de relayer auprès des populations le consensus obtenu sur ce concept Azawad qui ne doit pas avoir une connotation politique. Pour les conférenciers, l’Azawad est une réalité socioculturelle qui a les mêmes attributs et significations que le Wassoulou, le Djitoumou, le Kénédougou, le Mandé, etc.  Cette recommandation n’a pas été du goût de certains représentants de la Coordination des mouvements armés (CMA) qui ont réclamé le statut juridique de l’Azawad. “Tant que l’Azawad n’aura pas un statut juridique, il n’y aura pas de paix”, a dit un élément de la CMA. A l’annonce de cette phrase, des participants ont réagi violemment. Certains voulaient même agresser le gars qui a osé prononcer cette phrase. Il a fallu l’intervention de bonnes volontés pour ramener le calme dans la salle. “Nous les ressortissants du Nord, nous ne voulons plus du nom Azawad au Nord. Nous ne voulons plus que nos régions soient appelées Azawad. Il faut que cette question soit éclaircie par la conférence d’entente nationale“, a réagi une nordiste.

Le cas ATT abordé

La situation de l’ancien président Amadou Toumani Touré a été abordée durant la Conférence d’entente nationale. Une femme de Tombouctou a demandé le problème en des termes très clairs: “Les réfugiés y compris l’ancien président Amadou Toumani Touré et certains de ses ministres réfugiés doivent rentrer au pays pour que tous les enfants du Mali puissent faire la paix ensemble. La Conférence d’entente doit prendre en compte ces cas. Amadou Toumani Touré doit rentrer au pays”, a-t-elle laissé entendre avant d’être amplement applaudie par la salle. Le présidium ne réagira pas à cette recommandation de la nordiste.             

   Siaka Doumbia

 ILS ONT DIT….

Mahamoud Dicko (président du Haut conseil islamique) : “Aucune République religieuse ne sera implantée au Mali”

“La dimension spirituelle de la crise a été occultée dans l’accord issu du processus d’Alger.  Il ne s’agit pas pour moi de remettre en cause la laïcité et la forme républicaine de l’Etat malien. Qui sont les agresseurs de l’armée malienne ?  Il faut indexer les gens qui ne se retrouvent pas dans ce qui est en train de se faire. Il faut avoir le courage de poser tous les problèmes pour leur trouver une solution. Parce ce qu’il y a  toujours des suspicions. L’Etat doit avoir une politique dans ce sens. Je ne comprends pas la dénomination du ministère des Affaires religieuses et du Culte. Que signifie le culte ? La situation dans le Delta central du Mali ne doit pas être occultée. Je n’ai pas entendu ça durant la Conférence. Le problème du Mali est religieux. Il faut chercher la solution. Le caractère laïc, républicain de l’Etat du Mali nous convient. Tout le monde a sa place dans la République. Aucune République religieuse ne sera implantée au Mali. Mais notre problème étant un problème religieux, il faut le discuter et trouver une solution”, a déclaré Mahamoud Dicko comme message à la Conférence d’entente nationale.

 Aly Nouhoun Diallo (ancien président de l’Assemblée nationale) : ” C’est de l’utopie de croire qu’on peut

intégralement appliquer l’Accord”

Réagissant à une proposition d’application de l’accord issu du processus d’Alger, Aly Nouhoun Diallo n’est pas parti avec le dos de la cuillère. Il a assené ses vérités : “Nous (Alpha en tant que président, IBK en tant que Premier ministre et moi-même en tant que président de l’Assemblée nationale) avons eu des difficultés pour l’application des Pactes signés. Il ne faut pas que les gens se fassent d’illusion. Les humains écrivent des choses qu’ils ne peuvent pas appliquer. Tout le monde a formulé des réserves sur l’application de l’accord issu du processus d’Alger. Comment voulez-vous qu’on applique intégralement l’Accord ? Qui empêche l’application de l’Accord ? C’est les groupes armés, nos frères, qui empêchent l’application de l’Accord. Des lois sur les autorités intérimaires sont votées pour satisfaire certains. Ce n’est pas pour rien que Gao et Tombouctou ont refusé leurs autorités intérimaires. Personne n’a le monopole des armes. Il faut qu’on se parle. On ne pourra pas appliquer intégralement l’Accord. C’est de l’utopie de croire qu’on peut intégralement appliquer l’Accord. Ne leurrons pas les jeunes. L’Etat a-t-il les moyens d’employer tous les jeunes du Mali ? Il ne faut pas continuer à mentir aux jeunes. Tous les jeunes ne pourront pas être employés. Certains seront employés, certains chercheront des emplois d’eux-mêmes et d’autres resteront au chômage. Soyons honnêtes avec les jeunes”, a-t-il déclaré.

 Mme Sy Kadiatou Sow : “L’inclusivité doit être respectée”

Réagissant à une proposition d’élaboration de la charte de la Conférence d’entente nationale, Mme Sy Kadiatiou Sow dira que l’inclusivité doit être respectée sur toute l’étape de l’accord issu du processus d’Alger. “C’est à cette seule condition qu’une Charte de la paix sera élaborée”, a-t-elle affirmé.

 Bamoussa Touré (famille fondatrice de Bamako) : “Nous avons le devoir de réussir la réconciliation”

” Le Mali est une et une seule famille. Nous devons croire à notre parenté de malien. Comme proposition de sortie de crise, je demanderai une implication véritable des légitimités traditionnelles, religieuses, coutumières dans les institutions pour une bonne gouvernance. Si les chefs traditionnels sont associés à la gestion des problèmes, ces problèmes seront résolus à la base. Aussi, les femmes méritent une place de choix au cœur du développement. Les jeunes doivent être mis dans de bonnes conditions pour qu’ils deviennent l’avenir du pays et participent au développement du pays, facteur de paix. La Conférence d’entente nationale risque d’être le dernier train de la réconciliation. Donc, nous avons le devoir de réussir la réconciliation. La balle est dans le camp de tout le monde pour relever le défi de la réconciliation. Le Mali, c’est la fraternité, l’unité, l’amour et la paix”.

                                         Rassemblés par Siaka Doumbia

 

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