N’a-t-on pas l’habitude de dire qu’il est trop tard pour y passer ou que chaque chose en son temps. Dès la défaite des FAMAS le 21 mai 2014, IBK, la mort dans l’âme a accepté le principe de la tenue des négociations à Alger. Afin de baliser le terrain, l’opposition, toutes tendances confondues a demandé une concertation nationale pour dégager une position nationale sur ce qui peut être accepté par le peuple et ce qui n’est pas acceptable. Cette initiative était la meilleure solution afin que toutes les composantes de la société malienne regardent dans la même direction et parlent de la même voie.
L’URD à travers son président Soumaïla Cissé a beaucoup insisté sur la question mais en vain. Le ver était dans le fruit. La souveraineté du Mali avait été sous-traitée à l’Algérie et à la France. C’est pourquoi les documents issus de ses premières séances de consultations ont comporté beaucoup de faiblesses notamment la notion de zone de développement des régions du nord, la représentation forte des communautés du nord, au niveau national, la mauvaise répartition du pouvoir entre l’Etat et les régions, la gestion de la sécurité nationale déléguée aux rebelles Touareg.
Chacune de ces faiblesses peut entrainer l’Etat vers sa partition. Depuis l’arrivée d’IBK à la tête du Mali, chaque acte posé se révèle catastrophique pour le Mali, pour son unité et son intégrité. Pour la première fois des aspects compromettant l’unité, l’intégrité et l’égalité de tous devant la loi ont fait leur apparition dans notre gouvernance.
Les observations des forces vives de la nation, rédigées sur 13 pages ont été jetées à la poubelle à Alger, sans y accorder la moindre considération, alors qu’elles étaient celles de toutes les populations qui aspirent à la paix, à la justice, à l’égalité des chances. Toute la campagne médiatique orchestrée par le Gouvernement, sur l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale n’a amené aucune paix, aucune réconciliation nationale jusque-là.
Pendant l’année 2016, 332 personnes dont 207 civils ont perdu la vie. Déjà de janvier à février 2017, plus de 160 morts ont été déjà enregistrés. Quelles portées aura cette conférence d’entente nationale ?
Déjà l’accord a vidé la constitution de son contenu. Comme annoncé dans l’Accord une commission d’enquête internationale sur les crimes perpétrés n’a pas vu le jour jusque-là. Il en est de même pour les crimes et violences sexuelles.
L’appellation Azawad est déjà entérinée par l’accord d’Alger et l’autonomie déguisée est donnée aux régions du nord par la nomination des rebelles pour représenter l’administration malienne et le législateur régional. Le centre du pays est menacé par la création d’une entité islamique.Plus de 170 écoles sont fermées depuis presque deux ans dans cette zone.
L’extension du conflit vers le centre du Mali sans aucune réponse appropriée des FAMAS, commence à inquiéter les pays voisins du Mali.
Les FAMAS semblent ne contrôler aucune partie du territoire depuis le delta central du Niger jusqu’à la frontière algérienne. Dans ces conditions, une conférence d’entente exclusive ne sera pas la solution pour apporter l’unité et la paix au Mali. La MINUSMA, malgré trois années et demie de présence au Mali n’a pas un bilan élogieux qui puisse faire espérer une éventuelle réunification du Mali. Elle est devenue la mission la plus périlleuse des Nations-Unies, alors que qu’elle est dotée selon les laudateurs du régime d’un mandat robuste. Mieux la MINUSMA est aux ordres de la France pour émietter le Mali.
Quant au Président IBK, il est impuissant face aux rebelles de la CMA. Les régions du sud sont devenues les dindons de la farce. De nouvelles régions ont été créées depuis 2012 par le Président ATT, mais impossible pour IBK de les opérationnaliser, pour ne pas être taxé par la France de saboteur de l’Accord d’Alger. Elles devraient l’être pour une question d’équilibre et de stratégie. Le constat est finalement que le Président IBK veut sauver son régime sans le Mali.
Les Associations créées par les responsables politiques des nouvelles régions, non opérationnelles donneront le ton lors de cette conférence d’entente nationale pour se faire entendre. Elles ne rateront pas cette occasion pour bomber leur torse. Voici donc le bilan de celui qui promettait en 2013, qu’il va en finir avec la question du nord en trois mois. Que Dieu sait faire les choses !
Ivette GUINDO