Communication gouvernementale : ” Faire en sorte que ce qui est fait soit compris, que ce qui est dit soit fait “, dixit Me Tall

1

Depuis quelques mois, l’ORTM a initié une rencontre où tous les ministres passent pour être interrogés. Le dimanche dernier, c’était le tour du Ministre de la Communication et de l’Economie Numérique, Me Mountaga Tall.

 Il s’agit pour vous de relayer les quotidiens des informations relatives à l’action gouvernementale ou il s’agit pour vous de défendre, expliquer, promouvoir l’action conduit par le gouvernement

Me Tall : Vous savez, la gouvernance par la sémantique est une division. La gouvernance ce sont des actions mais il faut faire en sorte que ce qui est fait soit compris, que ce qui est dit soit fait. Donc moi, mon rôle de porte-parole encore une fois c’est de faire en sorte que ce qui est fait, ce qui est en projet soit bien compris par les citoyens et que ceux-ci accompagnent l’action gouvernementale.

 M. le ministre, vous êtes le quatrième porte-parole de l’ère IBK, le régime a déjà usé trois porte-paroles. Est-ce c’est-à-dire que le porte-parole est un exercice très dangereux où on peut se retrouver au porte-à-faux à même avec les dirigeants, ce qui nous ont confiés la parole ?

Me Tall : Allons-y au-delà de porte-parole. Il faut comprendre que la fonction ministérielle n’est pas un mandat avec le terme en question. Le ministre de la République c’est qui selon le chef de l’Etat et le chef du gouvernement en un instant qui leur semble à même de conduire telle ou telle action. Alors, il faut éviter de croire que quand on est ministre, on est à perpétuelle demeure. Les plus hautes autorités ont une latitude d’émouvoir la composition du gouvernement soit par le remaniement technique, soit purement et simplement par le départ d’un gouvernement et l’arrivée d’un nouveau gouvernement donc un remaniement ministériel.

 Porte-parole, on a l’impression M. le ministre que la communication du gouvernement est limitée à des communiqués de presse, à des réactions, qui viennent souvent comme le médecin après la mort ou souvent c’est le clash total. Qu’est-ce qui explique cela ?

Me TALL : Vous savez, l’action gouvernementale, aujourd’hui telle que nous la concevons ne peut se résumer qu’à des communiqués. J’ai soumis à M. le Premier ministre, chef du gouvernement, un projet complet pour prendre en charge l’ensemble de la communication gouvernementale qui ne peut se réduire à des réactions. J’envisage de faire en sorte que nous puissions au niveau du gouvernement anticiper, que nous puissions être plus pédagogues par rapport à ce que nous faisons, que nous puissions être plus accessibles tout en évitant que le porte-parole du gouvernement le “one man show”. Voilà la direction dans laquelle nous souhaitons aller.

Ailleurs, on voit les porte-paroles animer les points de presse presque quotidiennement pour faire des déclarations sur les plateaux, sur les grandes diffusions. M. le ministre, on ne vous voit presque pas devant les médias, c’est une stratégie ?

Me TALL : Je ne confonds pas vitesse et précipitation. J’ai un plan de communication complet, je le déroulerai mais il fallait avant que je me lance dans une sorte d’aventure d’être sûr exactement de ce que je fais et d’être sûr que ce que je ferai sera utile pour la visibilité et la lisibilité de ce que l’on fait au niveau du gouvernement.

 Parlons plutôt de l’architecture de la communication gouvernementale pour terminer. Vous avez fait allusion tout à l’heure au centre de formation gouvernementale. Koulouba a sa cellule de communication, la primature a la sienne, chaque département ministériel a son chargé de communication. Trop de communicants finalement ne tuent-ils pas votre communication ?

Me TALL : Pourquoi trop de communicants ?

Vous savez ,le Président de la République tout seul est une institution. C’est la première institution, c’est la clé de toutes les institutions. Il est donc normal, disais-je avérer que le Président de la République ait sa cellule de communication. Le gouvernement communique sur ce qui est transversal, sur ce qui est commis à nos sociétés, mais chaque ministre communique ce qu’il fait. Il ya donc une complémentarité, il n’ya pas de pléthore.

 Il n’ya pas non plus de cacophonie ?

Me TALL : Non ! Puisse que les domaines de communication sont clairement définis. Mais aussi il faut veiller à ce qu’il y ait une sorte d’harmonie, de rationalité interne, là encore le porte-parole du gouvernement a un rôle à jouer en lien avec le pigment et en lien la communication présidentielle.

Pourquoi le porte-parole comme vous ne se prononce pas sur les questions d’intérêts nationales ou internationales quand l’actualité sur la République SAHRAOUI, la réintégration du Maroc à l’Union Africaine, l’élection de Trump ? On ne vous a pas entendu sur ses questions.

Me TALL : Parce que vous ne m’avez pas interrogé tout simplement.

Question : Mais ailleurs, les portes parole-prennent la parole, ils réagissent sur les questions d’intérêts au nom de l’Etat.

Me TALL : Ailleurs, les journalistes bousculent les porte-paroles du gouvernement au nom du droit à l’information.

L’Economie Numérique :

 Cette dénomination est parue pour la première fois dans l’architecture gouvernementale. On a vécu l’effet de mode aujourd’hui.

Me TALL : Attention, l’Economie numérique n’est pas un effet de mode. C’est un concept, une économie qui est essentiellement fondée sur l’évolution des nouvelles technologies. Son champ d’application est relativement vaste et évolue on peut dire d’ailleurs en cercle concentrique. Il y a ce qui constitue le secteur naturel de l’Economie numérique qui est connu de tous c’est-à-dire les logiciels, c’est-à-dire les matériels informatiques, c’est-à-dire tout ce qui à trait à la télécommunication de façon générale et de façon particulière l’audiovisuel. A côté de ceux-là naturellement, il y a tout du commerce, de la distribution, de l’automobile, de jeux surtout les plus importants. Vous pouvez avoir rarement un domaine aujourd’hui qui ne se développe grâce au numérique. Prenez l’agriculture, l’élevage, l’éducation, la santé, le transport et n’importe quel domaine. Imaginez ces domaines aujourd’hui sans le numérique. Vous vous rendez compte que nous allons retourner à la préhistoire. Donc c’est la plus value des nouvelles technologies dans tous ces domaines qui constitue l’économie numérique. Vous comprendrez qu’effectivement il n’y a pas là un effet de mode. Ces secteurs ne pourront pas se vendre sans le numérique. Donc si vous regardez aujourd’hui notre économie, il y a à peu près un apport de 10% du produit intérieur brut.

Pourquoi un département spécifique ? Vous allez m’amener à parler de l’apport qui peut se définir en termes d’efficacité, en termes de transparence, en termes de rentabilité. Illustration, c’est qu’aujourd’hui notre administration dispose d’un réseau intranet où plus 100 services sont interconnectés. Ce qui permet d’atteindre une efficacité presque optimale. Si vous allez aujourd’hui au trésor, le trésorier payeur peut vous dire où j’en suis exactement. Comment peut-il le faire ? C’est que derrière il y a d’autres qui s’occupent d’un certain nombre de choses. De nos jours, il y a des applications concrètes, vraiment très puissantes qui disposent d’adaptateurs qui permettent à tous les groupes de l’administration de ne pas se focaliser sur les questions de formation, sur les questions de  –  puisse qu’un service atypique est dédié à cela. Nous avons tout ce qu’il y a aujourd’hui comme communication par le téléphone portable. Bamako est aujourd’hui sous vidéo surveillance, tout ce qui peut se passer sur les grandes artères est connu et du ministère de la sécurité qu’au niveau du ministère de l’économie numérique. Voilà les policiers communiqués, échangés, contactés pour fluidifier la circulation. Tout cela, c’est l’économie numérique.

 M. le ministre, c’est quoi l’objectif à court terme de l’économie numérique ? Faire des Maliens un citoyen connecté?

Me TALL : Vous savez être connecté aujourd’hui n’est pas une option, ne pas être connecté c’est ça le choix de porter parmi les mots analphabètes. Ne pas être connecté, c’est rater le tournant le plus fantastique de l’histoire de l’humanité. Donc nous avons pour mission de faire en sorte que les outils numériques soient divulgués au Mali et qu’il y ait un accès le plus vaste possible à tous les niveaux. Rendre le numérique accessible, rendre le numérique possible pour chacun.

 Si vous parlez en termes d’économie numérique est-ce que c’est en termes d’argent ou en termes de temps ?

Me TALL : Les deux vont ensemble. Si vous pouvez parler avec votre partenaire, avec vos parents qui sont à Kayes ou à Tombouctou sans avoir besoin de se déplacer, vous aurez fait un gain de temps et un gain d’argent extrêmement important, donc le numérique prend en charge l’ensemble de ces questions. Vous prenez un étudiant qui fait des cours à distance, il a le gain de temps et le gain d’argent parce qu’il n’aura plus besoin de se déplacer pour aller à la faculté, il n’aura plus besoin de payer le carburant pour sa moto ou payer le prix de taxi, donc ces deux volets vont forcement ensemble.

 M. le ministre, les chercheurs anglais nous classe notre pays parmi un groupe de 28 pays subsahariens où le taux d’accès à l’internet est très faible moins de 10% selon les études. Quand on ajoute à cela les difficultés liées au coût du matériel, les conditions ne sont pas réunies aujourd’hui pour que le Malien soit un citoyen connecté ?

Me TALL : Ma mission est de faire en sorte que les conditions soient progressivement réunies. On ne peut pas dire nulle part au monde que nous sommes dans une collection à 100%. J’ai récemment suivi une délégation nationale en Estonie qui est peut être le pays le plus connecté au monde mais ne sont encore à 100% de connexion. Nous travaillons progressivement, faire en sorte qu’avec des coûts abordables, avec une formation subséquente qu’on puisse avoir le taux de pénétration le plus fort possible en matière de connexion.

 Si je me réfère à ces chiffres, 90% de la population malienne c’est donc en dehors de cette surface de la révolution numérique. Qu’est-ce que vous faites pour que ces 90% soient des citoyens connectés ?

Me TALL : Les chiffres vous engagent, ils ne m’engagent pas. Mais ce que nous faisons aujourd’hui, c’est de faire en sorte encore une fois qu’il y ait une infrastructure numérique efficace. Le Mali comme certains autres pays comme le Burkina Faso et le Niger font partie de ce qu’on appelle les terres lands. Pour être connecté qualitativement et à moindre coût, il faut être branché à la fibre qui vient par la mer. Donc nous pourrons être connectés, nous avons le coût de transit à payer. Nous avons une qualité un peu moindre que les pays de la façade maritime. Nous allons faire en sorte qu’au niveau communautaire notamment de la CEDEAO que ces problèmes soient pris en charge par un mécanisme de solidarité ces contraintes soient levées de façon à ce que nous puissions avoir les mêmes chances ici qu’ailleurs. Mais au-delà, il y a une politique volontariste du gouvernement qui se manifeste par le fait que 25 milliards de nos francs sont investis dans le domaine du développement de la fibre optique. C’est cette fibre qui nous permet d’avoir une bande passante assez large pour permettre toutes les applications dont nous parlons ce qui va permettre de réduire le coût. Mais on devrait aussi travailler avec les Universités et au-delà avec les écoles. AGETIC qui est en charge de la question travaille pour faire en sorte que les communes du Mali soient connectées, que les écoles soient connectées, que les associations formées et connectées donc c’est ainsi que progressivement nous pourrons amener à connecter toujours un nombre plus grand de Maliens. Mais, il ne faut se faire d’échelle, nous allons surement plus grand.

 Connecter les communes, les écoles techniques, tout sera attribué à l’Internet aujourd’hui, la tâche, c’est l’énergie, c’est l’électrification, dans les zones où il n’y a pas d’électricité, comment allez-vous parler de connexion Internet?

Me TALL : Vous parlez peut être d’électricité classique, mais de plus en plus il y a l’électricité solaire. Il est clair que sans énergie il n’y a pas d’Internet, mais il est vrai que le gouvernement travaille à faire en sorte que tous les jours un nombre plus grand de Malien puisse bénéficier de la couverture électrique.

M. le ministre, vous avez parlé de l’AGETIC. Quand on voit M. le ministre l’ère numérique avec les grosses piles de l’audio, j’ai dû constater que le ministre de l’économie numérique avait en entrant dans cette salle. Alors pourquoi les ministres ne sont pas connectés et à quand votre conseil de ministre sans papier ?

Me TALL : Moi j’espère que les journalistes ont plus de papiers que le ministre des économies numériques. Nous travaillons à faire en sorte que les conseils de cabinet d’abord sans papier soient une réalité dans une très brève échéance et que d’ici la fin du premier semestre nous arrivions au conseil des ministres sans papier. Imaginez simplement ce qui se passe autour du débat budgétaire, c’est en préparation à l’adoption du budget par les députés. La quantité de papiers, ce que nous consommons non seulement c’est efficace ça peut gagner une perte de temps. Je suis sûr que ma collègue en charge de l’environnement applaudira à deux mains quand on ferra l’économie de tous ces papiers qui jouent de façon négative sur notre environnement. Il y a là un des projets que nous portons, les projets auxquels nous tenons les plus. J’espère peut être prochainement que nous allons en parler, vous verrez très bientôt le conseil des ministres sans papier.

 M. le ministre, il y a des pays de la sous région qui sont effectivement dans les mêmes conditions que nous, qui ne sont pas de façade maritime qui y sont allés depuis près de deux ans maintenant ou plus de deux ans.

Me TALL : Ecoutez peut être que dans ce domaine précis, ils ont une certaine avance sur nous et j’aimerais bien dans d’autres domaines, nous aurons une avance sur eux. Mais ce qui est sûr c’est que nous sommes décidés à résorber le retard que nous avons dans ce domaine.

Question : M. le ministre, le numérique, le Mali a raté le premier rendez-vous, c’était en juin 2015. Vous tablez maintenant sur 2017 c’est avec l’UIT. C’est un délai final, raisonnable pour vous fin 2017?

Me TALL : Vous parlez de la transition vers le numérique, de ce qu’on appelle communément l’écran noir. C’est vrai que l’UIT (Union Internationale de la Télécommunication) a donné des délais pour que tous les pays du monde puissent migrer des analogiques vers le numérique et cette migration, cette transition a des bénéfices extraordinaires sur chacun des pays. Je dois avouer que je ne connais pas malheureusement un seul pays ouest africain qui ait tenu ces délais et qui ait terminé sa transition totale. Mais je dois reconnaître aussi que le Mali est largement en retard dans ce domaine. Nous avons soumis au niveau du gouvernement un projet très clair, très cohérent qui pourrait nous permettre de rattraper non seulement le retard que nous avons, mais peut être de prendre un avantage, une avance certaine dans ce domaine. Surtout vous dire que ce qui est en cours, que les nouveaux délais fixés qui sont très courts seront sans doute respectés si ce projet est validé, et je pense qu’il est en voie de l’être.

Par Yacouba TRAORE

Stagiaire

 

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

  1. les maliens ont besoin de débats comme à la rts du sénégal, où tous les corps débattent.
    ce sont des monologues que moussa a crée; nous ne sommes plus à ce stade.
    ce genre de débats est la marque de moussa, nous n’en voulons plus.

Comments are closed.