Le président de la Transition, colonel Assimi Goïta, a rencontré, mardi 14 septembre dernier, à Koulouba, les membres du Conseil supérieur de la Magistrature. Il a saisi l’occasion pour rassurer les juges de son soutien total.
D’après le colonel Assimi Goïta, cette rencontre s’inscrivait dans le cadre de sa prise de contact avec les magistrats. «Il était de mon devoir de faire votre connaissance, mais aussi de saluer votre engagement et tous les efforts consentis depuis le début de la rectification de la transition. Vous dire aussi qu’à travers vos actions, vous commencez à donner de l’espoir au peuple malien», s’est-il adressé à ses hôtes du jour.
A en croire le président de la transition, il y a deux grandes préoccupations auxquelles ils doivent trouver coûte que coûte des solutions très rapidement. Il s’agit des questions de la sécurité et de la justice. Et qu’à chaque fois qu’il a eu l’occasion de parler avec le ministre de la Justice, il lui a rappelé que la stabilité du pays repose sur la justice, même s’il reconnaît que l’armée aussi doit jouer un rôle important.
«Malheureusement, ces deux facteurs sont liés. On a beau maintenir la sécurité, tant qu’il y aura l’injustice, l’impunité, nous allons toujours vivre les mêmes problèmes d’insécurité. Il ne peut jamais avoir un Etat fort sans une justice forte. Et une justice forte repose toujours sur la qualité des hommes et des femmes qui la compose», a-t-il souligné.
Et le colonel-président d’expliquer: «Dans tous les secteurs, nous avons des éléments infiltrés, des secteurs infectés par certains éléments corrompus, qui sont prêts à vendre leur nation au profit de leurs intérêts personnels. Raison pour laquelle nous avons besoin d’avoir des magistrats déterminés, engagés, qui sont prêts à prendre des risques pour sauvegarder l’intérêt supérieur de la Nation».
En revenant sur la lutte contre la corruption et l’impunité, le colonel Goïta dira que c’est la volonté du peuple malien, et des engagements qu’ils ont pris face à l’Etat. Et face à la volonté du peuple, ils n’ont pas d’autre choix que d’exécuter cette volonté.
«Regardez aujourd’hui l’état de nos routes. Beaucoup de contrats sont signés au détriment de l’Etat. Regardez, à 1 km d’ici, les gens n’ont même pas à boire. Qu’avons-nous fait de tout cet argent qui a été mis à la disposition de l’Etat? Ces populations ne nous demandent pas du travail, ni de l’argent, mais uniquement du minimum ; et aujourd’hui, on est incapable d’apporter ce minimum. Raison pour laquelle cette lutte contre la corruption et l’impunité qui a été déclenchée sera une lutte sans état d’âme et sans esprit de recule », a rappelé Assimi Goïta, pour qui c’est le moment aussi de mettre de l’ordre dans le pays. Cependant, concernant les difficultés évoquées par le ministre de la Justice, il a donné l’assurance aux magistrats qu’ils vont les étudier, afin d’apporter des solutions idoines. «C’est le minimum qu’on peut vous apporter, parce que votre mission, votre travail demande que vous soyez sécurisés. Nous allons mettre tous nos efforts possibles afin de vous mettre dans des meilleures conditions vous permettant d’accomplir votre mission. Soyez toujours rassurés de notre accompagnement. Aussi, on vous demande d’accompagner cette transition. Comme on le dit, l’individu à lui seul ne vaut rien. C’est tout un chacun qui doit apporter son appui. Et aujourd’hui, tout le monde parle de la refondation. Je vais plus loin, il s’agit même de refonder l’homme malien, parce que quand vous regardez tout ce qui est corruption, c’est pensé, planifié et mis en œuvre par l’homme. Donc, il faut des hommes et des femmes capables d’arrêter cet animal féroce qui ravage tout sur son chemin», a-t-il laissé entendre.
Par ailleurs, le chef de l’Etat a insisté auprès des magistrats de ne pas surtout se décourager. Car il estime que tout ceci ne peut se faire sans prendre de risque. Et que si cela était facile, ils n’allaient pas se retrouver là où ils sont aujourd’hui. «Félicitations à vous, continuer à apporter de l’espoir, vous avez aujourd’hui cette opportunité ; la chance de donner espoir au peuple malien», a-t-il conclu.
Moussa Sékou Diaby