Chronique satirique : La CENI payée pour dormir ?

4

De sa mise en place à nos jours, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a perçu 6 milliards de nos francs et continue de festoyer gaiement alors qu’aucune élection ne pointe à l’horizon. Faut-il la laisser engraisser sur le dos du peuple ?

Mamadou Diamoutani, président CENI

 La Commission électorale nationale indépendante (CENI) est chargée de contrôler l’organisation et le suivi des élections générales. Selon l’article 10 de la loi électorale de 2006, cette institution temporaire est mise en place “avant le début des opérations de révision annuelle des listes électorales précédant l’année des élections générales.”.  Comme des scrutins présidentiels et référendaires devaient avoir lieu le 29 avril 2012, sous le mandat du “Vieux Commando”, le conseil des ministres du 7/9/2011 a adopté le bureau de la CENI.

Bien entendu, ce bureau fit grand bruit car il ne peut y avoir de consensus entre gens d’appétit quand il s’agit de partager le gâteau national. La loi, prévoyant une bousculade autour du juteux plat de la CENI, a prescrit de le partager  de manière “équitable”. Cette précaution de langage du législateur n’a pas empêché que l’on donne au mot “équitable” toutes sortes de contenu. Ainsi, les grands partis (ceux qui avaient le plus de députés) estimaient avoir droit à plus de crème et de lait que les petits. Les petits, eux, jugeaient qu’il leur fallait beaucoup plus de cérise et de fromage pour égaler les grands partis en muscles. Saisie, la Cour constitutionnelle, qui n’a pas pour habitude de décevoir les grands chefs de la République, a, le 11 octobre 2011, débouté de leur plainte les petits partis dont, il est vrai, les noms paraissent peu impressionnants: UNPR, Bara, MPLO, ADCAM, RJP, CD, CNU, PSD, SADI…

Le bureau de la CENI finalement mis en place ne comportait qu’un représentant des petits partis de l’opposition. Le reste des postes revint aux grands partis ainsi qu’aux segments de la société civile susceptibles d’empêcher de manger en rond:  Syndicat autonome de la magistrature, Ordre des avocats, Association malienne des droits de l’homme, Coordination des associations et organisations féminines et, bien sûr, l’inévitable Haut Conseil Islamique (HCIM). Au reste, le “Vieux Commando, après l’affaire du Code satanique,  avait si peur dudit HCIM qu’il ne vit pas d’inconvénient à ce que son secrétaire général, Mamadou Diamountani, soit désigné président  de la CENI. Ayant déjà l’os de la CENI sous la dent, le HCIM  ne penserait sûrement pas à mordre ailleurs…

L’état d’esprit général des membres de ce bureau n’avait rien de mystérieux: chacun et tous se préparaient à festoyer. Et il y avait franchement de quoi quand on songe qu’en guise d’amuse-gueule, le gouvernement du “Vieux Commando” venait de servir à la table de la CENI la bagatelle de 6 milliards de nos francs.Somme suffisante pour permettre à chaque membre du bureau de se balader en tout-terrain, de voyager comme l’air, de bien engraisser la marmite, bref, de se payer du bon temps sur le dos du bon peuple. L’imam Diamountani était si heureux que son tour soit venu de manger qu’à propos de sa nomination à la tête de la CENI, il a confié à nos confrères du Pouce: “C’est un sentiment de satisfaction et en même temps de justice. Parce que toutes les composantes de la société civile, représentées dans la CENI ont eu déjà à présider (la CENI)“.

C’est au moment où l’on entamait l’apéritif que des soldats surgis de leur boîte ont eu la mauvaise idée de chasser le “Vieux Commando” par la montagne.Profitant du chaos général, les barbus d’Ansar Dine et leurs amis séparatistes du MNLA ont occupé les régions du nord, soit les deux tiers du pays. Dès lors, il était clair depuis la fin mars 2012 qu’aucune élection ne pouvait plus se tenir nulle part au Mali. Il était devenu incongru d’envisager des élections alors que l’Etat ne contrôlait plus l’essentiel de son territoire et que les populations du nord subissaient le joug des occupants. Et avec la suspension des aides étrangères suite au putsch, l’Etat avait d’autres chats à fouetter que d’aller installer des urnes et des isoloirs. La première conséquence de cette situation dramatique aurait dû être la dissolution officielle de la CENI. En effet, comme précisé plus haut, cet organisme n’est pas permanent mais temporaire: sa durée de vie dépend de la période  électorale et quand il n’y a pas de possibilité d’élection à l’horizon, il n’y a aucune raison légale de maintenir la CENI. Pourtant, six bons mois après le putsch, la CENI existe toujours. Pas l’ombre d’un décret de dissolution ! Lors d’un petit tour à son siège, sis à Korofina, nous n’avons vu que des bureaux vides et quelques rares agents tout occupés à sasser et à ressasser des paperasses.

Après enquête, il s’avère que la CENI est artificiellement maintenue en vie pour ne pas nuire au confort de ses responsables. Lors d’un récent conseil des ministres, le ministre de l’économie et des finances, Tiénan Coulibaly, a suggéré que l’institution, dont le caractère  budgétivore est connu, soit dissoute en attendant l’adoption d’un nouveau calendrier électoral. Le Premier ministre, qui craignait d’être débarqué par Dioncounda et qui, pour résister, avait besoin du soutien du HCIM, a alors demandé que l’examen de la requête de Tiénan soit renvoyée sine die

C’est le droit du Premier ministre de renvoyer ce que bon lui semble mais c’est aussi le droit du peuple de se demander pourquoi nos maigres sous sont distribués à une institution qui ne sert plus à rien. Par ces temps de crise et de misère, doit-on payer des gens pour se rouler les pouces et pour dormir sur leurs deux oreilles ? Peut-on justifier que la CENI poursuive son festin sur le dos d’une population qui manque de tout ? N’a-t-on pas davantage besoin d’argent pour équiper notre armée ? Autre chose: quels comptes a-t-on demandés à la CENI des 6 milliards que l’Etat lui a généreusement alloués ? Cet argent devait servir à installer les démembrements de la CENI dans les 703 communes, 49 cercles, le district de Bamako et les 46 ambassades et consulats du Mali à l’extérieur, en vue de superviser le déroulement des scrutins dans les 23 000 bureaux de vote prévus. Or à ce jour, nul n’a mis le pied dans un bureau de vote ni revu la couleur de nos 6 malheureux milliards !

Selon toute vraissemblance, la CENI ne va ni mourir de sitôt ni se remettre au travail. Au contraire, dans notre beau pays où tout se gère à la pagaie, l’honorable commision pourrait même obtenir une rallonge budgétaire (donc autant de viande et de poisson grillés !) pour garnir  sa table. Pendant que les autorités sont obligées de tendre la sébile pour recevoir une aide humanitaire internationale au profit des déplacés et des suppliciés du nord. Pauvre pays !

 

Tiékorobani

Commentaires via Facebook :

4 COMMENTAIRES

  1. Bel article,chapeau au journaliste.En tous cas tous les demembrements au sein des Ambassades et consulats n’ont pas reçu á ce jour leurs indemnités de mise en place-et cela est aisément verifiable ici – malgré leur mise en place effective avant le 22 mars.Qu’á t-on fait de toute cette manne financiére………………. allez y savoir Ah Ba Mali BA, á croire quel gens sont capables d’une telle cupidité dans une Institution censée garantir l’équité et la transparence quelle bassesse de leur part.
    Dans tous les cas les gens vous attendent de pied ferme, chers messieurs de la Ceni cuvée 2013.A bon entendeur……………….

    • LES MILITAIRES AUSSI SONT PAYES SANS SERVICES RENDU A LA NATION .LE GOUVERNEMENT AUSSI EST PAYES AVEC INDEMNITÉS TROIS FOIS PLUS LE SALAIRE SANS SERVICES RENDU A LA NATION .LE PAYS SOMBRE ET TANT VERS LE DÉCLIN A CAUSE DES SALES DÉPENSES ET INJUSTIFIÉES SUR LE DOS DE L’ÉTAT.LA CENI DOIT ÊTRE DISSOUTE CAR C’EST LE NORD QUI EST PRIMORDIAL . LE PREMIER AUSSI EST LE PREMIER ENNEMIE DES CAISSE DE L’ÉTAT SANS RENDRE SERVICE A LA NATION . IL VOYAGE QUAND IL VEUT COMME IL VEUT SANS AUCUN RÉSULTAT TANGIBLE.

    • LES MILITAIRES AUSSI SONT PAYES SANS SERVICES RENDU A LA NATION .LE GOUVERNEMENT AUSSI EST PAYES AVEC INDEMNITÉS TROIS FOIS PLUS LE SALAIRE SANS SERVICES RENDU A LA NATION .LE PAYS SOMBRE ET TANT VERS LE DÉCLIN A CAUSE DES SALES DÉPENSES ET INJUSTIFIÉES SUR LE DOS DE L’ÉTAT.LA CENI DOIT ÊTRE DISSOUTE CAR C’EST LE NORD QUI EST PRIMORDIAL . LE PREMIER AUSSI EST LE PREMIER ENNEMIE DES CAISSE DE L’ÉTAT SANS RENDRE SERVICE A LA NATION . IL VOYAGE QUAND IL VEUT COMME IL VEUT SANS AUCUN RÉSULTAT TANGIBLE.

    • LES MILITAIRES AUSSI SONT PAYES SANS SERVICES RENDU A LA NATION .LE GOUVERNEMENT AUSSI EST PAYES AVEC INDEMNITÉS TROIS FOIS PLUS LE SALAIRE SANS SERVICES RENDU A LA NATION .LE PAYS SOMBRE ET TANT VERS LE DÉCLIN A CAUSE DES SALES DÉPENSES ET INJUSTIFIÉES SUR LE DOS DE L’ÉTAT.LA CENI DOIT ÊTRE DISSOUTE CAR C’EST LE NORD QUI EST PRIMORDIAL . LE PREMIER MINISTRE AUSSI EST LE PREMIER ENNEMIE DES CAISSE DE L’ÉTAT SANS RENDRE SERVICE A LA NATION . IL VOYAGE QUAND IL VEUT COMME IL VEUT SANS AUCUN RÉSULTAT TANGIBLE.

Comments are closed.