Le président du groupement des leaders religieux est au four et moulin depuis quelques jours pour faire en sorte que toutes les sensibilités maliennes puissent participer aux concertations nationales. Dans un entretien, Chérif Ousmane Madani Haïdara déclare que ces assises ne doivent pas être l'objet de dissensions. Au contraire, chacun doit faire violence sur lui-même afin de s'accorder sur l'essentiel pour mieux avancer.
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Chérif Madani Haidara[/caption]
Depuis quelques jours, le groupement des leaders religieux que vous dirigez, mène des négociations avec le FDR pour l'amener à participer aux concertations nationales. Qu'est ce qui vous a motivé à intervenir sur ce terrain que beaucoup trouvent glissant ?
Chérif Ousmane Madani Haïdara : Il n'est un secret pour personne que le pays traverse une profonde crise. Une situation qui perdure depuis quelques mois. Chaque malien qu'il soit du sud ou du nord souffre au plus profond de lui-même. Pour pouvoir surmonter ces épreuves, il nous faut être uni dans notre diversité, chacun avec ses spécificités et dans la plus grande complémentarité. Le pays a besoin de tous ses fils.
C'est pourquoi lorsque nous avons appris que le regroupement politique le FDR ne veut pas participer aux concertations nationales pour des raisons qui lui sont propres, notre devoir en tant que leader religieux nous commandait d'approcher les responsables, les écouter, voir si possible avec eux ce que nous pouvons faire pour qu'ils prennent part aux assises au même titre que les autres. Parce qu'il n'est un honneur pour aucun malien que nous n'arrivons pas à nous entendre sur l'essentiel. Personne n'a intérêt à ce qu'il y ait une fracture sociale surtout au moment où il est question de construire. C'est pourquoi, nous avons demandé à rencontrer les responsables de ce regroupement.
Comment le FDR a accueilli vos démarches?
C.O.M.H : Nous sommes tombés sur des responsables courtois et ouverts qui ont accueilli à sa juste valeur la démarche des religieux. Ils nous ont fait savoir qu'ils ne sont pas opposés à l'idée que des Maliens se retrouvent entre eux pour parler d'une sortie rapide de la crise. Cependant, ils ont tenu à nous faire savoir qu'ils ont des réserves par rapport à certaines dispositions de ces assises. Lesquelles ne leur permettent pas d'y participer en l'état actuel. Nous les avons assurés de tout faire pour qu'on puisse tenir compte de leurs appréhensions.
Il nous est revenu que vous avez été à Kati avec les responsables du FDR pour rencontrer les militaires ?
C.O.M.H : Il est exact que nous avons tous été à Kati la semaine dernière à la demande des militaires. Ces derniers ont expliqué le bien-fondé de ces concertations nationales aux responsables politiques. Tout en réitérant qu'il serait important que tout le monde puisse y participer pour conforter l'union entre les Maliens. Aussi, le mardi dernier le FDR et la CSM se sont rencontrés pour échanger. C'est une rencontre entre partis politiques autour des mêmes sujets. Parce qu'il faut toujours que les uns et les autres se parlent.
Pensez-vous réellement que les uns et les autres puissent s'accorder?
C.O.M.H : Nous avons espoir que les gens mettront de côté les contradictions pour avancer au grand bonheur de tous. Aussi bien du côté du FDR que celui de la Commission nationale d'organisation, on est tous animé des mêmes sentiments à savoir sortir le plus rapidement possible de la crise. Nous avons rencontré mercredi après-midi la Commission nationale d'organisation à la primature. Elle nous a remis la dernière mouture des résolutions que nous avons aussitôt transmises aux responsables du FDR. Ils vont apprécier les derniers correctifs apportés au document. C'est vous dire que les négociations sont en cours de part et d'autre. C'est la preuve que les gens acceptent de se parler. C'est déjà un bon signe. Vous savez autant que nous que la communauté internationale nous suit et observe de très près ce qui se passe au Mali.
Tout le monde attend avec impatience que les Maliens se parlent pour dégager une démarche commune dans la conduite des affaires. Aussi longtemps que nous n'arriverons pas à nous accorder, nous courons le risque de prolonger la souffrance de nos compatriotes du nord. Nous ne devrions pas être désunis pendant que nos compatriotes ont besoin de nous voir unis pour aller libérer le nord. Il est temps que nous acceptons de nous pardonner pour mieux avancer. Il faut que tout le monde participe aux assises. S'il est vrai que sa finalité est de trouver des voies et moyens pour sortir de la crise, ce serait mieux que tout le monde y participe.
C'est à ce prix que le pays sortira grandi.
Abdoulaye DIARRA