Le Dr. Boubou Cissé a un an à la Primature. Des bords du Djoliba, il a su, en un an, rassurer bien des gens qui ne lui prédisaient pas trois mois à la tête de notre exécutif.
Il se dit que l’Italien Galilée (1564-1642), mathématicien, physicien et philosophe, après avoir été forcé devant l’Inquisition d’abjurer sa théorie (vérifiée depuis lors) que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil, doctrine qui était alors considérée comme hérétique par l’Eglise, aurait marmonné quand même cette phrase en 1633 : “Et pourtant elle tourne”.
Ils étaient nombreux les sceptiques, qui pensaient que le Dr. Boubou Cissé ne serait pas à la hauteur de la mission. Mais, au bout d’un an, on ne peut que lui délivrer un satisfecit. Les rares critiques qui fusent s’appesantissent surtout sur le fait qu’il n’a pas présenté sa déclaration de politique générale, la DPG à l’Assemblée nationale. D’autres parlent de son “manque de souplesse” dans la gestion de la crise scolaire. Mais, de façon générale, il a tenu la barre, fait bouger les lignes, et souvent même, réussit à ramener une attitude républicaine dans beaucoup de domaines.
La non présentation de la DPG ne saurait être une faute de gestion. Il est bien heureux, au moins, sous son magistère, de constater que les affaires n’ont pas prospéré. Les accusations qui ont été portées contre lui n’ont jamais été à visage découvert, preuve que les auteurs sont ou dans la délation, ou dans l’attaque gratuite.
Le Dr. Boubou Cissé, de l’avis de ceux qui ont une longue expérience de l’administration publique, s’applique, depuis un an, à mettre en place des règles de gestion. “Il est en train de construire un Etat fort”, résume même un interlocuteur, qui ajoute qu’il est en phase avec IBK, qui a rarement eu la main heureuse, et qui lui fait entièrement confiance. “Finalement, ce que l’on avait vu en lui comme une tare, sa non affiliation à un parti politique, s’avère aujourd’hui un atout. Il est à équidistance des partis et les traite également, bien entendu, en tenant compte de l’apport de tous”.
Au plan économique, Boubou a su avoir la confiance des partenaires. Même en ces temps durs pour le Mali, à chaque fois qu’il les a sollicités, il a su obtenir le maximum d’eux. Ainsi, les partenaires, les chancelleries se disent au moins avoir un interlocuteur “respirant à leur hauteur”.
Sans vouloir faire le bilan du Premier ministre Boubou Cissé, après un an, force est de reconnaître comme Galilée : “Et pourtant, il fait bouger le Mali”. Les indicateurs macroéconomiques se sont bien comportés, les structures qui magouillent le plus, même s’ils n’ont pas tous arrêté, ont été pour les dernières, poussées jusque dans leur dernier retranchement, et sont sur le point de se trouver d’autres méthodes.
Lui-même, comme avant lui Tatam Ly, comme Abdoulaye Idrissa Maïga, n’a jamais été cité dans des affaires. Le front social reste le seul chantier, et on lui souhaite de tenir, car, désormais, il faut tracer des lignes plutôt que de gérer au cas par cas, ou par poussée de fièvre.
Alexis Kalambry