Balla Moussa Kéïta : Dingana l’acteur incomparable

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L’homme aux multiples noms, il n’est pas Alexandre le grand, encore moins Soundjata Kéïta, mais il a marqué le pays avec sa voix, son travail et surtout son courage.  Balla Moussa Kéïta,  c’est une page de l’histoire du 7ème art au Mali, de la RTM, à l’ORTM. Pourquoi pas une page de notre histoire. Rarement, nous avons vu Souleymane Cissé en larme parler d’un acteur de cinéma, ce fut le cas quand il nous a parlé de l’enfant de Nango.

Ballamoussa Keita

En cette veille du fespaco,  il serait bon de revenir sur le parcours de ces monuments de notre 7ème art, ceux qui l’ont placé au firmament avant d’aller se coucher pour l’éternité. Selon Souleymane Cissé, Balla Moussa Keïta avait un destin pas croyable, un acteur incomparable.

Pour Cheick Oumar Sissoko, il ne se contentait pas de son rôle, mais il aidait les cinéastes à améliorer le travail au quotidien. Feu Sotigui Kouyaté (un autre monstre du cinéma africain) ne cessait de citer ou de prendre l’exemple sur l’acteur Balla Moussa Keïta sur les scènes de tournage, ” Guimba national, qui l’a tant imité, pense que c’est un gardien du temple, ” je me souviens quand on était en tournage de genèse dans la région de Mopti. Je partageais la chambre avec lui, une nuit, je suis sorti pour  le laisser dormir. À mon retour pour ne pas le déranger. Je suis rentré dans la chambre en finesse, Balla me dit ”un rat de nuit qui faisait semblant de dormir et ta chasse ?” Et puis il n’a rien dit, je me suis couché ”. Parce que Balla Moussa est une légende. Il est vivant. Et même mieux que cela, renchérit Alioune Ifra Ndiaye, directeur de Blonba, ‘‘c’est un monument indéboulonnable et je ne suis pas le seul à le penser ”.  C’est aussi l’avis de bon nombre de Maliens dont Mody Soumano, collègue de l’homme.

Le présentateur de l’émission télévisée “Terroir ” l’appelle dôgô (petit frère), mais reconnaît que “c’est un grand. Ce serait sage, pour les jeunes, de connaître son parcours “.

Qui est  Balla Moussa Kéïta ?

Il  est né en 1934 à Nango, (Commune de N’Gara, dans le cercle de Ségou), il est décédé  le 6 mars 2001 à Bamako. Nango est un village historique dans la région de Ségou,  situé à quelque 40 Km de  la cité des Balanzans.  A huit ans,  Balla Moussa se retrouve sur les bancs de l’école à Ségou-ville. Il suit des études primaires puis se voit dans l’obligation d’arrêter l’école pour aider ses parents à travailler dans les champs.  C’est avec  le  décès de son papa,  qu’il est envoyé  à Bamako pour  continuer sa formation.

En sa qualité  d’autodidacte, il est d’abord employé de commerce.  Pendant douze ans, il  arpente des routes et des étals, effectue des voyages, notamment entre Bamako et Mopti, Bamako et Dioro. Balla Moussa  achetait du poisson ou du riz qu’il revendait dans la capitale. Il ne savait pas qu’il allait un jour parcourir le monde et les festivals à défendre l’image,  surtout celle de son pays, ni donner des cours de bamanankan  à l’INA (l’Institut national des arts).

En  1960,  Balla Moussa Kéïta intègre la compagnie du Théâtre national, puis le Haut Commissariat à la jeunesse (l’ancêtre du ministère de la Jeunesse et des Sports). Il ne s’occupe pendant dix-huit ans de l’art et du théâtre. Il est ensuite détaché (en 1978) du ministère de la Jeunesse et des Sports pour  le ministère de l’Information, jusqu’à  son décès le 6 mars 2001.

Selon les proches du défunt, il a longtemps travaillé en qualité de collaborateur extérieur de la radio nationale. ”Sa  première intervention radiophonique date de 1967, alors qu’il relevait  encore du département de la Jeunesse et des Sports. Des microprogrammes de sensibilisation sur les dangers des feux de brousse aux spots sur la mauvaise conduite des camionneurs sur les voies publiques, Balla Moussa Keïta devint une “voix”. Les auditeurs en redemandent. L’AMAP (l’Agence malienne de  presse et de publicité), qui venait tout juste de naître, fait appel à ses  cordes vocales, ainsi que l’ANIM (l’Agence nationale d’information du Mali) pour “un peu de tout : bulletins d’information, avis et communiqués, ainsi que des magazines”. Balla Moussa, comme l’appelle affectueusement le public dans les oreilles duquel, il s’est installé depuis longtemps, met en orbite et anime, pendant deux ans, “Prévention et Circulation routière”, une émission hebdomadaire dont le titre donne déjà une idée du contenu. Les mêmes sources nous informent que la prise de contact de l’homme de radio avec le 7ème  art a eu lieu cinq ans après l’accession du Mali à l’indépendance. Modibo Keïta est au pouvoir, et le régime en place – socialiste – se sent des affinités avec la République populaire de Chine. Balla Moussa fait partie de la délégation artistique envoyée dans le grand État de l’Asie orientale. Pas pour apprendre le chinois, mais pour doubler trois films du pays de Mao Tse-Toung en bamanankan , des films destinés à servir “d’éléments d’éducation idéologique”. Il y fait cinq mois. C’est au bout de ce “voyage très instructif “, qu’il a  appris  pas mal de techniques du cinéma.

Après cette visite, il joue dans son premier  long métrage Den Muso (la Fille), en 1970 avec Souleymane Cissé.  Dans une chanson de la troupe de l’INA, l’on sourit à l’audition de la phrase : “Si les paroles pouvaient faire aimer de Dieu, Balla Moussa en serait devenu le gendre”.

Le sexagénaire avait  du verbe,  il est aussi auteur de phrases désormais entrées dans le patrimoine malien.  L’homme est resté modeste jusqu’à son dernier souffle ‘‘Moi, je n’ai rien fait pour mériter ça, disait t-il  en parlant de son parcours aux jeunes. C’est pourquoi ceux qui l’ont vu sur les scènes de théâtre l’appellent ‘‘Dingana l’acteur  incomparable”.

                                 Kassim TRAORE

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5 COMMENTAIRES

  1. Salut Douc.Balla Moussa était un grant acteur!J’ai remarqué ceci: ses noms de scène [Diaby (dans Fyniè),Sangaré(dans Baara)….]reflètent les patronymes de nos cousins à plainsanteries (peulh-Maraka…).Dors en paix Balla!C’est lui qui disait aussi qu’il n’y a que 3 vrais Balla (porc épic) au Mali:GMT, Balla Kallé et lui Balla Moussa.Tous les autres “balla” ne sont que des hérissons!! 😉

  2. Reposses a paix, Balla no3. Et c’est tres dommage qu’on ne parle pas de nos grands vivants ou decedes assez souvent. Tres deplorable.

  3. Balla moussa est 1 exple pour tous ceux ki nont pas eu la chance de decrocher 1grand diplome.il est de loin le meilleur acteur Malien de tous les temps .dors en paix

  4. Ce que je ne comprend pas au Mali…..c’est qu’on se vante tjrs a l’exterieur d’etre un grand pays de culture etc….

    Mais chez nous tout est fait pour oublier la culture et la releguer au second plan….Quel hypocysie???? 😆 😆 😆 😆 😆 😆

  5. c’est vraiment dommage que la culture soit releguer au dernière plan . ces gens là ne savent que la culture est aussi un piste de developpement pour un pays .
    c’est malheureux .

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