En prenant son avion la semaine dernière en partance pour les capitales étrangères, le Premier ministre pensait-il se dire que le pari sûr était celui de miser sur un échec ?
Qu’avait-il à aller leur dire ? Essayer de les rallier au point de vue de la solution malienne envisagée ? Ou démontrer aux yeux de nos amis que tout ce qu’ils pouvaient faire pour nous n’a pas encore été fait dans ce sens ? Nous savons enfin que sur les vœux, on n’a point de puissance. Au sortir de son huis clos diplomatique dans les capitales étrangères, comment ressortira Cheick Modibo Diarra de son constat d’huissier ? La gouvernance actuelle de la transition, ce gouvernement, et cela, on peut le dire, ne nous montre pas le chemin. Il le suit. Pour cette équipe, chaque moyen se révèle être une fin. L’information est ici : le Président François Hollande disait bien qu’il revenait aux Africains de « mener » une éventuelle intervention militaire dans les régions occupées au Nord du Mali. Une option militaire envisagée seulement après coup et qui ne pourra être prise qu’à la suite d’efforts diplomatiques de bonne foi. Le gouvernement actuel se retrouve tenu par la corde d’un calendrier et un séquençage des négociations à venir. Des dernières nouvelles du week-end qui nous viennent de ces zones occupées, les maîtres du terrain veulent donner un visage institutionnel à leur état de l’Azawad. Nous ne savons pas si l’étape ouagalaise est prévue cette fois dans le périple du Premier ministre. Et si elle ne l’était pas, croit-on bien faire ?
La réunification : un sentier lumineux aux objectifs obscurs
La politique étrangère est-elle, comme on le dit souvent, la juste continuation de la guerre par d’autres moyens ? La guerre produit toujours des effets induits et imprévisibles. Actuellement, les contours d’une force extérieure prête à intervenir sur le sol national sont dans une sorte d’impasse. Les instances onusiennes ont fait la leçon aux « demandeurs » pour leur rappeler qu’un accord de siège suit une procédure. Ce qu’on peut regretter, c’est que nos amis français mettent le gant pour s’impliquer autrement. Il n’existerait pas de dispositif opérationnel pour l’heure, et le vote d’un mandat onusien peut se révéler être tout ce qu’il y a de plus désirable. Pour notre gibecière, on ne nous promet, pour le moment, que soutiens logistiques et renseignements à fournir. Ce voyage, sur ce volet précis de pouvoir comptabiliser nos appuis, est venu nous montrer que nous sommes encore loin du but de recouvrer l’entièreté de nos moyens étatiques au Nord du Mali. La bonne preuve à souligner, c’est qu’il faudra d’abord commencer par mettre le mot libération avant celui de la réunification du territoire national. A quand finira-t-il ce voyage au bout de la nuit ? Cheick Modibo Diarra aura-t-il le temps d’entreprendre le même tour de table diplomatique une seconde fois ? La réunification n’est qu’indicatif pour ce gouvernement de la transition. Le peut-il autrement, du reste ? Elle pourrait devenir conditionnelle si nous arrivons à maîtriser nos humeurs de « sudistes mal inspirés » et chaque jour qui passe éloigne les populations dans ces villes occupées de leur passé d’antan.
Une convalescence subséquente de la transition
La bonne nouvelle qui nous vient de Paris, en attendant que l’intéressé ait à la confirmer par lui-même, c’est que le Président Dioncounda Traoré se dirait prêt … à se sacrifier en reprenant ses travaux. Il se tient pour tout convaincu de cela, et le désespoir de ses agresseurs a terminé la question. Le Pr. Dioncounda Traoré entend se tirer du prix commun des autres. Ce qui nous fait penser à ces paroles de Saint Paul « Cum infirmor, trunc potens sum ». Traduction : « Lorsque je me sens faible, c’est alors que je suis puissant… ». Le Premier ministre qui lui a rendu visite a vu son cœur s’enfler devant les questions de ses compatriotes et il écrasera une petite larme. Une chose inconséquence à nos yeux : fallait-il attendre l’arrivée de Cheick Modibo Diarra pour que les caméras ronronnent de nouveau et nous montrent les premières images du Président de la République enfin remis de ses tourments, encore tout habillé de son « foro kiya dloki », maintenant que la transition aura ses deux fers au feu…
S.Koné