Avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation du Mali : « Notre mission n’est pas de dissoudre un Parti politique, ni la HAC » dixit le Pdt Ousmane Issoufi Maïga.

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La commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation du Mali, sous le leadership de l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, a entrepris une série de rencontres au Centre international de conférences de Bamako avec les forces vives de la nation. L’objectif est d’élaborer un document consensuel répondant aux aspirations du peuple malien. La commission après avoir prêté une oreille attentive aux doléances de chacune des organisations reçues, n’a pas manqué de faire preuve de franc-parler sur l’étendue et les limites de sa mission.

Du micro ouvert pour tout le monde. Organisations de la société civile, légitimités traditionnelles, dirigeants des formations politiques, les responsables des médias, les membres du CNT, les syndicats et les autres composantes de la nation, même des institutions de la République. C’est à cet exercice que la commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation du Mali s’est prêté du lundi 17 février au mardi 25 février. Nous vous livrons ci-dessous, la quintessence de quelques interventions.

Me Nana Kadidia Sangaré, présidente de la commission en charge de l’emploi des jeunes au sein du Conseil national de la transition (CNT), souligne que sa principale préoccupation concerne l’insertion professionnelle des jeunes. « Les jeunes constituent plus de 60 % de notre population et sont les plus touchés par le chômage. Il est donc impératif de mettre l’accent sur le financement de l’emploi des jeunes. Deux taxes avaient été instaurées dans ce sens, mais elles ont été supprimées. Il est essentiel de les rétablir pour soutenir financièrement l’emploi des jeunes, car cela peut contribuer à la paix », a-t-elle expliqué.

Alassane Dembélé, président du parti ANCD-Mali, estime que cette rencontre est une énième tentative pour instaurer la paix et la réconciliation. « La paix, ce n’est pas juste un mot, c’est un comportement. Le Mali ne souffre pas d’un manque de textes ou de documents, mais de leur application. Une fois la charte pour la paix et la réconciliation adoptée, il faut la mettre en pratique. Cela implique d’appeler tous ceux qui ont été lésés dans leurs droits et qui ont quitté leurs familles. Le Mali est leur patrie. Si nous parlons de paix au sens strict du terme, nous devons inclure tous les prisonniers politiques et leaders d’opinion en exil. Si nous avons un autre agenda et faisons semblant, nous continuerons à promouvoir une paix et une réconciliation de façade, ce qui ne produira aucun effet. » a-t-il déclaré.

Dr Fatoumata Coulibaly, alias FC, réalisatrice, a pour sa part dénoncé la précarité des artistes maliens. A ce sujet, elle s’est exprimée en ces termes : « Il y a trop de SOS. Quand je vais dans d’autres pays, je vois que les artistes sont pris en compte, qu’on leur vient en aide. Mais au Mali, c’est l’inverse. Quand un artiste tombe malade, il doit lancer un SOS. C’est une honte nationale. »

Sidi Dagnoko, représentant du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), a insisté sur la nécessité de prérequis pour instaurer la paix. « Avant toute chose, notre pays doit retrouver une stabilité politique, ce qui suppose un retour à l’ordre constitutionnel à court terme. Il est aussi indispensable d’instaurer un véritable État de droit, ce qui passe par une réforme en profondeur de la justice. Nous avons besoin d’une justice indépendante, au service des citoyens. Ensuite, il faut assurer la stabilité, la liberté publique et la sécurité. Un élément essentiel manque toutefois dans notre pays : la production économique. Dans l’avant-projet de la Charte, nous n’avons pas retrouvé suffisamment cette question. Nous demandons donc que l’économie soit intégrée comme un sujet central, car la pauvreté est l’un des problèmes fondamentaux du pays. La grande majorité de la population a un accès très limité aux ressources. »

De son côté, Bandiougou Danté, président de la Maison de la presse, a dénoncé les décisions de la Haute Autorité de la Communication (HAC). « La HAC est une demande des organisations professionnelles, qui ont œuvré pour sa création et sa mise en conformité. Sous IBK, des montants ont été fixés sans concertation, obligeant les radios à se mobiliser pour obtenir une révision. Aujourd’hui, alors que la crise économique et sécuritaire fragilise les médias, la HAC décide d’augmenter ces montants de manière excessive. Aucune radio ne peut payer ces sommes, ce qui menace leur survie. Pire encore, un arrêté ministériel signé en décembre a été dissimulé avant d’être publié deux mois plus tard. Pourquoi créer des tensions inutiles ? Les radios locales participent au développement et à la paix. Il faut mettre fin à ces pratiques qui opposent l’État aux citoyens. Tout pouvoir est éphémère, et la HAC doit comprendre qu’elle ne sert pas le pays en agissant ainsi. »

En réponse aux différentes interventions, Ousmane Issoufi Maïga, président de la commission de l’avant-projet de la charte nationale pour la paix et la réconciliation, a précisé que sa mission « n’est pas de dissoudre les partis politiques ni la Haute Autorité de la Communication, ni d’aider quelqu’un en particulier ».

A noter que les consultations prendront fin le mardi prochain avec les membres des institutions de notre pays.

Par Fatoumata Coulibaly

 

 

 

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