Au Mali, des siècles d’antagonismes

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Des soldats maliens, en mars 2012 à Bamako. L’antagonisme entre les populations du sud et du nord est autant inscrit dans l’espace que dans l’histoire des hommes. | AFP

Sédentaires contre nomades, agriculteurs contre commerçants, hommes noirs contre hommes à la peau claire… L’éternel antagonisme entre les populations du sud et du nord du Mali, plus vivace que jamais depuis la sécession de l’Azawad, proclamée le 6 avril 2012, et le lancement de l’opération militaire franco-malienne, le 11 janvier, est autant inscrit dans l’espace que dans l’histoire des hommes.

CURIEUX ASSEMBLAGE

Construction étatique née de l’époque coloniale, aux frontières dessinées et redessinées (la dernière fois en 1943) par les Français, le Mali apparaît de prime abord comme le curieux assemblage de deux mondes étrangers l’un à l’autre. Au sud, les héritiers des grands ensembles politiques ouest-africains : l’empire du Mali, l’empire Songhaï ou le royaume de Ségou, qui furent tous confrontés, à un moment ou un autre de leur histoire, aux incursions de guerriers et de commerçants maures, arabes ou touareg.

Quant aux habitants des deux tiers nord du pays, ils appartiennent à l’histoire du Sahara, de ses royaumes nomades et des grandes routes caravanières. La ville de Tombouctou, dont le prestige culturel et la réputation d’opulence sont difficiles àrelier aux images de désolation qui en parviennent depuis des mois, en est sans doute la trace la plus brillante. Ses mausolées comme ses précieux manuscrits, placés sous la protection toute symbolique de l’Unesco, en sont la face lumineuse. Quant au souvenir de la traite négrière transsaharienne, dont la ville a été un des centres névralgiques pendant des siècles (plusieurs centaines de milliers de captifs originaires des régions subsahariennes ont transité par elle jusqu’à la fin du XIXe siècle), il en est la part maudite. Ainsi, si le nord et le sud du pays interagissent depuis des siècles, leurs relations ont rarement été pacifiques. Et la colonisation française n’a rien arrangé.

La colonisation du Sahara, menée durant les dernières années du XIXe siècle depuis le Sénégal vers l’est et officiellement entérinée à la Conférence de Berlin, en 1885, a conduit la France à administrer une immense étendue désertique. Elle ne fut parachevée qu’au début du XXe siècle : Tombouctou est prise en 1894 et ce n’est qu’en 1907 qu’on peut implanter un gouverneur militaire à Kidal, au coeur du pays touareg.

Les relations entre la puissance coloniale et les populations arabes, maures et touareg du Soudan français, bientôt incorporées dans l’Afrique occidentale française (AOF), resteront, jusqu’aux indépendances de 1960, très superficielles. Et elles ne seront pas exemptes d’un certain aveuglement romantique : le mythe de l’inflexible guerrier touareg, tenant d’idéaux disparus en Europe, fascinera des générations de militaires français, souvent eux-mêmes d’ascendance noble et nostalgiques d’un certain âge d’or aristocratique. Même les nombreux accrochages, comme le massacre de la mission Flatters par des Touareg, en 1881, ou les révoltes qui agiteront la région de manière sporadique durant toute la période, ne viendront pas à bout de cette sympathie initiale. Le souvenir émerveillé des récits de René Caillié, premier Occidental arrivé à Tombouctou en 1828, ou les travaux de Charles de Foucauld sur la culture touareg ont durablement marqué les mémoires.

Cette fascination n’alla pas sans effets pervers. “Comme ils admiraient leur culture, les coloniaux n’ont pas cherché à changer les Touareg”, souligne l’historien Pierre Boilley, directeur du Centre d’études des mondes africains. Ce faisant, les colons ont créé des déséquilibres sociaux dont la région ne s’est jamais remise. De fait, si la France a construit de nombreuses écoles dans le sud du pays, elle s’est bornée à tracer quelques pistes dans le nord, et n’a commencé à corriger cette faiblesse qu’à la fin des années 1940, alors que la logique de la décolonisation commençait à s’imposer.

“ETHNIQUEMENT DIFFÉRENTS”

Ce processus a été l’occasion de nouvelles tensions entre le Nord et le Sud. La raison principale en est la tentative menée par Paris de détacher des régions sahariennes d’Algérie, du Soudan français, du Niger et du Tchad, réputées riches en minerais, pour créer une Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) sous domination française. Au Mali, les populations du Nord, et surtout les Touareg, seront des soutiens enthousiastes de l’initiative : en 1958, dans une lettre adressée à Charles de Gaulle, des milliers de pétitionnaires réclameront leur détachement de la tutelle de Bamako, en s’affirmant “ethniquement différents”.“Cet épisode est largement oublié en France, mais il est dans tous les esprits au Mali, et il a beaucoup nourri la haine des habitants du Sud contre ceux du Nord”,souligne Pierre Boilley.

Les chefs successifs de l’Etat malien indépendant s’emploieront (du reste, avec un certain succès) à faire émerger les bases d’une culture nationale propre, notamment en exaltant le souvenir d’un empire du Mali dont les contours n’ont pas grand-chose à voir avec les frontières actuelles. Mais ils ne viendront pas à bout de cet antagonisme nourri par un climat de sécession larvée. Et la colère, palpable, des habitants du Sud contre les Touareg accusés d’avoir, en déclenchant la révolte de janvier 2012, ouvert la voie à la barbarie djihadiste, risque d’accroître encore le fossé entre les deux régions.

Jérôme Gautheret / lemonde.fr

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9 COMMENTAIRES

  1. faut, pas transformer les noirs blanche on toujours coopérer dans
    le nord du mali, le probleme n’est pas cette question de couleur dans le
    nord, tout simplement ce que veut le mnla bande de terroriste, nous
    ne pouvons jamais être d’accord avec eux, faire un etat azawad
    o mali ne se ferai jamais. inchallah. 😆 😆 😆 😛

  2. boilley est un pseudo historien heureusement qu’il n’a pas dit qu’il y a eu un empire touareg, un empire arabe, ou encore un empire maure au Mali, mais qu’il ait aussi l’honnetété de dire que le nord est majoritairement constitué de noir pour preuve qd hollande était à tombouctou qui lui a rencontré ( les noirs) , le maire de tombouctou il est noir, le maire de gao, il noir.
    Sachez aussi que boilley est le conseillé spécial du mnla

    • tu es vraiment limité toi tu vois une peau blanche aller errer entre les noirs pour crier le nom de HOLLANDE stp reviens sur terre chacun a son role au nord en plus le maire de TOMBOUCTOU dont tu parles est un bella et celui de gao esclave de je ne sais où;donc si tu ne le sais pas la population blanche du nord reste la race arieene que tu le veuilles ou non…………..mdrrrrrrrr

  3. Que voulez-vous? Des ordures comme celles-là font vendre les journaux! Venez sur le terrain: si toute famille connaît ses ”conflits”, s’il n’existe pas de société sans ”conflit”, chaque nomade a toujours eu son sédentaire, et tout éleveur peulh a toujours eu son paysan au Mali. Des inter mariages existent entre toutes ces ethnies. Mais le journalisme se délecte bien souvent de charognes inventées. Comme le choc imaginaire des civilisations occidentales et orientales. Comme les histoires inventées de cul, de drogue et de suicide des stars…

  4. OOh pauvre Maliens!l’occident veut vous imposer aussi un conflit éthnique en plus!or il n’ya jamais eu cela!

  5. Mes medias se foutent vraiment de notre gueules avec leur analyse ä la con… Je pensais qu´ils sortiraient de leur ignorance en suivant les soldats dans les zones de combats mais apparemment ils restent desperemment ignorants de la realité du Mali ou ils le font expres pour davantage diviser notre pays…

  6. Mon ami ce sont pas de problemes de oom de tes dirigeant le probleme..mais les FAITS et ils sont la et nul ne peut les caches et/ou les occultes
    1. Au Nord ojord hui les seuls peaux blanches aui restent vivantes sont soit refugiees a l exterieur, soit sous la protection du Mnla ( Oui celui la meme qui vous vous tuez a dire kil ne represente pas ces populations)
    2 Partout o Nord ou l armee malienne est presente A Mopti, Sevare, Douantza, Gao, Tombouctou,,tous les peaux clairs se sentent et sont en insecurite,,,difficle a explique pr kelkun qui soi disant est chez lui au Mali
    Bref arrtez de diabolisez les autres et comprenez que ce sont vos paroles de denie et de haine (presse ecrite et orales) et vos actes ( pillages des biens de pop claires, et exactions et tortures de l armee sur des civil ) qui renforcent le Mnla et cautione sa lutte plus que la France que vous accuse, Bref le meilleur allie du Mnla c est l armee malienne… c est con mais c est VRAI

    • Soi au moins digne, tu n’est sait pas
      qu’avant l’invasion de tombouctou et gao, toutes les familles touaregs ont été constituées en refugiés par le mnla et ses alliés,
      à kidal aucun pillage n’a eu lieu
      aucun touareg n’a été amputé,
      aucune femme touareg na été violée,

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