Lors de ses journées parlementaires, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) dirigée par Soumaïla Cissé a affiché sa détermination à animer l’opposition parlementaire au cours de la nouvelle législature. Reste à savoir, si le parti de la poignée de mains sera accompagné dans cette entreprise risquée.
Avec un groupe parlementaire fort de 17 députés, l’URD est bien partie pour animer l’opposition parlementaire. Son leader, Soumaïla Cissé, a annoncé la couleur avant la rentrée solennelle des nouveaux élus, prévue pour très bientôt. « Nous ne serons pas une opposition béni oui oui… », a affirmé le patron de la deuxième force politique nationale.
Selon nos informations, les partis politiques ne se bousculent pas aux côtés de l’URD pour jouer le rôle d’opposant au parti présidentiel. Malgré la multitude de partis politiques dont dispose le Fdr (front anti putsch), l’opposition parlementaire n’a pas pu mobiliser tous les partis politiques ayant combattu pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Il nous est parvenu que le Parena de Tiébilé Dramé ; les Fare de Modibo Sidibé et le Pdes sont dans la dynamique d’aller avec l’URD dans l’opposition. Le pari n’est pas tout à fait gagné. Car certains élus de ces différentes formations politiques ne seraient pas dans la logique de suivre les consignes de leur formation politique…
Ces élus pensent déjà à un second mandat et refusent toute idée de siéger dans l’opposition qu’ils jugent suicidaire. D’autres, au mépris des règles démocratiques, auraient même vendu leur âme au diable dans le but de rejoindre les rangs du camp présidentiel. Contre espèces sonnantes et trébuchantes, ces élus ont trahi leurs électeurs avant même la rentrée parlementaire. C’est ainsi qu’un nouveau parti à l’hémicycle serait en mesure de constituer son groupe parlementaire. De 3 députés, ce parti d’un richissime homme d’affaire a pu compléter sa liste à 5 députés.
La place de l’Adema…
Autre parti qui pourra rejoindre l’opposition malgré lui-même, c’est l’Adema qui entretient une certaine ambiguïté sur son statut. L’Adema est-elle de la majorité présidentielle ou de l’opposition ? Certains de ses militants sont sidérés à l’idée de voir leur parti renier ses propres valeurs, notamment la défense des idéaux qui ont fondé l’Adema. Ceux-ci estiment dans leur majorité que l’Adema a simplement sa place dans l’opposition pour avoir géré ce pays pendant 20 ans.
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui font que certains responsables du RPM ne veulent pas entendre parler de l’Adema dans la coalition présidentielle. Mais le président par intérim, Tiémoko Sangaré, qui probablement veut se « caser » après avoir été ministre sous ATT, fait fi de ces reproches et engerait déjà son parti dans une mouvance présidentielle qui ne veut de lui.
Des observateurs nationaux de la scène politique avancent déjà l’idée d’une explosion imminente de l’ancien parti présidentiel. Les 16 députés de l’Adema ne sont pas pour l’instant sur la même longueur d’onde. Objet de la dissension : la conduite à tenir vis-à-vis du nouveau régime.
En somme, faut-il s’accommoder avec l’opposition dirigée par l’URD de Soumaïla Cissé, avec laquelle l’Adema s’est battue pour le retour à l’ordre normal ? Ou s’allier (tête baissée) avec le RPM, que tout oppose sauf le fait d’être tous de l’international socialiste, dans la mouvance présidentielle ? En tout état de cause, l’Adema joue son avenir : exister en allant dans l’opposition ou périr dans une majorité déjà très forte.
Idrissa Maïga