Après la proclamation des résultats provisoires : Comment réduire le taux élevé des bulletins nuls

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Avec respectivement 39,23% des voix et 19,44%, Ibrahim Boubacar Kéita et Soumaïla Cissé se donnent rendez-vous pour la seconde manche de la course pour la conquête du palais de Koulouba. Mais, d’ores et déjà, des questions se posent sur les raisons qui expliquent cet important écart de voix entre les deux hommes. Qu’est-ce qui n’a pas bien marché dans la machine électorale des candidats, notamment les deux premiers à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle ? Quelle est la répartition géographique des voix entre les deux adversaires du second tour?  Quelles sont les raisons explicatives du fort taux de bulletins nuls enregistrés ?  Ce sont là des interrogations qui méritent analyse. 

 

 

Bulletin_voteIl faut d’abord donner le classement des dix premiers candidats à l’issue du scrutin du dimanche 28 juillet. Dans l’ordre du mérite, Ibrahim Boubacar Kéita dit IBK (39,23%), Soumaïla Cissé (19,44%), Dramane Dembélé (9,59%), Modibo Sidibé (4,87%), Housséini Amion Guindo dit Poulo (4,63%) sont les cinq premiers. Ils sont suivis de Oumar Mariko avec 2,40%, Choguel Kokalla Maïga, qui a 2,29 %, Cheick Modibo Diarra, 2,08%, Jeamille Bittar, 1,74% et Me Mountaga Tall avec 1,52% des voix.

 

Le taux record de participation de 51,54 % atteste de la volonté affichée chez le peuple malien de tourner définitivement la page de la crise pour retrouver un ordre constitutionnel plein et entier. Il s’agit pour les populations de se donner un dirigeant légitime à même de faire face aux défis qui sont ceux du Mali d’aujourd’hui.

 

 

 

Les scores réalisés par les deux finalistes du second tour laissent entrevoir une répartition géographique particulière des suffrages exprimés en leur faveur. Si IBK a largement remporté le scrutin dans les grandes villes notamment à Bamako, son adversaire a fait de bons scores à l’intérieur du pays, notamment dans certains cercles de la région de Sikasso, les régions de Mopti, Tombouctou et une partie de Gao.

 

 

 

 

Dans le district de Bamako, IBK arrive largement en tête avec 414 087 voix contre 62 975 à Soumaïla Cissé. A Ségou et dans le cercle, le candidat de la “Coalition le Mali d’abord ” arrive devant avec 50 610 voix contre 18 900 au désormais porte-flambeau du FDR. A Sikasso, le vivier électoral avec ses 177 735 votants, l’ancien Premier ministre totalise 50 953 voix devant son poursuivant non moins ancien ministre des Finances qui a 21 547 voix.  En outre, dans la région de Sikasso, Soumaïla Cissé vient dans le cercle de Kolondiéba avec 7 943 voix devant IBK, qui a récolté 4 642 voix. Dans le cercle de Yorosso, le leader de l’URD récolte 9 150 voix devant son adversaire qui a 6 921 voix.

 

Dans le septentrion, Soumaïla  totalise, par exemple dans la région de Mopti, notamment à Djenné  20 040 voix contre 8 651 à IBK ; à Douentza avec 14 323 contre 4 794 à IBK, à Ténenkou avec 17 374 voix contre 7 401 à son concurrent. Si dans les régions de Kayes et de Koulikoro, le leader du parti du tisserand dame le pion à Soumaïla Cissé, au sein de la diaspora, les deux candidats semblent se partager les suffrages.

 

 

 

Comme on le voit, les plus fortes concentrations d’électeurs étant notoires dans les grandes villes, cela a certainement favorisé le grand écart de voix en faveur du candidat du RPM. Aussi, le fait que Soumaïla Cissé soit du nord du pays (région de Tombouctou) a favorisé son bon score dans ces localités.

 

 

Or, avec la crise sécuritaire, les intimidations provenant des groupes résiduels des bandits armés, l’électorat de ces zones s’est étiolé. Ce qui n’a certainement pas favorisé les suffrages de l’enfant de Niafunké. L’on a ainsi observé que dans des zones comme Menaka, Kidal, Ansongo, Bourem, l’avance prise par Soumaïla Cissé n’a pas été large du fait de la faible participation des électeurs ethniquement et culturellement plus proches de lui que d’IBK.

 

 

 

L’autre fait marquant de ce scrutin est le nombre très important de bulletins nuls. Au total, 403 532 bulletins ont été invalidés probablement du fait des défaillances techniques liées au bulletin de vote lui-même mais aussi à l’ignorance de plusieurs électeurs.

 

En effet, lorsqu’il est plié, le bulletin de vote marqué par l’encre exprimant le choix de l’électeur a dans certains cas été tâché. Ce qui fait apparaître un double impact de l’encre sur deux (candidats) photos différentes. Cela a conduit à l’annulation de plusieurs suffrages.

 

 

En outre, certains observateurs ont expliqué le grand nombre de bulletins nuls par l’analphabétisme et l’ignorance surtout chez les populations rurales. Ne sachant pas qu’il fallait choisir un seul candidat, certains électeurs ont exprimé leurs “préférences” parmi les 28 photos des candidats sur le bulletin de vote en apposant leur empreinte sur deux, trois voire quatre candidats. Ce qui évidemment invalidait ces bulletins.

 

 

Il est donc du devoir de l’Administration territoriale mais aussi des partis politiques et des candidats de mieux expliquer comment voter aux populations.

Bruno D SEGBEDJI

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