Aw ni shu ! Aw bisimilah !
C’est un grand honneur pour moi de célébrer avec vous le 240ème anniversaire de l’indépendance américaine aujourd’hui. Il y a juste un an de cela, je me tenais sur ces mêmes marches pour accueillir beaucoup d’entre vous pour la première fois. Aujourd’hui, nous sommes des amis, des partenaires et des collègues qui travaillons ensemble pour un Mali sécurisé et prospère. Il y a un an de cela, vous nous avez accueillis, mes collègues et moi-même, dans notre nouveau « chez nous » avec l’hospitalité légendaire des Maliens. Aujourd’hui, avec notre ambassade décorée en rouge, blanc et bleu, je souhaite partager avec vous un peu de la culture américaine, tout comme tant de Maliens nous ont ouvert leurs portes tout en nous initiant aux traditions de ce pays. Tout en savourant votre barbecue américain et en écoutant le groupe Espoir de Niafunké, je pense que vous conviendrez que nos deux cultures se complètent étonnamment bien. Le « blues du désert » produit par le groupe Espoir de Niafunké et la tradition du blues américain proviennent des mêmes racines musicales – et se sont épanoui ensemble en une riche tradition.
Il y a également un an de cela que les Maliens se sont retrouvés pour signer l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, avec l’espoir de consolider la démocratie, de poursuivre la réconciliation nationale, d’assurer la sécurité du peuple malien, et de bâtir la fondation pour une paix durable. Aujourd’hui, un an plus tard, le Mali n’a pas encore atteint ces objectifs ambitieux, mais l’espoir demeure. Dans les jours qui ont précédé l’anniversaire de l’accord, nous avons vu une nouvelle vague de coopération entre les parties signataires, une nouvelle volonté de négocier qui a conduit à une entente sur les autorités intérimaires dans le nord. Avec un engagement renouvelé, il y a un optimisme prudent que la mise en œuvre de l’accord peut aller de l’avant. Cela exigera beaucoup de travail, de compromis et une volonté commune des parties prenantes de réussir la paix et la réconciliation. Cela signifie que nous ne pouvons pas attendre l’avènement d’un deuxième anniversaire pour faire des progrès. L’espoir pour la paix demeure toujours, mais nous avons besoin de faire des progrès dans les jours et semaines à venir et ne pas attendre qu’une autre année passe.
En fait, je voudrais célébrer tous ces deux anniversaires ici ce soir, parce que, que ce soit un an ou 240, nos deux pays partagent un but commun qui est de consolider la paix et la démocratie. Cela exige un effort de collaboration constant et une volonté politique sans faille. La démocratie américaine ne sera jamais un produit fini ou un fait accompli – même après 240 ans, elle grandit, change et subit des hauts et des bas au fur et à mesure que les idées se heurtent, que les partis en viennent au compromis, et que les citoyens expriment leurs convictions politiques par le biais de l’engagement civique et les urnes. Le travail acharné, le compromis et la volonté commune de réussir ne sont pas juste une prescription pour le succès de la mise en œuvre de l’accord seulement au Mali, mais ils sont également la recette pour une démocratie réussie même en Amérique.
Je me rappelle une citation de Lee Hamilton, qui a servi au Congrès des Etats-Unis pendant 34 ans et qui s’est vu décerné la Médaille Présidentielle de la liberté par le président Obama l’année dernière. Il a dit que «Notre démocratie n’est pas un produit mais un processus continu. Elle est conservée non pas par des monuments, mais par des actes. Parfois, elle a besoin d’être affinée; parfois, elle a besoin d’être amendée; parfois elle a besoin d’être défendue. Toujours, elle a besoin d’être améliorée. »
Ni la Déclaration d’indépendance, ni l’Accord de paix et de réconciliation n’ont le pouvoir de consacrer la paix et la prospérité d’un coup de crayon. Nous célébrons leurs anniversaires pour les processus qu’ils mettent en marche, sachant très bien que notre succès ne réside pas dans les documents eux-mêmes, mais dans la mise en œuvre des croyances qu’ils représentent.
Il y a un an, nous étions ensemble dans cette ambassade sans savoir ce qui nous attendait l’année suivante. Ça n’a pas été une année facile. Des extrémistes violents ont cyniquement ôté d’innocentes vies dans une tentative de susciter la peur et la dissension et de détourner le Mali loin de sa quête de tolérance et de paix. Nous avons perdu des amis, des familles et des compatriotes à Gao, à Tombouctou, à Sévaré, à l’Hôtel Radisson. Mais en regardant dans cette salle, je vois des centaines de visages maliens fiers. Je vois aussi des Américains et des partenaires internationaux fiers d’être au Mali, fiers d’aider au renforcement des liens et à l’amélioration de la vie des Maliens. En dépit de la violence de cette année, en dépit de nos pertes, nous nous sommes réunis à nouveau pour célébrer la force du partenariat entre les États-Unis et le Mali. Et en regardant autour de moi dans cette salle, je peux dire avec confiance que les extrémistes n’ont pas gagné.
Cette unité, cette tolérance des différences, cette capacité à travailler ensemble pour le bien commun – voici des qualités que nos deux nations ont en commun. Le Mali et les États-Unis sont fiers de leur diversité, et nous nous sentons tous mieux quand nous reconnaissons que notre diversité est notre plus grande force. Dans son autobiographie, L’Audace d’espérer, le président Obama caractérise la politique américaine comme “une tradition fondée sur l’idée simple que nous avons un intérêt les uns vis-à-vis des autres, et que ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise, et que si un nombre suffisant de personnes croient en la vérité de cette proposition et agissent en conséquence, alors nous ne pourrions peut-être pas résoudre tous les problèmes, mais nous pouvons accomplir quelque chose de significatif. ”
Aujourd’hui, réjouissons-nous de ces qualités qui nous unissent et consacrons-nous à la réalisation de quelque chose de vraiment significatif au cours de l’année à venir. Merci de vous joindre à moi pour la célébration d’aujourd’hui et que Dieu bénisse à la fois et la République du Mali et les États-Unis d’Amérique.
Bamako, Mali, le 11 juillet 2016