Agression du Pr Dioncounda : ‘’À quelque chose, malheur est bon…’’

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S’il y a bien un sujet qui a défrayé la chronique ces derniers jours, c’est bel et bien l’agression physique du Professeur Dioncounda Traoré et non moins Président de la République du Mali. Rien qu’à revenir sur les circonstances de cet acte combien honteux et désacralisant  pour notre pays, serait réveiller les vieux démons et envenimer la situation du pays déjà chaotique avec le problème du nord. Autrement dit, la suite de ce débat revient à la justice. Néanmoins,  en tant que journaliste et simple observateur, je ne me priverai point de tirer des enseignements. Encore que ces leçons  résultent de l’acte en question.
L’agression du Professeur Dioncounda Traoré, plus qu’une atteinte à l’intégrité physique d’un homme, est une insulte contre la république toute entière. Dans une nation où le Président de la république, en tant qu’institution et garant de la cohésion sociale, se fait tabasser jusque dans les locaux de la présidence par sa ‘’propre population’’ ; je pense que tout peut arriver au Mali. Un pays dans lequel la sacralisation du pouvoir est réduite au néant et ne représente aucune valeur aux yeux de ses citoyens ne peut, en mon sens, se prévaloir d’être un exemple démocratique dans le monde.  Dans un état où même le Président de la république n’est pas en sécurité, de quelles sécurités peuvent espérées de simples citoyens ? Je pense tout simplement que l’agression du Professeur Dioncounda Traoré est une leçon dont tous les maliens devront s’en inspirer dans l’avenir. Cet acte doit nous amener à nous remettre en cause, remettre en cause notre démocratie et songer à une redéfinition du ‘’malien’’ en fonction du ‘’Mali’’ que nous voulons réellement. Aussi, je pense que, cet acte doit aussi permettre à nos dirigeants politiques de mesurer en réalité ce qu’ils représentent pour cette population qu’ils croient posséder et manipuler à leur guise. Et enfin je pense que les auteurs et commanditaires de ce crime contre la république et les fondements de notre société sont tombés, d’un point de vue politique, dans leur propre piège. En voulant humilier un homme, ils sont parvenus à faire renaitre un autre homme plus respecté. En voulant créer une situation d’incertitude et plonger le pays dans un mélodrame lugubre, les agresseurs de Dioncounda ont favorisé l’émergence d’un nouveau climat plus ouvert au dialogue et au pardon, tout en jetant les bases  d’une sortie de crise politique. Mieux l’agression du Professeur Dioncounda Traoré a prouvé au monde entier la vulnérabilité du Mali face aux maliens eux-mêmes, tout en mettant en exergue la nécessité d’une intervention de la CEDEAO pour aider le pays à recouvrer son intégrité et se protéger contre les siens. Mais le comble de l’ironie est que le Professeur Dioncounda Traoré a beaucoup gagné en popularité. Détesté par bon nombre de nos concitoyens pour des raisons, le plus souvent, personnelles, l’homme bénéficie depuis son agression d’un regain de sympathie. La contestation que suscitait sa présidence de la transition a beaucoup diminué. Son agression a été condamnée par tous les maliens et amis du Mali. Le ‘’coupable’’ d’hier est devenu la ‘’victime’’ aujourd’hui. Les observateurs les plus nantis évoquent un marketing politique en faveur du professeur Dioncounda Traoré.
Loin de justifier cette agression, que je condamne d’ailleurs avec la dernière énergie, je pense que le Professeur Dioncounda vient de se créer une place, aussi infirme soit-elle, dans le cœur de ses compatriotes. Comme pour dire, qu’à quelque chose malheur est bon. Qui à lui, de profiter de cette situation pour redorer son image et se mettre au dessus des préjugés et stéréotypes. Cela passe, bien entendu, par une bonne stratégie de communication et surtout une ouverture au peuple. La communication et l’écoute devront être les pièces maitresses de ce nouveau dispositif. Le pardon et l’humilité, les valeurs cardinales. Le Mali et l’intérêt du peuple malien, les seules priorités. Pour parapher le Professeur Dioncounda qui disait lui-même dans l’une de ses rares interventions : ‘’je suis une solution pour le Mali et non un problème (…)’’, je pense que le premier discours qu’il tiendra à la nation en tant que président de la transition devra aller dans ce sens.
FOUSSEYNI MAIGA

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13 COMMENTAIRES

  1. Tout mal prend sa source quelque part. Sans jamais vouloir tolérer cet acte odieux sur l’institution la plus haute de notre pays, je voudrais inviter tous à se demander ce qui a causé cette situation. Eh bien, c’est tout simplement la situation d’un peuple meurtri, affamé malade et ignorant qui est aujourd’hui le sort fait aux maliennes et aux maliens par ces politiciens véreux qui veulent toujours continuer à sucer du sang malien encore et encore. Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est parce que pendant 10 ans, Dioncounda a continuer de voter des budgets immenses pour la Défence, tout en sachant bien que RIEN n’est fait pour équiper notre armée. Pendant 15 ans (il a été lui-même Ministre de la Défense)ce monsieur a préparé avec ATT la chutte de notre pays entre les mains des bandits. Et vous voulez que ce soit lui qui vienne nous délivrer? Pauvre de nous!

  2. j’aprecie bien cet article de M. Maïga. Il est tout a fait objectif mais, je ne suis pas du tout d’avis que l’on face recours aux troupes de la CEDEAO pour quoi que ce soit.
    A quelque chose malheur est bon. Nous devons bien partir de ce fait regrettable qu’est le coup porté à l’institution suprême pour reconstruire un nouveau Mali et former un nouvel homme pour ce pays, en mettant fin aux articles de probagandes, en disant la vérité aux Maliens; en arrêtant le népotisme, le clientelisme, la facilité et j’en passe. Les dirigeants et les partenaires du Mali ne doivent pas ignorer le peuple Malien et travailler simplement sur la base des relations personnelles qui existent entre eux non. Ce qui est aussi vrai c’est que la classe politique et les partenaires ont failli. il doivent recouvre la confiance du peuple et nous remettre au travail. Mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.
    Restons vigilant!!

  3. Ceux qui pensent que cette agression va resoudre le probleme Dioncounda se trompe. Il ya acalmie parce qu’il est à Paris. Si Dioncounda revient, la contestation va recommencer. Vivement IBK president de la transition.

    • On est pas oblige d’aimer son President, mais c’est un devoir pour tout citoyen de le respecter du fait qu’il represente tout un etat. Il est important pour nos dirigeants de mettre des programmes d’education civique tant dans nos structures etatiques que dans les ecoles pour essayer de faire emerger un nouveau malien, conscient de son devoir vis a vis de l’Etat. La constitution est l’ame d’un pays. Si on y touche, on entraine ce pays vers l’agonie, voir la mort. Battons nous jusqu’a la derniere goutte de notre sang pour la respecter. Pr Doiuncounda, on l’aime ou en l’aime pas, il est et sera le President du Mali pendant la duree de la transition. Au lieu de l’aider pour reussir la transition, on lui met des batons dans les roues. Il n’est pas l’ennemi de ce pays. Les vrais ennemis de ce pays sont ceux qui sont a la base du coup d’etat et des gens qui ont envahis la region septentrionale. Occupons nous d’eux et apres, on mettra en place un cadre de debat democratique et civilise pour resoudre certains problemes sociaux qui gangrenent ce pays depuis l’independance.

  4. Il est regetable que Le Président de la Republique soit agréssé jusque chez lui, mais les simples citoyens sont tués comme des poulets par des bandis chaque heure sans que personne ne leve le pétit doigt pour condamner.Quand l’insécurité deborde, elle se repand sur des personnes inimaginables.Il appartient aux autorités de tirer les leçons de tout le tors qu’ils ont fait subir leurs administrés.

  5. Merci MAIGA pour cet article objectif et réaliste, Dioncounda a gagné de la popularité, moi personnellement je ne le portais pas tellement dans mon coeur, et je reconnais que j’avais tort car je l’ai jugé sur des rumeurs qui par la suite j’ai su qu’elles n’étaient pas fondées. Comme vous le dites, en quelque chose malheur est bon, ces évènements ont profité à Dioncounda et ont meme contribué à atténuer l’ardeur certaines personnes. Le Mali sortira grandi un jour, après la pluie viendra le beau temps, nous devons espérer, le Mali ne sera jamais ce que certains détracteurs voudraient qu’il soit.

  6. C’est vraiment ridicule. Il est grand temps qu’on se dit la vérité, au moment de la dite agression il y avait bel et bien des reporteurs de la télévision nationale (ORTM) et la presse gouvernementale (l’Essor) qui se trouvaient à l’intérieur même du palais présidentielle, alors ou sont les vidéos et photos des manifestants en train d’agresser monsieur les reporteurs? En plus, il n’est un secret pour personne qu’il y a des caméras dans les couloirs et bureaux du palais, et pire encore Koulouba a une vue sur toute Bamako, pour ceux qui ne savent pas encore tous les endroits stratégique de Bamako sont truffés de camera et l’un des plus flagrant de ses supers camera se trouve au moment où j’écris encore au beau milieu du pont des martyrs accroché au poteau électrique. Et tous les alentours de Koulouba sont aussi truffés de camera, d’ailleurs c’est ce qui a permis la fuite clandestine de ATT.
    Alors de grâce, si c’est les auteurs de l’agression qu’ont cherchent vraiment, il faut visionner les cassettes vidéos des surveillances, et l’arrêt des commanditaires ne sera plus qu’un jeu d’enfant.
    Et bien si c’est les coupables qu’ont cherchent je dis ATTENTION, les gros morceaux risquent de saler encore plus la note.
    A bon entendeur….

  7. Les articles du Flambeau sont à mon avis bien objectifs, équilibrés, mais dommage qu’on ne trouve aucun contact de la Rédaction du journal pour interagir avec. Bon courage néanmoins.

  8. Je crois que cette crise doit permettre au peuple Malien de faire face a son destin et en meme temps de faire la difference entre ses amis et ses enemis.

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