Depuis quatre ans qu’il est à Koulouba, le président IBK draine une maladie qui, faute d’être clairement et sérieusement diagnostiquée, risque de l’accompagner jusqu’à la fin de son mandat. Ainsi à chacune de ses adresses à la Nation, depuis son ascension au pouvoir, IBK dessine un Mali qui avance. Et, à chaque fois, l’enthousiasme populaire pour ses engagements s’estompe. Si IBK voit tant ses réalisations, pourquoi les bénéficiaires ne les perçoivent pas à tel point que certains parmi ses fans revoient leur rêve d’un Mali à la dignité restaurée à l’honneur établi ?
Bien, parce que le président malien est atteint depuis de la ‘Bad com’, sa maladie, cette mauvaise communication, qui permet à lui seul de voir ce qu’il a réalisé, des réalisations invisibles, peu perceptibles en tous les cas sur le quotidien des populations. Lesquelles sont passées de l’impatience à la déception. De fait, plus qu’isolé, il manque au président IBK ce qu’il affectionne tant, l’expression de la chaleur humaine en faveur de sa personne. Le président malien, élu en 2013 par presque sept sur dix électeurs, semble être seul, souffrant de sa Bad com. Ensemble, établissons le diagnostic en espérant que cela lui serve.
Lui-même, IBK, s’exprime pour ne pas être compris. Il s’est ensuite confié à des communicants «colis de la délégation présidentielle», spécialistes dans la production de communiqués de la présidence. Comme mobilisation, sa majorité ne s’active que pour des postes. Le RPM, son parti, n’est visible que pour provoquer la visibilité des médias, sa gouvernance se limite à la promotion des CV des potentiels PM et l’annonce à outrance des scandales à la Une des journaux. Constat : tous les niveaux de bonne perception du président IBK sont grippés.
Gimba National, ce n’est pas seulement le message du président IBK, résumé à Inch Allah, c’est surtout son image qui ne rassure pas. Menaçant dans chacune de ses adresses, IBK a fait le buzz dans ses discours. Lequel est à l’antipode de la bonne parole que tout homme politique doit prêcher. On le voit, IBK exprime autorité mais ne la pratique pas, exige la transparence mais oublie que cela demande du caractère quand il s’agit des siens. Ainsi, la voix, le message et l’image, autant des concepts clés de ces champions politiques qui enthousiasment le public même sur du faux, ne sont pas observés par lui. Ce n’est peut-être pas, par hasard si d’aucuns le qualifient de Roi «Kagnamaga, Ibrim massaké». Il est, à n’en pas douter, le premier facteur de sa maladie, sa mauvaise communication. Un état entretenu par ses médecins dont la mission consiste à le soigner. Il s’agit de ses communicants, les chargés de com du président IBK.
Le premier a annoncé sur sa page Facebook la fin de sa mission à Koulouba, il y a bien longtemps de cela, pendant que le second a démissionné. L’actuel promu s’installe dans une ambiance de Selimafo, estimé à des millions, donné par le président IBK pour les journalistes. Journaliste partisan du président IBK, le 1er chargé de com affichait sur sa page Facebook sa présence dans les délégations présidentielles, à l’extérieur du Mali. La bonne perception de son patron de président n’était vraiment pas sa tasse de thé. Il s’activait tout juste auprès de ses amis journalistes pour qu’ils épargnent le président IBK, et n’hésitait pas à prendre sa plume pour étaler les valeurs d’IBK, comme toujours. Peu, très peu pour améliorer l’image du président.
Le second avec un profil d’agent de marketing, convaincu que l’évènement sert de transmission aux messages, en créa, le «Rendement, pardon, rendez-vous avec Koulouba». Il ne répond plus au RDV et aura perfectionné sa maîtrise de prise de parole et sa gestion des hommes de médias. Mais le président pour lequel il devait communiquer reste dans sa mauvaise perception. Tous les deux avaient une pratique commune : la livraison, via les médias sociaux, des communiqués de la présidence de la République. Vous aurez remarqué qu’avec eux, les relations entre IBK et les hommes de médias au Mali ne se sont guère améliorées. Retenez le pour dit : l’actuel chargé de com à Koulouba maintiendra la pratique tout en l’améliorant, il a la plume pour cela. À ce niveau, point de recette pour la Bad com du président IBK.
L’état préoccupant de la maladie du président IBK est à l’actif de sa majorité et de son parti. La majorité présidentielle dont la mission principale est de soutenir les actions du président, par un relais auprès des citoyens, s’est transformée, quatre ans durant, en un ring de boxe où tous les coups étaient permis. Par son inaction, la majorité présidentielle a facilité la mauvaise perception, en laissant le champ des rumeurs, libre, sans réponse, ou des sorties en retard. Amorphe, appréciera le président IBK lui-même. Comprenne qui pourra.
Quant aux ténors de son parti, le RPM, ils ont déplacé la maladie du président. Tout en retenant comme pathogène, tous ceux qui causent des misères au président, ils ont brillé par la provoc, avec comme message unique : la victoire en 2018 d’IBK. Tréta, Timbely, Diarrassouba, pour ne citer que ceux-ci, n’ont pu vraiment aider IBK dans sa proximité avec le citoyen que par l’arrogance avec comme slogan «nous avons le pouvoir et ce jusqu’à 2018, n’en déplaise aux hassidis». Le message a été tellement bien perçu qu’IBK n’est plus le champion de certains qui croyaient en lui.
Avec la majorité présidentielle et son parti, la perception du président IBK aura été préoccupante au point que certains observateurs ont affirmé qu’ils se servent tous du président IBK. L’état d’isolement du président IBK émane de la communication sur sa gouvernance, portée par son gouvernement. Un gouvernement mis sur le chantier d’un Mali qui avance dont la seule visibilité se résume, quatre ans durant, à une campagne médiatique d’annonce du futur Premier ministre, des promus ministres et une présence à outrance des scandales à la Une des journaux, bien souvent attribués aux proches du président IBK. Vrai ou faux, la presse a en profité pour redéfinir dans ses produits, le slogan phare, «le Mali d’abord à Ma Famille d’abord».
Ceux qui ont voté pour IBK ne peuvent appartenir à une seule famille, mais à plusieurs qui forment le Mali. S’y ajoute la campagne médias semestrielle du changement du gouvernement. On peut bien le constater, la perception de la gouvernance d’IBK est bien loin des préoccupations des citoyens. La mobilisation du front social est une preuve. Et, pourtant. Ce diagnostic établi n’est peut-être pas complet. Bien d’autres facteurs expliquent la mauvaise communication du président IBK. On peut bien lui conseiller les services des communicants des djihadistes du nord Mali, la CMA et ses amis. Eux qui, en ôtant la vie aux paisibles citoyens, ont su mobiliser la communauté internationale. Ou à défaut, le président IBK devrait accorder du crédit aux écrits de son Cousin adoré du journal Le Reporter. Celui-ci se sert des liens de cousinage, pour lui dire, ce que ses partisans ne peuvent pas lui dire, dans un langage aimé par Lui, le latin grec. Ces deux recettes ne seront peut-être pas retenues. Elles ont en commun de montrer les failles du pouvoir IBK, chose qu’il déteste tant. Il reste alors la recette ORTM. Bozola TV montrera bien les réalisations d’IBK, de façon unique, et de telle sorte qu’elles seront perçues comme étant l’œuvre du messie IBK pendant que son peuple cherche la queue du diable. La recette Bozola est en fait un couteau à double tranchant. Il ne reste plus pour atténuer la souffrance du président IBK, due à sa mauvaise communication, que cette recette qu’il n’apprécie guère et qui lui sied bien, la pression. La preuve en a été donnée sur la réforme constitutionnelle. Elle sera de nouveau pratiquée lors des élections de 2018.
La pression électorale, l’enjeu de garder son pouvoir, permettra sans doute au président IBK et aux siens de comprendre que l’isolement, porté par un entêtement au motif que le pouvoir ne se partage pas, n’est pas un facteur social, politique, et qu’il faut de la considération, donc se rapprocher des autres, début de toute communication politique. C’est bien là tout le mal qu’on lui souhaite pour ses quatre ans de Bad Com.
Bekhaye DEMBELE