Le sommet Afrique-France qui s’est achevé hier samedi dans la capitale malienne avait pour thème luisant : «Partenariat, Paix, Emergence». Ce 27ème sommet n’a pas dérogé à la règle : au regard des discours, l’espoir ne peut être que permis. Ainsi, les concepts «Partenariat», «Paix», «Emergence» produisent une résonnance agréable dans les oreilles de toutes celles et de tous ceux qui aspirent au mieux-être qui se fait toujours attendre, ça et là, à travers le continent africain.
Le partenariat France-Afrique n’est pas un nouveau concept dans les relations post coloniales entre les pays africains et l’ex- métropole coloniale. Ce concept a toujours été exhibé à la face de nos peuples pour les inciter à accepter la coopération de l’Afrique avec l’Occident capitaliste, notamment la France.
Mais le constat, hier comme aujourd’hui, reste insultant : de la période esclavagiste à nos jours, la coopération de l’Afrique avec la France n’a jamais été mutuellement avantageuse. Seuls les Gaulois ont toujours profité et profitent toujours de cette coopération. Hier, l’Afrique a perdu 400 millions d’hommes dans la traite négrière. Jusqu’à nos jours, la France qui se fait passer pour le chantre de la justice, de l’égalité et de la fraternité n’a jamais daigné reconnaître le droit des peuples victimes aux dommages et intérêts de cette odieuse pratique dont elle s’est historiquement rendue coupable.
Pour justifier son intrusion coloniale sur la terre de nos ancêtres, la France a jeté à la face du monde qu’elle venait civiliser les peuples africains présentés comme vivant dans les ténèbres et hors de l’histoire universelle. Il suffit de se rappeler de l’odieuse et sulfureuse déclaration du ministre français de la Colonisation, Jules Ferry, libellée ainsi : «Rayonner sans agir, sans se mêler des affaires du monde pour une grande nation comme la France, c’est abdiquer».
La colonisation a permis à la France de se livrer à cœur joie au pillage systématique de toutes les ressources africaines. Le général De Gaulle, en bon colonialiste de son état, a laissé clairement entendre sa cynique déclaration : «La France n’a pas d’amis, elle a des intérêts.»
Lorsqu’on se rappelle du sommet France-Afrique de 1990 à la Baule, sommet au cours duquel François Mitterrand a osé demander aux chefs d’Etat d’Afrique (comme s’il s’adressait à ses sujets) de balayer devant leur porte pour désormais bénéficier de l’aide de la France au développement. Il faut faire remarquer que cette aide française à l’Afrique n’a jamais aidé et ne peut aider nos peuples à se passer de l’aide.
Néocolonialisme quand tu nous tiens ! Et depuis trop de sommet pour rien en tout cas pas pour le développement de l’Afrique encore moins le mieux être de nos peuples. C’est là une sornette aux oreilles des sourds et des muets politiques. Cela est d’autant exact que le bonheur de la France néocolonialiste réside dans la misère humiliante des peuples y compris français, tout comme l’épervier ne peut œuvrer pour le bonheur des poussins de la basse- cour.
Notre peuple l’a déjà compris.
Le thème du partenariat se résume à une gymnastique dans la langue de Molière pour ceux qui sont encore incapables de se libérer des beuveries et des orgies de la France coloniale. Hollande se trompe historiquement s’il croit que notre peuple le croit encore.
De la paix, il en, a été question, et oui encore la paix ! Mais pourquoi la paix ? Hollande ne pouvait pousser son sens de l’honneur jusqu’à se poser la question : rechercher la paix pour qui et pourquoi ? Il ne pouvait aussi se livrer ici au Mali à la recherche des causes qui conduit à la perturbation de la paix ou à son absence chez nous. La décence en politique lui aurait commandé de hercher à situer les responsabilités des gouvernants français dans l’émergence et le développement que connaît hélas le septentrion de notre pays.
Point n’est besoin de rappeler ici que la France néocoloniale est la marraine du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) au Mali et qu’à ce titre, elle a allumé le feu chez nous pour se faire inviter à «l’éteindre». Mais que l’on ne se fasse pas d’illusions aberrantes : la France fait partie du problème de la paix et non de sa solution ! Notre pays équivaut à la maladie infantile des gouvernants français.
Le deuxième concept du thème du 27ème sommet Afrique-France est donc un mot creux parce que ne pouvant être recherché au bénéfice de l’Afrique par la France des lobbies et de leurs mandibules africaines.
Tout compte fait, la France avec à sa tête François Hollande n’a aucune leçon de démocratie de partenariat, encore moins de paix à donner en terre bénie d’Afrique et donc du Mali. Tant que la France est là, il n’y aura ni partenariat sérieux ni paix durable pour notre peuple. Alors, il apparait clairement que le concept d’émergence usité lors de ce sommet est une fausse promesse pour abreuver nos peuples de mensonges politiques.
Hier, les Africains étaient les bienvenus en France pour verser leur sang en vue de la sauver de la colonisation allemande par le biais de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, ils sont perçus là-bas avec un œil dédaigneux voire agresseur. Quelle ingratitude !
Mais dire que les soldats français resteront en terre malienne c’est non seulement se nourrir d’illusions narcissiques mais aussi ne pas compter avec la témérité de ce vaillant peuple de Soundjata Keïta, de l’Almamy Samory Touré, de Tiéba et de Babemba Traoré.
Enfin, Hollande ne pouvait prendre le risque de dire à ses pairs d’Afrique qu’il a lamentablement échoué dans la gestion de son propre pays dont il ne cesse de se vanter. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende bien : le 27ème sommet Afrique-France est un sommet de plus et pas plus ! Les Africains ne doivent compter que sur eux mêmes pour ramener la paix là où elle s’étiole en vue d’un partenariat de type radicalement nouveau pour une émergence véritable de l’Afrique.
Fodé KEITA