Bamako a abrité pour la deuxième fois, après celui de 2005, le sommet France-Afrique, sous la coprésidence des présidents français François Hollande et malien Ibrahim Boubacar Keita. Après un ballet diplomatique de près d’une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement à l’Aéroport Modibo KEÏTA de Sénou, l’événement tant annoncé et attendu a signé son épilogue au Centre international de Conférences de Bamako avec la convergence de plus d’une soixantaine de délégations. Faut-il noter au passage que les présidents soudanais, gambien, béninois, ivoirien et camerounais font partie des grands absents du conclave historique de Bamako, pour des raisons d’ordre politique ou de motifs en rapport avec le droit international, entre autres.
L’éclat du 27è Sommet aura été néanmoins rehaussé par la présence très remarquée des premières dames d’Afrique qui ont rivalisé d’intérêt avec les organisations internationales tout singulièrement mobilisées pour le rendez-vous malien.
Un conclave de belle facture après tout
La forte mobilisation des invités dénote autant d’une perception nette des enjeux et de l’importance des sujets au menu du 27 è Afrique-France qu’elle témoigne du grand attachement de la communauté internationale au devenir du pays organisateurs. La réussite du deuxième sommet bamakois peut donc se juger au défi de se hisser à la hauteur de toutes ces attentes pour un pays en proie aux contraintes sécuritaires et qui relève péniblement des profondeurs d’une crise institutionnelle depuis 2012. Cette singularité malienne n’a du reste guère échappé au plus illustre des hôtes de notre, François Hollande en l’occurrence. Pour le président français, dont le pays est co-organisateur du Sommet, il existe peu d’exemple dans le monde de pays ayant réussi à se redresser aussi promptement au point de réussir une convergence aussi massive d’invités dans une capitale qui tremblait naguère sous la menace d’une invasion djihadiste. « C’est un défi à tous égards de réussir l’Afrique entière dans ce contexte», a lancé le président français aux participants du 27è Afrique-France. Un motif de satisfecit pour IBK également, dont le sentiment d’avoir triomphé du challenge peut se juger à la qualité des lauriers dont il a couronné la France et la communauté internationale pour la partition qu’ils ont jouée dans le destin du Mali. « Ce jour-là, le destin du Mali tenait à une décision résolue et rapide de votre part», a relevé IBK, allusion faite notamment à la solidarité française pour stopper l’irrésistible avancée des colonnes terroriste avec le déploiement de la célèbre opération Serval. Autant de raisons, pour IBK, de rendre un hommage appuyé au président Hollande auquel le Mali doit par ailleurs la décision d’abriter le conclave du continent avec la France, un événement dont le succès ne réside pas moins dans la communion des peuples autour de préoccupations partagées ainsi que dans l’ébauche de pistes pour les solutionner.
Regards croisés sur les défis partagés
En effet, par-delà la manifestation d’une solidarité à un pays singulièrement éprouvé par les défis de la mise en œuvre de l’Accord avec les mouvements armés du septentrion, Bamako se sera illustré deux jours durant comme un haut-lieu d’échanges fructueux sur les préoccupations partagées ainsi que sur les relations de tout un continent avec la France. Sous le vocable du triptyque ‘’Partenariat Paix et Emergence’’, le sommet Afrique-France a été l’occasion de passer au crible les sujets qui taraudent et dominent le débat sur la scène internationale. Des questions de sécurité, de stabilité et de développement en passant par le phénomène migratoire et la nature du partenariat avec la France, les problématiques ont tour à tour trouvé leur compte, tant les discours des différents intervenants que dans la déclaration finale du 27è sommet.
Pour IBK, l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation ainsi que des résolutions successives sur la Minusma constituent des précieuses opportunités pour relever les défis de stabilité et sécurité, des enjeux transversaux indissociables des objectifs de développement et d’émergence. Construire un espace commun de sécurité revient à ériger un espace commun de développement et d‘épanouissement, laissé entendre IBK, en implorant dans le même sillage un partenariat basé sur le renforcement des atouts nationaux et des acquis régionaux ainsi que sur la mutualisation des efforts contre les obstacles que sont le terrorisme dans ses manifestations asymétriques, la criminalité transfrontalière, l’extrémisme violent à travers lesquels aux activités productrices de richesses «se substituent une activité criminelle à grande échelle» etc.
La perception n’est point différente du côté de François Hollande pour qui il n’y a guère de solutions à l’immigration massive sans stabilisation des pays concernés par le phénomène, allusion faite notamment à la tragédie des milliers de jeunes africains qui trépassent sur le chemin de l’émigration. Et le président français de rassurer au passage que son pays se trouve désormais dans une dynamique partenariale différente de celle ayant longtemps consisté à capter des ressources ni à «exercer une influence sur les choix politiques» : soutenir et accompagner dans l’attachement au respect des valeurs qui font l’estime et la sympathie de son pays. C’est en droite ligne de ce nouveau pacte, à ses yeux, que la reconnaissance de sa dette envers le continent devrait s’exprimer par une proportion d’aide plus conséquent et à même de booster sa croissance et l’exploitation de ressources telles les énergies renouvelables. Et «l’ami de l’Afrique» de marteler que les sorts des deux partenaires sont liés et que la France.
Insistant sur la pertinence d’une thématique qui traduit largement les préoccupations, le président en exercice de l’Union Africaine, Idris Deby Itno, a mentionné pour sa part que le partenariat entre l’Afrique et la France ne revête un sens que dans la capacité des deux parties à relever ensemble les défis persistants. Et de laisser entendre dans la foulée qu’une solidarité s’impose à la communauté internationale ainsi qu’au couple franco-africain. Non seulement pour vaincre l’hydre du terrorisme et de l’insécurité pour lequel le continent paie un lourd tribut en termes de détresse humaine, mais aussi pour s’attaquer aux causes profondes de tous ces phénomènes, à travers notamment un niveau d’industrialisation qui fasse rêver la jeunesse africaine et lui épargne les chemins de la mort. «Il y a là un vaste champ partenarial», a souligné le président tchadien, tout en se réjouissant de la réussite de certaines initiatives africaines concluantes comme le G7 Sahel et les victoires sur Boko Haram, les terroristes au Mali, etc.
Comme répondants de tous ces développements, le 27è Sommet Afrique-France a été assorti d’une déclaration finale en rapport essentiellement avec leur détermination à poursuivre sans relâche la lutte contre le terrorisme en s’attaquant notamment à ses causes socioéconomique, en renforçant la coopération policière, judiciaire et de la surveillance des frontières contre la criminalité transfrontalière et le trafic humain. Pour ce faire, l’accompagnement de la France ne fera pas défaut dans le domaine militaire car les pays africains vont continuer à bénéficier de l’appui de la France sous forme de formations spécialisées d’officiers et de forces spéciales, de maintien de la paix, de prévention des conflits, entre autres. Dans le domaine socio-économique, on peut retenir entre autres la mise en œuvre des promesses françaises d’aide au développement à concurrence de 20 milliards d’euros, ainsi que la volonté de coopérer dans d’autres secteurs comme santé publique et la formation professionnelle, tandis que dans le domaine de l’émigration les parties réaffirment leur détermination d’appliquer le contenu du Sommet de La Valette en terme de réadmission et de lutte contre les migrants clandestins.
A noter que le Mali trouve particulièrement son compte d’autant que la France, par la voix de son président, s’est engagée à accompagner notre pays jusqu’à la reconquête totale de son unité et de son intégrité territoire. Une promesse à faire oublier à elle seule tous les impairs liés à l’organisation du sommet, les épreuves et préjudices infligés aux paisibles citoyens d’un pays qui démontre après tout qu’il regorge de ressources intégrer le cercle des nations qui comptent.
Amidou KEÏTA
Couverture du sommet Afrique France : Les accréditations de la frustration.
Les rideaux sont tombés sur le 27ème Sommet qui aura vu François Hollande dire adieu à ses pairs. Sauf que la presse aura été fortement «muselée», lors de ce rendez-vous d’envergure. En cause, des accréditations qui ne seront jamais au rendez-vous.
Pour toutes les rencontres du genre, on ne peut y aller n’importe comment. Il fallait donc disposer d’une accréditation en bonne et due forme, même si la presse ne pouvait accéder qu’à la salle réservée à la couverture du Sommet de Bamako et qu’on ne se fie pas aux images publiées ça et là sur les réseaux sociaux.
Plusieurs médias locaux auront été mis sur le quai à cause de cette restriction. Il fallait postuler sur le site officiel du SAF, mais la procédure aura été longue et sans suite au final pour la plupart des postulants. Au jour ‘J’, certains continuait encore de voir ce message suivant atterrir sur leur boite E-mail : «Votre demande d’accréditation est en cours de traitement »
Un raté du service Presse de la commission d’organisation, qui aura sevré puiseurs confrères qui pouvaient apporter quelque chose. Pourtant, certains non partants ont finalement eu des «accréditations sur mesure ». A travers notamment des complicités à la présidence, ils ont trouvé des astuces pour que les confrères recalés puisque être du rendez-vous. Ce qui expliquera surement le fait que soit brandi le fameux badge sur Facebook par ceux-là qui ont pu le décrocher.
Quoi qu’il en soit, que cela découle d’une sélectivité ou d’une défaillante d’internet, la déception aura été grande avec ce ‘’deux poids deux mesure’’ qui a justifié les frustrations dans la presse nationale.
Idrissa KEÏTA