La quatrième édition des ‘’Tamani’’ ou trophées de la musique malienne a eu lieu le 1er décembre 2006 au Centre international des conférences de Bamako. Ce n’était pas le flop, toutefois…
Présidée par le ministre de la Culture, Cheik Omar Sissoko, qui avait à ses côtés le ministre burkinabé de la Justice, l’édition ‘’Tamani’’ 2006 a enregistré la participation de nombreux artistes, dont les meilleurs, désignés par un jury constitué à cet effet, ont reçu les consécrations.
Les éditions précédentes avaient vu respectivement les consécrations de Oumou Sangaré,Adja Soumano, Djénéba Seck. Le choix du jury a fini par tomber sur Salif Kéïta, une légende vivante de la musique malienne.
Mais avant, des trophées intermédiaires ont été attribués. Ce sont :
– Celui de la meilleure artiste féminine attribué à Ramata Diakité ;
– meilleur artiste masculin : Salif Keita,
– meilleure révélation de l’année : Abel Bayo
– meilleure musique d’inspiration traditionnelle : Soumba Togola,
– meilleur clip : Doussou Bagayoko,
– meilleur groupe rap : les Tata Pound,
– meilleure émission culturelle : Magma Gabriel Konaté,
– meilleur animateur radio : Mandé Massa.
Fanta Djékoria a reçu le Tamani du meilleur espoir de la musique guinéenne. Ce trophée, selon les organisateurs, est une reconnaissance aux Guinéens qui ont toujours récompensé un artiste malien lors d’une émission semblable qu’ils organisent : le «Djembé».
Des trophées d’honneur ont été remis respectivement à Zoumana Téréta, (violoniste de Djeneba Seck) à Sam Fan Thomas, artiste camerounais, qui est par ailleurs un des concepteurs du Makossa. Le ‘’Tamani d’hommage’’ décerné à Doug Saga, le créateur du ‘’coupé décalé’’, décédé récemment à la fleur de l’âge ; mais aussi au très regretté Ali Farka Touré.
Le non événement !
Sans être le flop magistral, ‘’Tamani 2006 se sera avéré un non événement contrairement aux éditions précédentes : les spectateurs, dont les rangs étaient clairsemés ne se sont pas bousculés au portillon. La cherté du ticket d’entrée fixée cette année à 15.000FCFA par tête, une fortune en ces temps de vaches plus maigres que jamais ? Ce qui signifie que celui ou celle qui voulait se faire accompagner de sa moitié devait débourser la bagatelle de 30.000f CFA, ce qui n’est pas à la portée du Malien moyen.
Le déficit d’information expliquerait-il le peu d’engouement constaté samedi dernier ?
La fête n’a pas été retransmise en direct à la télévision. Un aspect qui a sans doute aussi ôté au gala son grain de sel. Apparemment un malentendu entre les organisateurs et l’Ortm semble en être à l’origine.
Enfin la fête s’est ténue en plein air, à la grande surprise de beaucoup de personnes, dans le froid et ceux même qui avaient fait le déplacement étaient pressés de rentrer.
Salif Kéita, l’unique
Salif Kéita a reçu le ‘’Tamani’’ du meilleur artiste masculin de l’année en plus du Tamani d’or 2006. Le choix a été vite et bien fait entre lui, Alou Sam et Ramata Diakité. Au demeurant, on compare ce qui est comparable. Ces trois artistes ne devraient boxer dans la même catégorie, n’étant pas de la même génération, encore moins de la même classe. Face à n’importe quel artiste, en tout cas du Mali, Salif l’aurait emporté haut la main.
La preuve: dès l’apparition de l’homme de la soirée, ce fut la huée. Qui pour le contempler, qui pour lui serrer la main, qui pour lui faire des accolades, qui pour poser avec lui. Des griots ont chanté ses louanges. Il a dédié le Tamani du meilleur artiste masculin à Alou Sam et le Tamani d’or à Amadou Hampaté Bah.
Comparaison n’est pas raison
La comparaison n’était non plus à faire entre un animateur de la Chaîne nationale et celui d’une chaîne privée comme ce fut le cas entre Fatim Dembélé ou même Adama Kouyaté de l’Ortm, soumis en quelque sorte à l’obligation de réserve, et Mandé Mansa de Radio liberté ou Magma Gabriel de Bamakan. On aurait comparé Mandé Massa à «Fiman et Djéman» que le match serait bien joué.
Dans les coulisses, entendait-on, les bulletins de vote étaient disponibles dans les radios privées, mais pas à l’Ortm. Enfin, le jury était composé uniquement de techniciens d’art, pas de techniciens d’information. Les femmes n’y figuraient pas aussi.
Adja la gaffeuse
Le trophée a-t-il été remis à Salif Kéïta que Adja Soumano, suivie d’autres artistes, se mirent à chanter les louanges du «Jatigui» ou bienfaiteur. Mais là Adja se mit à gaffer, c’est quand elle a dit publiquement que Salif Kéita l’a appelée la veille au téléphone pour lui dire de venir prendre des médicaments… pour remédier à son problème de stérilité. Avait-elle besoin de s’étaler de la sorte ?
Le colonisateur… ivoirien.
Un des temps forts de la soirée sera le passage des jeunes artistes ivoiriens sur le podium. Ils ont « enjaillé » la foule par leurs différentes prestations. Lors du « travaillement » ils ont distribué des billets de banque – Mais, attention ! C’était entre eux hein !
Mais ce qui a surtout retenu l’attention des observateurs, c’est la forte influence de cette jeunesse ivoirienne qui est parvenue à imposer son style à notre jeunesse consommatrice devant l’éternel de tous les courants pourvu qu’ils viennent précisément de l’extérieur, une insulte à notre riche patrimoine culturel. Actuellement, à Bamako ou ailleurs, il est fréquent et honteux de constater qu’il y a, par leur engouement pour les ‘’coupé décalé’’, ‘’faro’’, ‘’travaillement’’, ‘’attalakou’’ (et que sais-je encore) plus de jeunes Maliens ivoirisés que d’Ivoiriens de souche.
Binta Gadiaga
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