Après avoir pris connaissance de l’actualité musicale à travers son site web, nous avons rencontré le roi du Kamélen N’goni, dans sa résidence privée au quartier chic de Kabala, afin d’en savoir davantage sur ses projets.
Bamako Hebdo :! Après plus de vingt ans de carrière musicale, quel bilan pouvez-vous nous dresser ?
Yoro Dillo : (Rire), Je vous remercie d’avoir fait le déplacement pour venir vous enquérir de mes nouvelles. Mais, ne serait-il pas un peu prétentieux de ma part de parler de bilan. Cependant, quand on sait qu’un bilan est la synthèse des réussites et des échecs, laissez-moi vous dire que j’ai toutes les raisons d’être satisfait ou de ne pas l’être. En ce sens qu’à travers ma musique toute une génération de musiciens du Wassoulou a eu un repère et une source d’inspiration.
Maintenant, en terme d’évolution sur le plan professionnel, par rapport à ma carrière proprement dite, le bilan me semble mitigé. Mitigé, parce que, mon rêve ne s’est pas encore réalisé. Ce rêve, c’est d’obtenir une carrière internationale afin de promouvoir le Kamélen N’goni à travers le monde.
Vous avez une vie stable, que voulez-vous d’autre ?
Avoir une vie stable sur le plan socio -familial n’est pas synonyme de réussite professionnelle. Car, selon moi la perfection n’étant pas de ce monde, il faut toujours se remettre en cause pour mieux aller de l’avant et être permanemment en mutation. Je ne travaille que dans le seul but d’apporter quelque chose de nouveau tant sur le plan artistique, culturel et musical.
Comment comptez-vous parvenir à vos fins ?
Pour y parvenir, je crois qu’il me faut non seulement toujours travailler consciencieusement et professionnellement, mais surtout me doter d’une équipe dévouée prête à m’accompagner dans toutes mes aventures musicales ici et ailleurs. C’est à cela que je m’attèle actuellement avec mes musiciens et le staff technique qui m’entoure.
Vous venez de vous doter d’un site Web digne de ce nom. Pourquoi et comment est venue cette initiative ?
Belle question ! Sur ce, je voudrais profiter de votre micro pour remercier mes jeunes frères : Oumar Diakité ; Bani Touré, tous deux des informaticiens chevronnés et Tchéwi Adams Konaté, journaliste culturel de son état. Oui, ces messieurs ont cru en moi, et ont décidé de mettre tout en œuvre pour créer les conditions techniques et administratives pouvant structurer ma carrière musicale. Il faut reconnaitre que cela a apporté beaucoup d’innovations dans la gestion et la visibilité dans ma vie professionnelle. D’abord, il m’ont conseillé de postuler au Prix Découvertes RFI Musique. Aussi, ont-ils créé un site web afin de m’ouvrir sur la toile du monde. Grâce à ce site, ma vie professionnelle prend une autre dimension, car, vous y trouverez tout sur ma carrière et mes projets.
Le Prix Découverte RFI Musique est un concours ouvert à tous les artistes musiciens d’Afrique et des Caraïbes. Croyez-vous en vos chances ?
Un concours est un concours ! Je crois que ce sont des professionnels qui composent le comité d’écoute de ce Prix. Ils ont l’habitude et je crois qu’ils sont mieux placés que quiconque pour procéder à la présélection, au choix des trois finalistes et enfin le lauréat du Prix. Cela dit, je pars confiant à ce concours et je prie également pour tous les postulants, car la musique n’ayant pas de frontière, tous les musiciens sont de la même famille.
Et si d’aventure, vous venez à remporter ce Prix, à qui le dédierez-vous ?
Si cela s’avérait, ce grand Prix, je le dédierai à tout le Mali aujourd’hui très affecté par ce que vous et moi nous savons tous.
Votre mot de la fin
Je ne saurais terminer cet entretien, sans avoir à exprimer mes sentiments de compassion pour ceux qui souffrent dans leur âme, comme dans leur chair à cause de la grave crise que traverse notre pays. Je profite de l’occasion pour en appeler à la sagesse et à l’esprit de dépassement de tous dans l’intérêt supérieur de la nation. Ceci dit, le Mali est, un et indivisible.
Interview réalisée par Tchéwi Adams