YELI FUZZO, « L’HOMME FORT DU REGIME » : « Au Mali, les gens qui travaillent sont combattus »

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Après « Je rap donc je suis » en 2003, « Je suis tout court », Yeli Mady Konaté plus connu sous le sobriquet Yeli Fuzzo en duo avec Bassirou Koureissi va mettre très prochainement sur le marché discographique malien son 3e album intitulé « Hommage à Dieu ». Dans l’entretien ci-dessous, « l’homme fort du régime » nous parle de l’album, des difficultés qu’il rencontre mais également de la musique malienne dans son ensemble. Entretien.

Les Echos : Quelles sont les raisons de votre séjour au Mali ?

Yeli Fuzzo : Je suis au Mali depuis fin septembre dernier pour m’occuper de ma structure de production. J’ai en projet des albums. J’ai profité de mon séjour au pays pour en faire un, intitulé « Hommage à Dieu ». Je l’ai fait en compagnie de Bassirou Koureissi, un autre chanteur.

 

Les Echos : Parlez-nous donc de cet album ?

Y. F. : C’est un album de 4 titres qui sortira pendant ce ramadan. A mon arrivée, j’ai cherché à rencontrer Bassirou, un artiste que j’apprécie beaucoup. Je lui ai proposé de sortir ensemble un album pour rendre hommage à Dieu. On n’a pas cherché loin en retenant le titre « Hommage à Dieu ». Comme c’est le ramadan, je me suis dit qu’il serait bon de le sortir en ce moment même.

Les Echos : C’est pourtant bientôt la fin du ramadan et l’album n’est jusque-là pas sorti ?

Y. F. : Vous savez pour sortir un album, il faut du temps. Je ne suis venu que fin septembre. C’est un record, parce qu’en deux semaines on n’a pu le finir. Si j’étais venu plutôt, il serait déjà sur le marché.

Les Echos : Quelles sortes de difficultés avez-vous rencontrées ?

Y. F. : Je suis confronté à un problème de compréhension. D’ailleurs, j’ai toujours eu ce genre de problèmes. A chaque fois que j’ai voulu faire quelque chose de différent, certaines personnes ne comprennent pas et ont essayé de me mettre le bâton dans les roues. Au Mali, les gens qui travaillent sont combattus. Par contre ceux qui ne foutent rien se font toujours entendre. D’autres ont pensé que le rap n’a pas sa place dans ces genres de choses. Après le travail, j’ai rencontré des imams qui ont apprécié le travail ce que nous avons fait, ils ont estimé que ça rassemble. Par contre, d’autres ont pensé que je l’ai fait seulement dans l’intention d’avoir de l’argent. Je demande à ces gens de se détromper parce que nous avons d’autres ambitions que de nous livrer à une telle pratique.

 

Les Echos : Ces incompréhensions vont-elles jouer sur la sortie de l’album ?

Y. F. : Pas du tout. Aucun lien entre cette méchanceté et la sortie de l’album, qui sortira dans les tout prochains jours. Il sera distribué par Afourou Goïta au prix de 1000 F CFA.

 

Les Echos : Vous étiez aux Etats-Unis pour des études. Où en êtes-vous à présent ?

Y. F. : Dieu merci j’ai pu décrocher mon diplôme en gestion d’entreprise. J’ai même commencé à travailler là-bas. Au Mali, nous sommes en train de mettre en place quelques projets, notamment une agence de communication événementielle et autres.

Les Echos : Vous avez dit par le passé que le rap malien évolue lentement ? Est-ce toujours le cas ?

Y. F. : Quand on écoute les albums qui sortent, on sait que le niveau du rap malien est très bas comparativement à nos voisins. Pour cause, ce sont les mêmes thèmes qui sont repris par une multitude de chanteurs. Personne n’a d’originalité, personne ne vient avec de nouvelles idées. Il n’y a pas d’évolution. C’est pour cela même que personne ne vend en dehors de quelques groupes phares.

 

Les Echos : Que faut-il, selon vous, pour que le rap malien prenne les devants ?

Y. F. : Il ne s’agit pas du rap seulement, mais de toute la musique malienne : tout est zéro depuis un certain temps. Il n’y a que le couper-décaler qui prenne de l’ascension maintenant à la télévision nationale. Je dis que c’est aberrant. Si on veut vraiment qu’il y ait évolution, il faut que les artistes travaillent plus et que le public soit plus honnête. Si les gens veulent évoluer, qu’ils fassent preuve d’originalité. Un autre mal, c’est qu’on copie tout ce qu’on voit à l’extérieur. Exceptés les grands comme Salif Kéita, Djénéba Seck et autres.

Les Echos : A quand un concert de Yeli à Bamako ?

Y. F. : Je viens d’arriver, je ne sais pas quand est-ce que je vais donner un concert. Peut-être à la fin de l’année ou en début d’année prochaine.

Les Echos : Quelle adresse avez-vous à faire à l’endroit des pirates ?

Y. F. : Je n’ai pas de problèmes avec les pirates. De toute façon, avec une musique de qualité, on s’en sort facilement. Je ne nie pas l’existence des pirates, mais je dis que quand on fait de la bonne musique, on se met à l’abri. Au lieu de s’occuper des pirates, les gens doivent plutôt bien travailler leur musique.

Propos recueillis par Amadou Sidibé

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