Waati Sera (il est temps en bambara) ! L’alerte est de l’un des talentueux rappeurs du hip hop malien : Issiaka Bâ alias Amkoullel. Waati Sera est le titre générique de son 3e opus dans les bacs depuis le 22 mars 2007. Une révolte contre les maux qui minent l’Afrique comme l’oisiveté des jeunes, la corruption…rn
« Il est temps de se mettre au travail pour surmonter les handicaps du développement et assurer une vraie souveraineté. Il est temps que le Mali marche fièrement à l’allure de ses empereurs légendaires comme Soundiata », chante Amkoullel.
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On a beau élaborer les programmes ambitieux, l’Afrique ne décollera pas tant que ses dirigeants n’auront pas le courage politique et l’intégrité morale des leaders comme Modibo Kéita, Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah, Nelson Mandela… C’est dire que ce 3e album n’a rien à envier aux deux précédents, In Faculté (crise scolaire) et Surafin (pot-de-vin), sur le plan de l’engagement.
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Le titre de l’album est inspiré d’un des chefs-d’œuvre de Souleymane Cissé, Waati. « Arrêtons de tchatcher. Les beaux discours ne nous conduisent nulle part. Il est temps que l’Afrique se réveille pour assumer sa souveraineté. Nous avons tout pour nous développer, surtout les matières premières et la matière grise. Mais, nous continuons à penser que notre bonheur est ailleurs, entre les mains de ceux qui n’ont aucun intérêt de nous voir nous développer », s’offusque le beau gosse du rap malien.
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Dans cette splendide œuvre, l’heure n’est pas seulement à la révolte, mais aussi à l’amour. L’amour de la personne adorée, mais aussi l’amour de ce qu’on fait. « C’est par amour que l’on s’engage. C’est la passion qui nous permet de maintenir ce cap suicidaire dans l’engagement ».
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Ce rappeur, très respecté et adulé dans le milieu hip hop malien et français, pousse l’engagement jusqu’à s’auto-produire. « Rares sont les producteurs qui investissent dans le rap. Il ne rapporte pas grand-chose parce que c’est une musique appréciée par les 15-20 ans. Une couche dont le pouvoir d’achat est très maigre », indique Issiaka Bâ.
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Malgré la maigreur de ses moyens, l’artiste a la satisfaction de se rapprocher, au fil des albums, du style qu’il veut imposer. « Mon souhait, c’est d’utiliser plus d’instruments traditionnels pour faire le rap. Mais, cela est très cher parce que l’enregistrement en live est très coûteux », nous explique le jeune prodige.
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Dans Waati Sera, Amkoullel a recours au ngoni et au tamani pour donner un tempo original à ses mélodies. Tout comme la présence de Cheick Tidiane Seck (arrangement de certains titres) de Dudu Masta (un rappeur franco-malien) et Ami D (chœur) apporte un cachet tout particulier à cet opus de 15 titres.
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Amkoullel n’est pas encore arrivé à ce qu’il ambitionne comme musique. Mais, comme il le dit dans Au revoir, « non jamais je ne baisserais les bras. Et pour cela tu peux compter sur moi ». Et du début de sa carrière à nos jours, il n’a jamais déçu ses fans ! A eux maintenant de le lui reconnaître et de l’encourager en achetant massivement les exemplaires légaux de sa nouvelle galette.
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Il est temps aussi que les mélomanes comprennent que chanter est un métier et que pour que leurs idoles vivent de ce travail, ils doivent acheter leurs œuvres. Des œuvres non piratées bien sûr.
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Moussa Bolly
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