Trois questions à Rokia Traoré : ”Je n’ai plus besoin du public de Top Etoiles, ce n’est plus mon monde”

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Rokia Traoré est à Bamako pour deux concerts, le vendredi 16 et le samedi 17 septembre à l’Institut français du Mali, ex CCF. Ces deux concerts entrent dans le cadre de l’ouverture de la saison culturelle de l’ex-CCF. En prélude à ces deux sorties, Rokia Traoré s’est entretenue avec la presse pour parler de ses activités, ses projets dont celui appelé ”Roots” qui est né à partir de la fondation qu’elle vient de mettre sur place. Dans le franc-parler qu’on lui connaît, elle a répondu à toutes les questions posées par les journalistes. A la fin de la conférence, nous nous sommes entretenus avec elle.

Bamako Hebdo : On ne vous voit plus au Mali, même dans les émissions comme Top Etoiles ?
Rokia Traoré :
Il n y a pas de salles au Mali, comment peut-on faire des spectacles ? Les conditions sont difficiles, la sonorisation et les appareils pour donner un bon spectacle sont rares. Donc je ne vois pas comment je peux faire des concerts au Mali. Pour ce qui est de l’émission Top étoiles, d’abord je n’aime pas la télé et ensuite Top Etoiles n’est plus mon monde. Ce n’est pas mon public. C’est une émission pour les artistes débutants, pas moi. Moi je vois autre chose, je vise un autre public. Top Etoiles, c’est du passé. En tout cas, quoi que les gens puissent dire, je suis la seule artiste professionnelle qui est en parfaite harmonie avec sa conscience. Je suis sortie à la télé pour la première fois en chantant du rap en anglais. Puis j’ai chanté en français et après en bamanakan. Si les gens l’ont oublié, moi je m’en rappelle encore. Donc je n’ai pas changé, je reste moi-même.

Parlez-nous de vos deux concerts à Bamako ?

Roots est un projet né des activités de la fondation Passerelle que j’ai créée. C’est un projet musical, avec la singularité et l’originalité qui caractérisent mes débuts. Selon beaucoup de gens, c’est un magnifique voyage à travers lequel voix et cordes rendent hommage à la tradition mandingue. Pour mener à bien ce projet, j’ai décidé de travailler avec une orchestration très réduite, dont le rôle sera de porter des voix de femmes.

C’est un concert de musique acoustique dépouillée, le spectacle Roots est soutenu par des mélodies très délicates, taillées dans une expression et un ton mesuré, avec une reprise de chansons de cantatrices maliennes et africaines et un morceau de Bob Marley. Au chœur de l’orchestre, il y a Kadiatou Sangaré, Fatim Kouyaté et Bintou Soumbounou dite BBS. Moi-même, je joue la guitare et le Gongoma, Mamah Diabaté joue le n’goni, la kora est l’affaire de Mamadyba Camara, et le bolon est joué par Habib Sangaré. Les mêmes joueront les deux spectacles.

Après Bamako, est -ce que Roots fera d’autres dates ?

Oui en Europe, France et Italie, pour une trentaine de dates. Mais après, moi je continue avec mes propres activités professionnelles en donnant des concerts aux USA. Je fais la différence entre les actions de la fondation et les miennes parce que les fonds des concerts de la fondation vont servir à faire fonctionner la fondation, à aider à la construction d’une salle de 600 à 700 places à Missabougou, en plein air. Nous allons avoir une direction, mais c’est petit à petit. Je ne veux pas faire comme les autres, c’est-à-dire créer une fondation pour ensuite courir derrière les financements. Nous allons travailler pour nous installer petit à petit. Le reste, on va le gérer avec le temps. 
Kassim TRAORE

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