Tinariwen de Kidal : De la révolution à la paix

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Tinariwen (en tamasheq, "les déserts") est un groupe de musique issu de Tessalit, au nord est du Mali, dans l”Adrar des Iforas. Sa musique fait la synthèse entre le blues, le rock et la musique traditionnelle touarègue. Les deux leaders de Tinariwen sont Ibrahim Ag Alhabib et Alhousseini Ag Abdoulahi. Né en 1982, le groupe a joué un rôle important pendant la rébellion des années 1990, en diffusant des messages d”espoir et de résistance à ses compatriotes. Après avoir connu l”exil en Algérie puis les camps d”entraînement en Libye, ces musiciens sont rentrés au Mali les armes à la main et les guitares en bandoulière.

Ils viennent de se produire au Festival sur le Niger de Ségou. Tout juste après, ils ont quitté le Mali pour une tournée européenne de trois mois, car c”est l”un des groupes de musique malien qui ne peut passe quasiment jamais un mois entier au Mali. En effet, Tinariwen est désormais programmé dans les plus grands festivals à travers le monde. Au début, ses membres ne faisaient que de la musique révolutionnaire, mais, aujourd”hui, ils chantent l”amour, le travail, l”entente et surtout la paix entre les Maliens. Tinariwen est le nom choisi par Ibrahim et les autres pour leur groupe de musique parce qu”ils ont vécu dans le désert très longtemps. La naissance du groupe en 1982 est intimement liée à la situation d”exil et d”errance du peuple touareg. Il est l”émanation même de cette diaspora.

Les musiciens de Tinariwen sont tous originaires de l”Adrar des Iforas et étaient réfugiés, dans les années 1970, à Tamanrasset, en Algérie. A l”époque, leurs poésies chantées appelaient à l”éveil politique des consciences et abordaient les problèmes de l”exil, de la répression et des revendications politiques. Le groupe, portait le nom de Taghreft Tinariwen (qui signifie ””l”édification des pays””) quand ils sont retournés au Mali, à la faveur de la signature du Pacte national en 1992. De 1993 à 1999, sous la direction de Many Ansar, qui fut son premier chef, Tinariwen a joué dans de nombreux festivals au Mali. Le groupe va évoluer peu à peu vers une formation complète et se faire accompagner par des choristes féminines pour mieux valoriser sa musicalité, en la rattachant à celle des campements. En 1999, ils ont participé au Festival Too Couleurs d”Angers. De là a démarré leur essor.

Le groupe Taghreft Tinariwen est le créateur de la musique contemporaine touareg. Le style des ””guitares”” est le symbole de leur musicalité moderne. Le genre musical Tishoumaren joue un rôle déterminant dans la reconnaissance culturelle de la jeunesse touareg. Les chansons elles-mêmes sont d”abord les formes vivantes, sonores et imaginaires, parfois profondément réelles, de l”identité moderne du peuple touareg. L”exil et la résistance sont les thèmes majeurs des Ishoumars, mais au fil du temps, Tinariwen est devenu, par ses chansons, le symbole de la vie quotidienne en pays tamashek. Un chant d”amour qui vient des temps d”épreuves. L”instrumentation du groupe, même qualifiée de moderne, reste simple. Les instruments utilisés sont de trois types. Des cordes, essentiellement des guitares, acoustiques ou électriques (mais parfois aussi d”autres instruments plus traditionnels comme le téhardant ou le n”goni) jouent la partie mélodique des chansons. Les voix démarrent sur un chant mené par le compositeur. Suivent peu à peu tous les musiciens, qui reprennent en chœur la chanson.

L”ensemble s”appuie sur les percussions en usage au désert. Les plus importantes sont les claps des mains. La musique touarègue vous emporte dans un voyage doucement rythmé au pas des chameaux. C”est ce leur vaut aujourd”hui des tournées interminables. Le fait de participer au Festival sur le Niger a permis à bon nombre de nos concitoyens de découvrir ce groupe qui passe plus de temps à l”extérieur qu”au Mali. Abdallah et Mina ont été les deux membres du groupe que les Ségoviens ont le plus appréciés, tant ils essayaient d”échanger avec le public, Mina saluant le public en bamanakan tandis qu”Abdallah le faisait en français, et répétait sa petite phrase "ça n”a pas été de la catastrophe" qui faisait rire tout le monde, car personne ne savait ce qu”il voulait dire par là. Selon certains, ils a des parents qui ont été tués lors de la rébellion de 1992 et, depuis ce jour, il ne cesse de répéter le mot "catastrophe". L”autre version tient au fait que, dans le groupe, il a été le premier à s”efforcer de parler en français. A chaque fois qu”il était en face d”un journaliste pour une interview, il disait " mon français, c”est de la catastrophe !". Nous attendons leur retour pour vérifier et enfin connaître la vérité.

Kassim TRAORE“

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