Super Biton National du Mali : Une appellation donnée par Dr Soumana Sako

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Effectivement, c’est moi qui ai donné le nom “Super Biton National” à l’Orchestre régional de Ségou. C’était en début août 1972, dans la Salle des Spectacles du Stade Omnisports de Bamako, lors d’un concert que l’Orchestre donnait après sa médaille d’or à la Biennale Artistique et Culturelle de Juillet 1972.

Je jouais le rôle d’impresario (présentateur) lors de leurs concerts.

Vous vous souvenez peut-être, sous la 1ère République, il y avait les formations A (avec Djelimady Diabaté), B (avec Amadou Traoré dit Adès et Djelimady Tounkara) et C (Zany Diabaté). Lors de ce concert de début Août 1972, l’Orchestre a joué des morceaux tirés de la culture de plusieurs groupes ethniques du Mali, y compris le peulh, le bambara, le sonrhaï, le ouolof, etc. Des tribunes, un spectateur s’écria, en bambara: Voilà le vrai Orchestre National du Mali ! Dans mon rôle d’impresario, je réagis, au micro et sous les ovations du public: Vous avez entièrement raison ! À partir de maintenant, l’Orchestre régional de Ségou s’appellera Super Biton National. Super, parce qu’il est supérieur à tous les Orchestres du Mali, Biton de par son origine historique et National car son répertoire reflète la culture de toutes les régions du Mali.

Nous étions à l’époque en 2ème année de l’ENA (École nationale d’administration).

À la veille du 22 septembre 1972, Radio Mali interviewait les Ministres à tour de rôle. Yaya Bagayoko était Ministre de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports. Le journaliste de lui demander: M le Ministre, il paraît que l’Orchestre régional de Ségou est devenu Orchestre National sous l’appellation de Super Biton National ? Yaya Bagayoko répondit par l’affirmative, alors qu’il n’y avait encore aucun texte officiel en ce sens. Mais, comme on le sait, en général les Ministres ne veulent pas paraître en public comme ignorant ce qui se passe dans leur Département ministériel….

Il est vrai aussi que, depuis longtemps, les musiciens de l’Orchestre cherchaient un nom assez original pour remplacer le nom générique d’Orchestre Régional (commun à tous les Orchestres représentant les Régions lors des Semaines de la Jeunesse et des Biennales.

Mes relations avec l’Orchestre de Ségou remontent surtout à l’année scolaire 1970/1971. Vous vous souvenez peut-être, nous étions en 1ère année de l’ENA, Mamadou Dougoumalé Cissé et moi venions d’être élus respectivement Secrétaire et Secrétaire Adjoint à l’Organisation du Comité des Étudiants. Les élèves du Lycée Notre-Dame du Niger nous avaient sollicité pour les aider dans l’organisation de leur concert suivi de bal (comme c’était la mode à l’époque). Alors que leur préférence allait au Rail Band ou au Star Band du Motel (avec Laba Socé), je leur ai fortement recommandé d’engager plutôt l’Orchestre régional de Ségou. Elles étaient assez sceptiques au début, mais, fort heureusement, et le concert (au Stade Omnisports) et le bal (à l’ENA) furent un succès retentissant.

À la même époque, avec Papus Daff j’animais l’émission Samedi des Jeunes (plus tard appelé Jeunesse et Développement) de Radio Mali. Papus Daff était un employé de Radio Mali, j’étais tout simplement un bénévole. Les émissions étaient enregistrées les jeudis dans l’après-midi et diffusées en différé (après avoir passé la censure) les samedis dans l’après-midi. On ne s’entendait pas toujours quant au choix des morceaux de musique devant meubler l’émission.

Le Rail Band était le choux-choux de Papus Daff (qui l’appelait le champion de la musique africaine du Mali) alors que les morceaux de l’Orchestre régional de Ségou avaient ma préférence. Naturellement, le dernier mot lui revenait. Un jour de mai 1972, j’ai publié dans la rubrique “Courrier des lecteurs” de L’Essor un long article critiquant “ceux qui nous rabâchent tous les oreilles avec le slogan creux désignant le Rail Band comme le champion de la musique africaine du Mali“, soutenant que ce label revenait plutôt à l’Orchestre régional de Ségou et que ce dernier en ferait encore la démonstration, s’il en était besoin, lors de la Biennale à venir (celle de juillet 1972). Cette semaine-là, je m’abstins d’accompagner Papus Daff dans l’émission Samedi des Jeunes.

En réaction, comme morceaux d’accompagnement de ladite émission tout comme de l’émission “Soirée dansante” du samedi soir, Papus choisit exclusivement des morceaux du Rail Band, comme pour répondre à mon article. Heureusement pour moi, Ségou remporta le 1er Prix du concours d’orchestre tout comme à la Biennale de 1970.

Ps: il convient de rappeler que, lors de la Semaine de la Jeunesse de juillet 1968 (la dernière, avant le coup d’État du 19 novembre 1968), l’Orchestre régional de Sikasso (qu’Amadou Traoré dit Adès venait de rejoindre après le Pionnier Jazz de Bamako-Coura et l’UNI-Star) remporta le 1er Prix d’Orchestre moderne avec 17,25 sur 20, devant Ségou 2ème avec 17 points. Je me rappelle que ce classement fut fortement controversé. D’ailleurs, jusqu’au coup d’État, dans l’émission “Soirée dansante du samedi“, Radio Mali repassait les morceaux de Ségou et de Sikasso en demandant aux auditeurs eux-mêmes d’en juger.

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