Bamako Hebdo : Qui est Souleymane Diarra?
Souleymane Diarra dit Zikiri Solo: Je m”appelle Souleymane Diarra, mais je suis communément appelé Zikiri Solo. Je suis né en 1979 à Bamako, plus précisément à Banconi Salembougou. Mon père s”appelle Yaya Diarra, il vit, mais ma mère est décédée. Je suis marié à deux femmes et j”ai 3 enfants.
Comment êtes-vous venu dans la chanson?
Je suis aujourd”hui dans la chanson grâce au grand prêcheur Ousmane Chérif Madani Haïdara. Après avoir écouté ses prêches, que j”ai beaucoup aimés, j”ai accepté de faire le Baya (serment pour devenir musulman avec 6 chartes à respecter).
A travers les prêches de Haïdara, j”ai compris que le Jugement dernier sera difficile, car tous ceux qui n”auront pas d”arguments valables face au Bon Dieu et à son prophète Mohamed (PSL) n”entreront pas au paradis. C”est pourquoi j”ai décidé d”accompagner Haïdara dans son combat, afin d”apporter ma pierre dans l”enracinement et la bonne compréhension de la religion musulmane et de toujours être aux côtés de notre maître. Je voulais aider Bani, c”est à dire Ousmane Chérif Madani Haïdara, avec tous mes moyens.
Je voulais prêcher, mais j”ai compris que je n”avais pas cette capacité intellectuelle. J”ai donc commencé à écouter des cassettes de Bourama Diallo, qui faisait des chansons religieuses. Il accompagnait Bani avant, mais il est aujourd”hui décédé. J”ai commencé à chanter tout seul, avec des morceaux en hommage à Haïdara. Certains m”ont dit que si je m”impliquais trop dans la religion musulmane dès mon jeune âge, j”allais mourir tôt. D”autres m”ont saboté ou ont tout fait pour que je ne chante pas, mais tout cela ne m”a pas découragé.
Nous nous regroupions pour aller saluer les gens et, sur les lieux de prêche, on faisait des morceaux pour Bani. C”est ainsi que petit à petit nous avons commencé à avoir la confiance des gens. Nous sommes toujours restés au service de notre grand maître Haïdara qui nous a beaucoup soutenus.
Pourquoi avoir enregistré des cassettes?
Quand j”ai commencé à chanter, j”ai fait la connaissance d”une femme du nom de Fanta Guindo. Nous nous sommes rencontrés dans un lieu de décès où j”étais en train de chanter et où beaucoup de gens pleuraient. Elle m”a demandé mon nom, là où je logeais et voulait une cassette des chansons que je venais d”interpréter. Je l”ai fait et c”est ainsi que nous sommes devenus restés amis.
Fanta Guindo m”a proposé de mettre une cassette sur le marché et je lui ai répondu que, comme nous étions des mendiants, nous n”en avions pas les moyens. Elle m”a dit que si c”était à cause d”un problème d”argent elle était prête à payer. Elle m”a donné un million, ce qui m”a permis d”enregistrer l”album "Sana Yélè", mon premier album. C”est cette cassette qui a fait que beaucoup de gens parlent de Zikiri Solo aujourd”hui. C”est la même dame qui m”a ensuite remis 2 millions que je puisse faire les "Tariq du Prophète" (PSL). J”ai aussi enregistré un album sur la naissance du Prophète, PSL. Avant ça, j”avais fait une cassette avec un groupe de femmes. J”ai donc aujourd”hui à mon actif quatre albums, trois en solo et un autre avec un groupe.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confronté?
Bien avant que je ne fasse des cassettes, j”ai connu plusieurs sortes de difficultés dans ma vie, des injures, des menaces, des égoïsmes, des mensonges. Il y aussi eu des difficultés physiques. C”est pourquoi j”ai accepté de suivre Haïdara, parce qu”il a souffert lui aussi. Je suis venu m”ajouter à lui car nous menons le même combat.
Comment avez-vous fait la connaissance de Haïdara?
Je l”ai connu à travers ses prêches. Je l”ai apprécié tout de suite, parce que tout ce qu”il disait était la vérité. Cela peut plaire ou pas, mais c”est la réalité qu”il dit partout. Ce sont ces raisons qui m”ont poussé à l”apprécier.
A la sortie de mon premier album, je suis allé le voir pour le lui remettre, afin qu”il me fasse des bénédictions. Je l”ai approché parce qu”on ne peut pas faire une cassette sur quelqu”un et ne pas le rencontrer. C”est Dieu qui a fait que nous nous sommes connus et c”est ainsi qu”il est devenu mon père et moi son fils. Un père et son fils ne peuvent pas rester sans se voir.
Certains disent que vos morceaux sont utilisés dans les balani à Bamako. Qu”en est-il?
Je remercie le bon Dieu. L”un de mes objectifs, en faisant mes albums, c”était que mes cassettes puissent servir aux musulmans. Mais j”ai aussi demandé au bon Dieu de faire en sorte quelles puissent servir même à ceux qui ne sont pas les musulmans.
Mon souhait est que mes cassettes éduquent tout le monde. Pour les fils de musulmans, ça ne fera que renforcer leur foi et cela poussera les autres à comprendre et à embrasser la religion musulmane.
J”ai entendu en effet dire que les enfants jouent mes morceaux dans leurs soirées de balani et dans les rues de Bamako, mais je n”ai personnellement jamais entendu une de mes cassettes dans ce type de lieux.
Depuis que j”ai pris les engagements, les six chartes, auprès de mon maître Haïdara, j”ai décidé de ne plus mettre les pieds dans des rencontres de ce genre. Personne ne peut dire qu”il a l”habitude de me voir dans ces lieux, mais ceux qui veulent me faire du mal disent partout que je vais là-bas. Je lance un défi : s”il y a quelqu”un qui m”a vu dans des lieux de ce genre, qu”il le dise et je passerai le reste dans ma vie sans plus jamais parler de Dieu.
Les gens sont forts en mensonge et en calomnie. Mon album "Sanayélè" a fait que beaucoup de chrétiens ou d”athées sont devenus musulmans, c”est cela qui compte pour moi. Nombre de personnes m”encouragent dans ce travail, c”est pourquoi il m”est difficile d”aller sur dans des endroits où on ne parle pas de Dieu.
Existe-t-il une association qui regroupe les gens qui font des chants religieux?
Je remercie le bon Dieu. Tous les Zikiridala peuvent en témoigner, j”ai été le premier à demander aux gens de venir afin que nous puissions créer une association. J”ai appelé tout le monde. Je me suis déplacé pour certains et j”ai téléphoné à d”autres. J”ai même fait des voyages dans ce but, parce que le territoire malien est vaste. J”ai commencé par Gakou de San et Racine Sall. Nous nous sommes réunis et, quant nous avons créé l”association, c”est Racine Sall que nous avons choisi comme président. J”ai fait de mon mieux pour que nous soyons tous unis, Dieu m”en est témoin. Je les ai tous appelés parce que j”ai vu que nous commencions à être nombreux et qu”il ne fallait pas que Satan nous divise. Personne ne peut dire que je n”ai pas fait de mon mieux.
Vos collègues zikiridalaw ont-ils rencontré des difficultés pour faire des cassettes?
Dieu merci, il n”y a aucun différend entre nous, c”est l”entente totale. Je les aide de mes conseils, pour ceux qui veulent faire des cassettes, parce que je suis passé par là moi aussi.
Je suis mon propre producteur et, pour ceux qui viennent me voir, je fais leur cassette gratuitement, à cause de Dieu. Avant, on travaillait en studio avec Bagnini Koïta, qui était alors avec Baroubleni. Maintenant, il a son propre studio et je ne veux pas le quitter, car il m”aide beaucoup et met toujours son studio à ma disposition.
Rencontrez-vous des problèmes avec les pirates?
Personne ne peut échapper à cela, c”est une épidémie. Mais, pour le moment, même quand nous nous rendons compte que nos cassettes sont piratées, nous n”arrivons pas à en identifier les auteurs. Ce sont des gens n”ont pas peur de Dieu, car quelqu”un qui craint Dieu ne peut pas faire cela.
Faites-vous des concerts?
Nous ne pouvons pas faire des concerts ou des spectacles avec les autres artistes, car nous avons notre manière de faire nos concerts et nos dédicaces, qui est différente de la leur. Parce que nous chantons Dieu et rendons gloire aux prophètes et autres prêcheurs et imams. Chacun doit évoluer dans son domaine.
Avez-vous déjà pensé à la relève?
Nous avons commencé. Je travaille actuellement avec plus de 30 personnes et chacune d”elles sait aussi bien chanter que moi, sinon plus.
La relève sera donc assurée parce que nous nous sommes préparés pour cela et que tant que nous le ferons pour Dieu, nous pourrons nous tirer d”affaire. Je profite de l”occasion qui m”est donnée pour saluer tous les imams, prêcheurs et leaders religieux ainsi que notre grand maître Ousmane Chérif Madani Haïdara.
Je remercie votre journal pour m”avoir permis de m”exprimer, ainsi que son directeur, ses journalistes et tous ses autres travailleurs. Que Dieu vous accorde longue vie, à vous et à votre journal.
Réalisé par Kassim TRAORE
(Bko Hebdo du 3 Août 2007)
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