Quand tu jettes un regard sur ton parcours, penses-tu qu’il est positif ?
Oui ! Grâce à Dieu, aux bénédictions des parents et aux personnes de bonne volonté on dispose de petits moyens pour travailler. On a des moyens de transport, du matériel, une agence de spectacle "Nabaya World Music ", une maison de production "La voix de l’Afrique " etc. Je pense que c’est un bilan nettement positif. On est sur le chemin. Tout va bien par rapport au passé. On évolue avec les moyens de bord.
Etes-vous doux ou exigeants envers eux ?
Moi je suis très exigeant parce que mes parents ne m’ont pas toléré. C’est ce qui explique ce que je suis aujourd’hui. Il faudrait que je sois ainsi avec mes enfants. Sona Tata aussi est exigeante mais nous adorons nos enfants. Ce que j’ai visé en Sona Tata, c’est sa culture, son authenticité.
Veux-tu nous raconter tes débuts avec Sona Tata ?
En fait ma femme est une cousine. Je me souviens que lors du décès du frère aîné de Sona Tata, je quittais Kankan pour Kouroussa avec mon ami Kallo sur la moto, pour les condoléances.
Et dès que j’ai vu Tata, je me suis exclamé : " Voilà ma femme ! " En ce moment elle était très petite, faisait la 7ème année et n’avait pas commencé à chanter. A notre départ, elle aussi disait à tous ses camarades que j’étais son mari. Sur le chemin du retour, Kallo a constaté mon long silence et a demandé : " Papi c’est quoi, tu dors ? " Je lui ai dit non ! J’ai répondu que je me voyais avec Sona Tata, entrain de faire le tour du monde ! L’année suivante, quand je suis revenu, je lui ai demandé de chanter et Petit Condé était à côté.
Tata avait trop honte de moi. Elle ne pouvait pas passer tant que je suis assis chez eux. Elle était la prototype de la jeune fille malinké timide. Elle m’appelait en ce moment N’körö Sékouba (grand frère Sékouba, NDLR). Elle était très sage. Un jour je l’ai forcée à chanter avec moi. Quand elle a entonné " Djandjo ", j’ai dit haan ! Je lui ai demandé de venir à Conakry pour les vacances.
Et dès mon arrivée dans la capitale, j’ai conseillé son grand-frère de l’encadrer, parce que voyant en elle une future grande artiste. Entre temps elle vient en vacances à Conakry. Mais sa venue a coïncidé à mon départ pour
Sona Tata est suivie par son grand-frère Djéli Mory et va de répétition en répétition. A Paris, j’apprends qu’elle sort son premier album. Elle était petite et innocente et je débarque à Conakry le jour même de la dédicace pour l’épauler. C’est après tout ce mouvement que j’ai demandé sa main.
Son frère m’a dit que c’était une enfant d’abord, qu’elle a seulement vite grandi et de lui laisser le temps d’être mieux encadrée par la famille. J’ai répondu que c’était une bonne raison.
Mais nous on avait appris qu’on avait opposé à ta demande un niet catégorique et qu’il a fallu l’intervention de beaucoup de personnes’ ?
Oui, beaucoup de personnes sont intervenues. Je vous dis que je suis lié à Tata du côté paternel et du côté maternel. Son père est le petit frère de mon père adoptif. Elhadj Fonissiré Sékou Condé. Morisandan Condé est aussi le petit frère de celui-ci. Ma marâtre, la mère de Kabinet, est la petite sœur de Sona Djéli, celle-là s’appelle Bassira Kouyaté.
La maman de Tata et celle de M’Ballou Kanté, sont de même père aussi. Donc, eu égard à tous ces liens, il ne pouvait y avoir d’autres contraintes pouvant faire échouer ce mariage. Les neuf ans de retard du mariage, c’était juste pour la préparer, l’encadrer. Nous sommes des griots, il ne faut que nos mariages soient des feux de paille.
Comptes-tu avoir beaucoup d’enfants ?
Attention, le monde est tel aujourd’hui qu’il faut respirer en fonction de la capacité de ses poumons. Nous n’allons pas faire beaucoup'(Ils ont déjà deux garçons NDLR).
Sona Tata t’aime et ne le cache pas. Elle vient de te faire une dédicace à travers son dernier opus qui a plutôt réussi. Lui rends-tu la monnaie ?
Notre amour est partagé ! Et je pense que je lui rends bien. Je prépare la réponse de Simbo dans mon prochain album.
En plus je suis son mari, qu’elle me fasse plaisir, que je bénisse pour elle et ses enfants ou pas, elle a déjà la bénédiction. Parce qu’intérieurement je suis satisfait et honoré. Cette chanson " Simbo " ne m’a pas surpris. Je ne suis pas du genre à avoir la grosse tête. C’est pourquoi au début, j’ai préféré qu’on donne cet honneur à un de mes frères. Mais on m’a dit qu’elle ne fait qu’exprimer ce qu’elle ressent.
Mais je me suis tout de même inquiété en disant : " Est-ce qu’on appréciera ? " Finalement je me rends compte que la cassette a été bien accueillie sur le marché et la chanson a donné la voie a d’autres femmes d’aimer plus leur mari et de ne pas le camoufler. C’est plutôt positif
Propos recueillis par Abdoulaye Djenabou Diallo“