Le maître de la guitare mandingue moderne, cofondateur et soliste du Bembeya Jazz de Guinée, Sékou Bembeya Diabaté, est l’inventeur d’un style unique qui nourrit et inspire aujourd’hui tous les guitaristes du continent Africain. Lyrique, sensuel, constamment inspiré, égale à B.B KING, ce musicien hors paire nous a reçu à son domicile, à
Marié à Djanka Diabaté, la chanteuse surnommée Dianka la divine, Sékou Bembeya est père de quatre enfants. L’artiste fait la navette entre Conakry et Paris. Une vie parsemée de talents et de souvenirs. L’histoire et la vie de Sékou Diabaté se confondent avec celles du Bembeya Jazz national de Guinée. Natif de Thiro, dans la région de Faranah en haute Guinée, Sékou Diabaté est un autodidacte formé dès l’enfance à la tradition. Issu d’une famille d’artistes (Djely), qui jouaient le balafon et la guitare traditionnelle mandingue, il a su se forger très tôt du talent avec ces deux instruments, avec l’aide de son père.
En 1959, l’artiste fait ses premiers pas à Conakry, en maniant la guitare moderne avec l’aide de son cousin Papa Diabaté, allias " Grand Papa " pour les intimes, qui l’aidera par la suite à intégrer l’orchestre du Syli, premier orchestre Guinéen.
En 1961, Sékou fait sa première soirée avec l’orchestre de Kankan, en se faisant remarquer par l’expression de son talent de guitariste dont beaucoup parleront les jours suivants. C’est avec ce début de succès qu’Emile Condé, gouverneur de Beyla à l’époque, de passage à Kankan, propose à Sékou d’aller à Beyla. C’est ainsi que la vie de Sékou va changer car une fois à Beyla, il intègre le Syli orchestre qui était en manque de soliste et qui deviendra plus tard Bembeya (le nom d’une rivière qui traverse la ville de Beyla).Sékou nourrit des ambitions et devient le guitariste soliste et le pivot central de l’orchestre qui a révolutionné la musique urbaine de l’Afrique de l’ouest, à l’époque des indépendances. Pour réussir ses ambitions, il adopte un style unique, inimitable, reconnaissable entre tous, en s’inspirant à la fois de la kora et du balafon, deux instruments rois de la musique mandingue, mais aussi des musiques modernes captées à la radio très écoutée, comme tous les jeunes de sa génération. Il réussit une synthèse personnelle au service d’une identité musicale très forte. Le Bembeya, qui est formé en 1961, devient très vite le groupe phare de
En 1977, la prestation de Sékou Bembeya oblige les journalistes, lors du Fespac de Lagos, à lui donner le surnom de " Diamond Fingers " qui signifie " les doigts de diamant " . Meilleur guitariste au festival des arts panafricains, Sékou est aussi talentueux que modeste. Sékou Diabaté a peu enregistré sous son nom. Il n’a seulement que quatre albums. Les versions limpides et élégantes de Guitare de ”Diamond Fingers” font de lui un musicien mur, en pleine possession de ses moyens. Un guitariste qui n’étale jamais sa virtuosité, mais privilégie les couleurs de sa guitare dont il aime à dire, avec humour, qu’elle est " la seule femme de sa vie ".
Apres 50ans de carrière, l’artiste rêve de faire une carrière solo pour que le monde entier sache que Sékou a pu faire quelque chose en dehors du Bembeya Jazz. " La chose qui m’a le plus marqué c’est le morceau Regard sur le passé joué avec le Bembeya Jazz national car on peut y trouver plusieurs musiques et c’est le titre le pus célèbre du groupe" nous confie t-il. Une œuvre ne meurt jamais, le groupe est invité au Mali pour le Cinquantenaire du pays.
Kassim TRAORE