Salif Keita, artiste musicien à Jeune Afrique : .« Des chefs d’État ont sacrifié des albinos pour rester au pouvoir » .« Paris est en partie responsable de l’armement des rebelles » .« Nos hommes politiques ont perdu toute crédibilité ».

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De retour depuis vingt ans au Mali, le chanteur Salif Keita a vu la situation du pays se dégrader. © Alexandre Gouzou pour JA

En marge de la sortie de l’ouvrage qu’il a intitulé « Tooksipa et le tabouret d’or », Salif Kéïta a accordé une interview à notre confrère Jeune Afrique. L’artiste crache quelques vérités crues.

Sur la question du sacrifice des albinos, le célèbre chanteur maintient ses propos de 2012, selon lesquels, des chefs d’Etat ont sacrifié des albinos pour rester au pouvoir. « Je maintiens mes propos. Je connais les noms, mais je ne peux pas encore les donner. Ce qui est sûr, c’est que le problème touche toute l’Afrique. Il faudrait d’ailleurs tourner la question autrement et se demander qui, parmi nos grands dirigeants du continent, n’a pas eu recours à ces meurtres rituels d’albinos ou d’autres êtres humains », a-t-il affirmé sans ambages. Il a annoncé que sa fondation tente de monter des dossiers pour incriminer certains politiques. « Malheureusement, les témoins ont peur et se taisent », a-t-il regretté.

Se prononçant sur la situation au nord du Mali, il a fait savoir que « nous vivons un moment dramatique. « On est en train de nous amputer du nord du pays. Moi qui suis patriote, je vis vraiment douloureusement notre impuissance. Nous sommes littéralement désarmés face à l’insurrection, nos forces militaires n’ont aucun poids. Le conflit fait peur aux touristes et nous prive d’importantes rentrées d’argent. Mais il ne faut pas se tromper d’ennemi : ce ne sont pas les Nordistes », a expliqué Salif Kéïta. Pour lui, « si la France voulait que la guerre s’arrête, ce serait fini demain ». Le Domingo de la musique malienne va plus loin. « Le nord est riche en pétrole, en uranium et il est sans doute plus facile de marchander avec une minorité. Je pose aussi une question : qui a armé la rébellion ? Pour moi, Paris est en partie responsable », a-t-il fait savoir.

En répondant à une question relative à la responsabilité des dirigeants dans la crise, Salif Kéïta pense que « nos hommes politiques ont perdu toute crédibilité. D’abord parce qu’ils sont élus par des ignorants que l’on peut acheter pour 1 000 F CFA [1,50 euro] et un tee-shirt et qui, dès que le vent tourne, ne les soutiennent plus. Aujourd’hui, nous devrions tous être derrière IBK. Attention, je n’aime pas les hommes politiques : ils trempent dans trop d’affaires. Depuis le départ de l’ancien président Moussa Traoré en 1991, ce ne sont que des amis qui se succèdent au pouvoir, complètement déconnectés de la population et puis, beaucoup se sont servis de moi, de ma musique…  Mais je sais ce qui est bon pour le pays. Et, aujourd’hui, c’est de rester uni derrière un chef pour reconquérir notre souveraineté. Le problème d’IBK est qu’il est entouré d’hypocrites et d’opportunistes qui ne lui disent pas la vérité. Il a du caractère, il pourrait faire des miracles s’il était mieux conseillé », a-t-il justifié. L’enfant de Djoliba annonce qu’il a quitté le Parti Citoyen pour le Renouveau (PCR). « Je reste un citoyen engagé. Ce serait irresponsable de rester en dehors du jeu politique », a-t-il ajouté. Il a annoncé la sortie de son prochain album pour début 2017, une autoproduction.

B . Siby

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2 COMMENTAIRES

  1. Voilà et merci S.K pour cette denunciation a l’exemple du frère jah Fakoli.
    C’est ces genres de message que vos la vitrine de nos pays africains. Parlez haut et fort et les changements suivront de gre ou de foce.

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