ROKIA TRAORE: Rokia Traoré « Bowmboï »

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En deux albums, Rokia Traoré s’est imposée comme le talent le plus étonnant et le plus précoce d’Afrique de l’Ouest. Bowmboï, son troisième album, qui surpasse en virtuosité les précédents, trouve un parfait équilibre entre la musique traditionnelle et la vision du monde, résolument moderne, de l’artiste.
Loin de tous les clichés, Bowmboï échappe par ses audaces à toute tentative de classification trop simpliste. Une bonne part des enregistrements a été réalisée au Mali, avec des instruments traditionnels. Et pourtant, ce n’est pas de la musique traditionnelle. Rokia s’est également rendue à San Francisco pour enregistrer deux morceaux avec le Kronos Quartet, un prestigieux quatuor à cordes. Et pourtant, ce n’est pas non plus de la fusion.                   

« J’aime et je respecte la musique traditionnelle» explique la chanteuse. Nombre de musiciens, formés dès leur plus jeune âge à cette culture musicale et en général familiale, la jouent avec beaucoup de talent. Ce n’était pas mon cas, j’étais donc tentée de faire autre chose. Bien sûr, j’utilise des instruments traditionnels. Mais je leur donne une nouvelle forme d’expression et j’écris des chansons modernes aux accents très contemporains. » Quant à la fusion, elle n’est même pas certaine de savoir à quoi renvoie ce terme, à l’heure de la mondialisation. « Si j’étais née il y a un siècle, je n’aurais pas connu la musique américaine ou européenne, observe-t-elle. Mais le monde dans lequel on vit nous permet de puiser dans toutes ces sonorités que je porte en moi désormais. Je fais de la musique comme quelqu’un qui a écouté du jazz, du classique, du rock et de la pop, tous les genres de Louis Armstrong à Serge Gainsbourg, au même titre que les griots africains. » De ses débuts sur la scène de la « world music » à sa notoriété rapidement acquise, le parcours de Rokia est l’histoire d’une ascension vertigineuse. Issue d’une famille malienne instruite, cette fille de diplomate a pu, au fil des affectations de son père à l’étranger, s’imprégner de différentes cultures. Dans l’ethnie bamanan (bambara) à laquelle elle appartient, chanter en public n’est pas soumis aux mêmes restrictions que chez d’autres groupes ethniques. Quoique n’étant pas de descendance griotique, elle grandit avec un père saxophoniste amateur et un frère aîné collectionneur averti de disques vinyles. fabrique, notamment le mélange d’instruments traditionnels, comme le ngoni et le balaba (grand balafon du Bélédougou, terre de ses ancêtres), que n’a pas coutume d’associer la musique malienne.“

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