Reggae musique: A bâtons rompus avec Abdramane Coulibaly

1

« Mon reggae est plus revendicatif mais pacifique »

Sayarah, de son vrai nom Abdramane Coulibaly, est notre invité de cette semaine. Ce reggaeman, déjà auteur de deux albums, réside actuellement à Paris. C’est de passage à Bamako qu’il nous a accordé cet entretien dans lequel il nous parle du reggae, de ses albums, de la différence entre les reggaemen de l’occident et de l’Afrique. Aussi, il parle de Tiken Jah Fakoly, son ancien compagnon.

Bonjour Sayarah, pourquoi avoir choisi le reggae comme style d’expression musicale ?

Je fais la musique reggae pour exprimer ce que je ressens et pour attirer aussi l’attention de mes frères négro-africains sur le jeu malsain dans lequel certaines nations les ont plongés depuis des décennies. Et voilà, moi j’aimerai bien partager, à travers la musique reggae, l’expérience que j’ai pu avoir chez les occidentaux. Surtout avec les plus jeunes d’ici en espérant que ça puisse faire évoluer les choses chez moi en Afrique. Parce que je suis africain et sans complexe.

Vous êtes un reggaeman basé à l’occident et vous aimez chanter l’Afrique. Selon vous, il y a-t-il une différence entre le reggae occidental et le reggae  africain ?

Oui, je pense qu’il y a une différence entre les deux. Mais, ce n’est pas une différence du point de vue confort. C’est plus l’esprit même du rasta autour du reggae qui change un peu. La musique reggae est une musique qui doit exprimer la revendication, les maux et la spiritualité. Pour moi, ce sont les trois ingrédients de base pour celui qui fait du reggae. Souvent, on fait cas de l’amour aussi.  Moi, je pense que je n’ai pas choisi de quitter l’Afrique. Ça m’a été imposé par les choses de la vie. Et comme je suis croyant, je pense que c’est Dieu qui a décidé. Sinon, j’aimerais bien rester ici chez moi en Afrique. Car quand on est chez soi, on est à l’aise. Mais quand on est chez l’autre, on ne peut pas trop s’épanouir, même si on a tout. Je fais le reggae. Mon reggae est certes plus revendicatif mais pacifique. Tout est dans la façon d’écrire les chansons. De mon point de vue, la différence se trouve aussi dans l’écriture. Et puis le reggae souvent, quand on le fait en occident, on te force à le mélanger avec le style de la musique sur place pour pouvoir le vendre.

Donc je pense que comparativement, la différence entre le reggae de l’Afrique et de celui l’Occident est une question d’arrangements musicaux. En Afrique ici, on doit forcément se dire la vérité. Par contre en occident, il n’est pas tellement évident de faire ou de dire certaines malveillances. Je sais de quoi je parle.

A travers vos albums, quels sont les messages que vous  véhiculez ?

Dans mon premier album ‘’ Tellement à dire’’ produit en 2007, j’essaie de partager avec mes frères africains ce que j’ai appris en occident. Dans le même album, je déclare la flamme de mon amour à celle qui est devenue la mère de mes enfants aujourd’hui. Ça, c’est du côté amour. Le titre ‘’Allah massa’’ est dédié au Tout Puissant ALLAH.

Puis, il y a un autre dédié à ma mère. Le deuxième album sorti en 2009 en Côte d’Ivoire comporte des titres dédiés à mon combat. Cet album n’est pas encore sur le marché du Mali, car il faut que je m’inscrive d’abord au Bureau malien des droits d’auteurs.

 

‘’J’aimerai bien que Ticken Jah Fakoly m’explique ce qu’il y a entre lui et moi’’

Né en 1974 à Odienné en Côte d’Ivoire, Sayarah est l’un des derniers du groupe ‘’Djélis’’. Un groupe musical dans lequel il a évolué pendant longtemps avec Ticken Jah Fakoli et bien d’autres après avoir quitté les bancs en 4ème  année du premier cycle au profit de la musique. Le Jeune Reggaeman restera longtemps avec le groupe ‘’Djelis’’ composé de Tiken Jah Fakoly, Tom Cissé Vakantié. Après quelques cassettes produites avec ce groupe (notamment Djéli en 1993, Missiri en 1994, Mangécratie en 1997 et Coup de Gueule en 2003), Sayarah participe au festival Wallonie-Bruxelles en 1998.

‘’Tellement à dire’’ c’est ce que Sayarah ressent : sa vie en Côte d’Ivoire et en France, sa famille, ses frères, la société et la politique, beaucoup de réflexions empreintes de spiritualité qui l’amènent à ne jamais cesser de créer. Après avoir longtemps chanté avec Ticken Jah Fakoli, il décide de prendre son destin en main en 2004 et produit ‘’Tellement à dire’’ en 2007 comme premier album en Côte d’Ivoire. Deux ans plus tard, c’est-à-dire en 2009, il réalise son deuxième album intitulé ‘’Carte d’Identité’’ toujours en Côte d’Ivoire.

Au cours de cet entretien, Sayarah a déploré le comportement d’un de ses compagnons, Moussa Doumbia alias Tiken Jah Fakoly. « Je suis l’auteur compositeur des chassons de la plupart des premiers albums cités plus haut. Je déplore son comportement à mon égard et j’aimerai bien savoir pourquoi après tout ce qui s’est passé entre nous aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en France. Je souhaite qu’il m’explique ce qu’il y a entre lui et moi. Car je ne comprends pas son attitude vis-à-vis de moi ici en Afrique comme en France. Je pense qu’entre noirs quand on n’est pas chez nous en Afrique, on a le devoir d’être solidaires entre nous. Mais quand on est chez les blancs et qu’on se tire dessus, vraiment cela me fait du mal. Et j’aimerai bien comprendre ce qui se passe au juste. J’espère qu’à travers cet article, il pourra bien me répondre et j’ai bien envie de le rencontrer pour qu’on en discute. Comment on peut dire aux autres de s’aimer les uns, les autres alors que nous mêmes nous traînons notre charriot de haine ? Moi, je pense que ce n’est pas correct».

Par Ousmane Ballo 

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

  1. en realitee ticken musicalement il est bien,mais humainement les gens le connaissent mal.je n,ai rien contre lui,mais mon constat est qu,il est rasta de parole pas d,acte.le temp le dira…je lui est connu au studio le grenier a yopougon,ensuite chez le vieux mamadou doumbia,paix a son ame,ensuite au mali.

Comments are closed.