Pour les 20 ans de carrière de la diva Mama Toumani : Un concert géant sera donné le 03 décembre en l’honneur des vaillants soldats…

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Dans la mouvance  de ses 20 ans de carrière, la diva du Wassolo, Mama Toumani  Koné, héritière du grand musicien des Dossos ( Chasseurs), regarde dans le rétroviseur. A juste raison. Vingt ans, ce n’est pas vingt jours. Dans ses lignes qu’elle trace dans votre hebdo,  elle remonte le temps, nous brosse son parcours exceptionnel, égrène ses  difficultés et dévoile ses projets.  Redécouvrons-la plutôt !

Notre Voie : Voulez-vous lever le voile sur  votre carrière ?

Mama : Je suis Mama Toumani Koné, la fille du célèbre joueur de Dosso n’goni, Toumani Koné de Wassolo Djeblena. La musique et moi, c’est une longue histoire. Je peux dire que je suis née dans la musique parce que mon père  est un grand artiste. Lui aussi l’a héritée de ses tantes et de sa grande mère. Dans notre famille, la musique a un sens. Moi, depuis toute petite, je suivais mon père partout pendant ses cérémonies. C’est alors que j’ai embrassé la musique. Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école, mais la vie m’a appris beaucoup de choses.  Ce qu’il faut retenir, c’est que je suis sur scène  depuis 20 ans. J’ai à mon actif 4 albums. Le premier sorti  en 2002 a pour titre : ‘’hommage à Toumani Koné’’, mon défunt père. Le second est paru en 2004, avec comme titre ‘’Diangnèba’’. Le 3ème titré ‘’Kanuniogon’’est sorti en 2008. Enfin, le  quatrième qui date de 2015, a pour titre  ‘’ Dunu-Kassikan’’ ou Mousso gossi tchè.  Ce quatrième album m’a permis de voyager à travers le monde. Après sa sortie, j’ai été invitée en France du 24 octobre au 7 novembre. J’ai donné deux spectacles  à Bobigny, commune française située dans le département de la Seine-Saint-Denis pour le plaisir des enfants. Après, j’ai été deux fois invitée d’honneur  du festival International du général Dumas de Jérémie  en Haïti. Certes la musique n’est pas facile, mais durant les 20 ans, j’ai côtoyé plusieurs grands noms de la musique ; fait des tournées. Des collaborations ont été possibles grâce au soutien d’Alain Rubin qui m’a beaucoup soutenue dans ma carrière. Il m’a fait jouer à l’UNESCO devant des milliers de personnalités.

Notre Voie : Alors, 20 ans de carrière, faut-il mettre le champagne au frais ?

Mama : Oui, effectivement, le 22 septembre passé, j’ai soufflé la 20è bougie. Car, ma première émission télévisée  et mon premier album c’était un 22 septembre, date de l’accession à la souveraineté de notre pays. Je voudrais célébrer ces 20 ans de carrière pour rendre hommage à tous mes fans et à mes collaborateurs. Cela fait un bon moment que j’étais perdue. La célébration fera l’objet d’un grand concert le 03 décembre prochain au Palais de la Culture Amadou Hampathé Ba en l’honneur de mes nombreux fans, de mes compatriotes, des soldats tombés sur le champ d’honneur  et pour l’unité du Mali. Moi Mama, j’appartiens aussi bien au Wassolo qu’à tout le Mali, du Nord au Sud. Ce concert évènement marquant mes 20 ans de carrière sera placé sous le signe de la paix et de la cohésion sociale. J’en appelle à toutes les personnes de bonne volonté à se joindre à nous pour que cette fête soit un grand évènement. Un artiste sa force, ce sont ces fans. Donc, je demande à mes fans de sortir massivement pour me soutenir.

 

Notre Voie : parlant de vos difficultés qu’est-ce qu’on peut retenir ?

Mama : ce qui me fatigue, c’est le manque de producteur. Auparavant, c’est mon producteur qui s’occupait de mes œuvres. Vu que la musique ne paie plus, nous n’avons plus de producteur. C’est nous artistes qui nous occupons de notre production. Aujourd’hui, quand bien même vous avez  le talent, si vous n’avez pas de producteur, les choses ne seront jamais faciles et surtout si vous n’avez pas de moyen en plus. Vous avez plein d’artistes qui ont la tête pleine de morceaux, mais par manque de moyen et de producteur, ils ont dû abandonner la musique. Je demande à tous les gens de bonne volonté de m’aider dans mon art. Je n’ai pas choisi un autre métier que celui-là et je le fais avec amour.

Notre Voie : Des projets après le concert ?

Mama : je n’ai  pas mal de projets. Dans les jours à venir, je compte créer une fondation au nom de mon défunt père Toumani Koné. Cette fondation va œuvrer à prendre en charge les enfants en situation difficile. Je veux dans les jours à venir initier  un grand festival à son nom, car mon père de son vivant a tout donné à la culture malienne. Je ne veux pas que son nom disparaisse. Je veux que les enfants apprennent l’histoire du dosso n’goni dont mon défunt père fait partie des précurseurs. Il est le troisième créateur après n’gonifo Bourama et n’gonifo Sankè.  Cette figure emblématique de notre culture ne mérite pas de tomber dans l’oubli. Mon défunt père était comme un messie. Quand il chante une chanson et prédit un fait avec la volonté de Dieu cela se réalisait. Donc je suis ses pas et j’en appelle à tous les fils du Mali à venir nous aider.

Je remercie enfin le président de mon Association Alain Rubin pour son soutien.

Fousseyni SISSOKO

Source : Notre  Voie

Zoom sur une partie de la carrière de l’artiste

Mama Toumani Koné, en plus de son intense activité habituelle, a sorti en mai un second clip financé par AAMTK.

Après l’hommage rendu à feu Soumaïla Cissé, Mama a tenu à nous laisser un souvenir impérissable de notre ami Maxime Roumer, ponctuant ce clip réalisé avec Bibby Samaké sur les derniers mots de Maxime. Je veux les rappeler ici : « serrez-les rangs ! serrez-les rangs ! serrez les rangs !

Les proches de Maxime Roumer ont, de leur côté, pris la décision de pérenniser notre initiative commune des années 2017 et 2018, incarnée dans les deux festivals haïtiens du Général Alexandre Dumas qui ont eu lieu à Jérémie et Anse- d’Ainault, villes de la Grande Anse.

En 2020, pour donner suite à ces évènements, la délégation permanente du Mali à l’UNESCO, AAMTK, UNOGA (Université Nouvelle Grande Anse), associant d’autres délégations à l’UNESCO, avait décidé de la tenue d’une journée sur le thème : « les routes de l’esclavage ».

En raison des mesures de confinement et de distanciation pour cause de covid 19, l’initiative n’a pas pu se réaliser.

Cette année, AAMTK et Mama Toumani Koné, en partenariat avec African Cult, ont produit et réalisé un second clip, après celui consacré à Soumaïla Cissé. Il s’est agi, avec ce second clip, d’honorer notre ami et partenaire Maxime Roumer. Comme vous avez pu le voir et l’entendre, cet hommage se conclut sur les derniers mots adressés par Maxime à ses amis, aux Haïtiens et plus généralement aux Humains : « serrez-les rangs ! serrez-les rangs ! serrez les rangs ! ».

Avec notre partenaire AARMMI, nous gardons le projet d’inviter MTK à Paris, début 2023, pour lui faire rencontrer des responsables culturels, des médias et des collectivités territoriales pour leur présenter le dernier et remarquable album de MTK (financé par l’association).

Le 22 septembre, nous avons été invités à l’UNESCO. La délégation du Mali y commémorait l’indépendance du Mali.

A cette occasion, un film de Robert Guédiguian et Gilles Taurand, « twist à Bamako », fort, émouvant, drôle à certains moments, a été projeté. Ce beau film a donné lieu, après l’intervention de l’ambassadeur, son excellence Amadou Opa Thiam, à un échange avec la salle. Nous sommes intervenus pour souligner la qualité de ce film, la force de conviction et le talent de la toute jeune comédienne malienne, Alice de Luz qui tient le rôle principal aux côtés de Stéphane Bak. Nous avons aussi souligné le rôle des Donso dans l’ancienne tradition anti-esclavagiste au Mali et dans l’affirmation du rôle des femmes. Cet évènement nous a permis de rencontrer le nouvel ambassadeur Thiam à qui nous avons écrit le 26 septembre pour avoir une entrevue.

Rappelons qu’au titre de son agenda :

Mama doit se produire à Bamako, à l’occasion de l’évènement culturel « Femmes du monde », auquel une délégation haïtienne de huit personnes doit participer ainsi qu’un représentant marseillais d’AAMTK

Mama Toumani Koné a décidé de produire un évènement à Bamako à l’occasion de ses vingt années de carrière. J’imagine que Mama n’y oubliera pas, outre un rappel des classiques de son père, Toumani Koné, -voix des Donso et du serment des chasseurs initiés, base depuis toujours de la véritable charte de Soundjata Keita-, de répéter ce qu’elle disait en 2012, en s’adressant aux Maliens, au moment de la grande offensive fanatique qui assaillait le nord du pays : « ni sigui kamiri », assieds-toi et réfléchis.

Alain Rubin

Source : Notre  Voie

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