Parcours réussi : Boniface Traoré alias Roots Phéno, une figure incontestée du reggae malien

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Né à Wolodo, leader du mouvement reggae à Bamako, il vit paisiblement dans le quartier populaire de Djelibougou. Président et fondateur de l’association culturelle et artistique Farrawo Boniface Traoré alias Roots Phéno ne cesse de se battre pour l’émergence des artistes maliens. Dans un une interview, il nous parle de lui et de ses ambitions dans le showbiz

 

Comment avez-vous fait vos premiers pas dans la sphère de la musique reggae ?

Cela date de longtemps. J’avais une grande admiration pour Bob Marley et d’autres artistes de la mouvance. J’ai longtemps été amoureux de cette musique sans même savoir qu’un jour je prendrai le micro. Le reggae a contribué à approfondir mes connaissances sur pas mal de réalités de la vie et peaufiner mon jugement critique sur l’existence. J’ai atterri de manière progressive dans le reggae. Dans le passé je faisais du rap, ensuite je me suis attaqué au slam, Je participais également à des sound système reggae en qualité de rappeur et slameur. Au fil du temps le reggae s’est imposé de lui-même et m’est apparu comme une évidence. Je ressens cette forme d’expression musicale comme une suite logique du rap.

Quelle est la mission de votre association en terre malienne ?

L’association Farrawo, active depuis près d’une décennie, accompagne les jeunes talents dans la réalisation, la conception, la mise en œuvre et la promotion de leur création artistique. Elle intervient dans l’organisation d’expositions d’art, de concerts, de productions d’album et d’œuvres d’art tout en organisant des festivals autour de la culture malienne. L’association Farrawo dispose d’une salle de répétition et d’un studio d’enregistrement. Ce qui nous permet d’effectuer des enregistrements pour nos artistes et musiciens. Au-delà nous faisons la promotion de jeunes cinéastes à travers un programme que nous appelons « Ciné Underground ». Cette activité se déroule dans la structure de l’association à Djelibougou. C’est une opportunité de mettre le cinéaste face à son public afin de créer un espace d’échange interactif.

Quelles sont les activités majeures impulsées par l’association Farrawo ces dernières années ?

L’association Farawo impulse une somme d’activité dont« Lodjoura Kan »dont l’objectif est d’effectuer une tournée de sensibilisation en faveur des personnes handicapées physiques. Il est évident que le public handicapé est le plus souvent laissé pour compte. Notre pays doit tout mettre en œuvre pour leur intégration sociale et pour que les regards changent de manière définitive. Pour faire passer ce message, nous nous sommes déplacés dans différentes villes et régions administratives du Mali : dont Kati, Kayes, Bamako et Ségou. Malheureusement, suite à un manque de financement nous n’avons pas pu mener la mission à terme. L’association Farrawo est une organisation qui va sur le terrain et travaille au coude à coude avec les publics concernés. En 2012, nous avons organisé le Festival des Enfants de la Rue. Leur nombre est en perpétuelle augmentation au vu et au su de tout le monde. La deuxième édition a dû être reportée suite aux évènements qui ont endeuillé le pays. Depuis, on se concentre sur les concerts de jeunes artistes, les productions d’albums et les expositions d’art. La deuxième édition s’annonce pour bientôt. Actuellement nous organisons les soirées Jamaïcaines dont la troisième édition aura lieu le 3 septembre 2016.

Combien d’album avez-vous réalisé dans votre carrière musicale ?

Au total, j’ai produit deux albums en tant qu’auteur compositeur : « Mandé » et « DougoubaKonoSigui » avec la collaboration d’artistes divers de grands talents. Ce dernier a d’ailleurs été nominé aux Victoires du Reggae 2014. Par ailleurs je me réjouis aujourd’hui de la production de quatre albums réalisés par de jeunes artistes maliens. Ces albums ont été réalisés au sein de l’association Farrawo. Cela reste pour moi une fierté à part entière.

Comptez-vous élever la voix à propos de la crise du nord ?

Depuis quelques années la crise multidimensionnelle qui frappe le Mali ne peut laisser un artiste indiffèrent. J’ai déjà donné mon point de vue là-dessus. Il apparaitra sans faute dans l’album en cours de préparation qui sortira en novembre prochain.

Pouvez-vous me donner un avant-goût de cette création musicale ?

Le titre de la chanson qui fait référence à la crise du nord a pour titre  « Peace in Tombouctou ». C’est un appel à la paix dans le pays car une guerre sans fin ne rime à rien. Notre pays, et le monde, n’a vraiment pas besoin de ça.

Le Ministère chargé de la culture soutient-il l’association Farrawo dans l’exécution de ses projets et actions ?

Ils ont de très bonnes intentions, mais malheureusement le soutien financier fait défaut.

Aboubacar Eros Sissoko

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