Cela fait trois mois que la diva Oumou Sangaré est en France à Paris où elle travaille sur son prochain. Selon elle, le travail de production de l’album marche, car elle n’est pas seule, mais avec son groupe. En fait, Oumou Sangaré est avec le maestro Cheick Tidiane Seck, l’homme aux doigts d’or, qui manipule très bien le piano. En dehors du travail de studio, elle fait aussi souvent des concerts entre Paris, Allemagne et Bruxelles.
Cette diva piquée par le virus de l’agriculture n’a pas oublié son champ qui se trouve dans les alentours de Bamako. Elle compte finir vite son album pour retourner dans ce champ. Toute chose qui lui tient à cœur. Elle s’est dit attristée quand elle a appris qu’il y a eu un cas d’Ebola au Mali. Par contre, toujours soucieuse de son pays, elle s’est réjouie de l’adoption des documents de synthèse au compte du 3ème round des pourparlers d’Alger. Car son souhait est que le Mali reste Un et Indivisible. C’est pourquoi elle avait fait un single sur la paix en 2012. Voici les grandes dates de la vie de la diva Oumou Sangaré qui nous a été proposées par sa Maison de production.
Oumou Sangaré est l’une des chanteuses maliennes les plus célèbres auprès du public occidental. Issue d’une famille originaire du Wassoulou, une région boisée située au Sud-est de Bamako, où la tradition s’inspire directement des chants de chasseurs, à travers ses chansons, le timbre ample et vibrant, Oumou Sangaré dit ses convictions. Attachée à l’identité culturelle du pays, elle croit aux valeurs traditionnelles tout en pointant celles qui brident les femmes.
Oumou Sangaré naît à Bamako le 2 février 1968. Dès l’âge de cinq ans, elle commence à aguerrir sa voix à l’école maternelle, avec des mélodies de la tradition du Wassoulou, la région des siens, située au Sud du Mali, à 120 km de la capitale. Une région où les règles de castes, ailleurs en vigueur, n’ont pas cours ; où donc l’on peut chanter sans appartenir à un lignage de djéli (griots), personnages clés de la société traditionnelle mandingue, à la fois généalogistes, conteurs, historiens et chanteurs de louanges.
Oumou Sangaré n’est pas griotte. Quand elle a décidé de chanter, cela n’a déclenché aucun drame dans la famille. Car sa grand-mère était déjà une interprète adulée. Quant à sa mère, Aminata Diakité, elle lui enseigne le ton juste et l’art du chant. Oumou ne perd pas une miette des chansons qu’elle entend. Son premier concert en public est un concours organisé entre différentes écoles maternelles. Ce jour-là, elle chante devant 3000 personnes dans la salle de spectacle du Stade omnisports.
Ensemble national du Mali
Très tôt, elle se met à chanter dans la rue, tout en vendant de l’eau, gagnant ici ou là quelques pièces. Un maigre butin qui lui permet d’aider sa mère, délaissée par son époux, dont les souffrances ont nourri plus tard son engagement contre la polygamie et pour la cause des femmes. Dans les mariages et les baptêmes où elle commence à chanter, on apprécie de plus en plus sa voix. Dès lors, elle sait que son chemin n’est pas celui de l’école. Elle intègre l’Ensemble national du Mali, puis elle a été repérée par le vétéran du Super Djata Band, Bamba Dembélé, l’ensemble de percussions Djoliba, avec lequel elle sort pour la première fois du Mali en 1986. De retour au pays, elle recommence à chanter, ici pour des jeunes mariés, là pour célébrer un baptême, tout en se perfectionnant au répertoire traditionnel du Wassoulou avec Amadou Ba Guindo.
Contre la polygamie
Puis, vient le virage décisif. Un producteur l’embarque avec musiciens et espoirs à Abidjan. «C’était très dur pour moi de quitter la rue. Le gars qui m’a convaincue de faire un album a mis deux ans pour me persuader. Il m’a même acheté une voiture!», confie la chanteuse. En une semaine, elle enregistre au studio JBZ “Moussolou” (Les Femmes) pour le label Syllart. À sa sortie en 1989, un an après l’enregistrement pour cause de bande égarée, la cassette provoque un véritable raz-de-marée. Oumou Sangaré devient pratiquement du jour au lendemain une grande star. Elle chante en Wassoulou n’ké, une variante du bambara, ses thèmes de prédilection – exode rural, respect de la forêt, amour… –, défend la tradition mais, à l’instar de ses aînées, Nahawa Doumbia ou Coumba Sidibé, elle s’insurge contre la polygamie, les mariages arrangés et l’exploitation des femmes. Des femmes qui sont nombreuses à lui écrire du Mali, de la Côte d’Ivoire ou du Burkina Faso, pour l’encourager dans ses prises de position courageuses. Rebelle, Oumou Sangaré ? «Je dis ce que j’ai envie de dire et je fais les choses comme j’ai envie de les faire», nuance la chanteuse dans un de ces larges et francs sourires qu’elle distribue à tout vent avec une belle générosité.
Carrière internationale
Elle laisse définitivement tomber mariages et baptêmes. Elle ne se produit plus que dans de vraies salles de concerts et enchaîne les enregistrements : “Moussolou” en 1989 ; “Ko Sira” en 1993, enregistré à Berlin ; “Worotan” en 1996, avec la participation de Pee Wee Ellis, ancien saxophoniste de James Brown, et Nitin Sawhney. Son quatrième album, “Laban”, paru en 2001 uniquement en cassette en Afrique, se vend à plus de 120.000 copies au Mali. En 2003, paraît “Oumou”, un double-album regroupant tous ses succès, plus huit inédits dont des titres de “Laban”. Sa carrière internationale, enclenchée en 1992-1993 après sa signature sur le label anglais World Circuit, n’a cessé de prendre de l’ampleur. Désormais, Oumou Sangaré porte le son du Wassoulou jusqu’aux oreilles du Japon, du Canada et des États-Unis, au Maroc (festival d’Essaouira en 2002, l’année où elle ouvre un hôtel à Bamako), devant le public des festivals européens…
Magnifique chanteuse au port de reine, elle reçoit en 2001 le Prix de la musique de l’Unesco/Conseil International de la Musique, pour sa contribution à “l’enrichissement et au développement de la musique, ainsi qu’à la cause de la paix, de la compréhension entre les peuples et de la coopération internationale”. Attachée à l’identité culturelle de son pays, elle reste toujours sur le qui-vive et sait prendre le recul nécessaire: “Dans la tradition, il faut faire la part des choses. Sauvegarder à tout prix les bons côtés et rejeter le reste”. En business woman avertie, la chanteuse se lance en 2006 dans la commercialisation de 4×4. Elle fait importer les voitures de Chine, les moteurs du Japon et donne à ces modèles le nom de “Oum Sang”. Les années qui suivent, Oumou Sangaré continue à se produire tous les samedis (soir) à Bamako, sur la scène de l’hôtel Wassoulou, dont elle est propriétaire.
2008 : “Seya”
Sa production, “Seya” (joie en Wassoulou), arrive en 2009 et marque ses vingt ans de carrière. Les rythmes traditionnels de la musique Wassoulou y sont encore une fois irrigués de funk, la voix d’Oumou Sangaré toujours aussi majestueuse. Peaufiné par le musicien, arrangeur et producteur malien Cheikh Tidiane Seck, “Seya” est encore plus soigné et tonique que les précédents albums de la diva. Une cinquantaine de musiciens figurent sur cet album dont Tony Allen et les anciens cuivres de James Brown, Fred Wesley et Pee Wee Ellis. Comme à son habitude, Oumou Sangaré aborde des thèmes sensibles comme les méfaits de la polygamie, l’amour, l’altruisme, le combat des femmes ou les mariages arrangés des adolescents. Elle dédie le disque aux couturiers, créateurs et stylistes de Bamako qui lui ont façonné tant d’ensembles traditionnels. La Malienne est à l’Alhambra, à Paris, puis tourne ensuite dans toute l’Europe, s’arrêtant à Londres, Amsterdam, Ljubljana, Vienne…
KT (Avec Maison de disque)
Il faut payer les impôts c très important
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