DJ, mannequin, chanteur, musicien, compositeur de coupé-décalé, Oudy 1er s’est révélé au grand public avec son concept «le tchoumakaya». Il a enchaîné avec «Doudouba», «le Tounki fare», qui a été bien reçu. Actuellement, il est sur un nouvel album qui s’appelle «Never give up». Il fait partie des faiseurs de coupé-décalé les plus appréciés de sa génération. Entre deux concerts, Ousmane Ziakou Deen Camara de son vrai nom, alias OUDY 1er, s’est confié à notre collaborateur.
DJ au départ, donc des night-clubs, vous vous retrouvez sur les scènes. Comment s’est fait la reconversion ?
OUDY 1er : D’abord, avant de venir en Europe, j’ai été meilleur DJ au concours national de Disc-jockey. Arrivé ici, j’ai commencé à mixer dans les boîtes et à l’université et, c’est à cette période qu’est né le coupé-décalé. En tant que Dj, j’ai essayé d’apporter ma petite touche musicale à ce grand mouvement créé par des frères africains. Moi, je suis Guinéen, j’ai trouvé naturel de participer à ma manière à ce mouvement des jeunes africains pour conquérir le monde. C’est ce que je fais de la plus belle des manières.
On disait que vous aviez des textes légers, on vous taxait de faire rêver les jeunes avec ce concept éclair… maintenant vous vous rangez dans le clan d’artistes avec orchestre dans vos concerts. Comment se fait cette mutation ?
Ça se passe très bien pour moi. Ce qui est bien en ce moment, nous essayons de donner beaucoup d’espoir aux jeunes gens, leur montrer que dans la vie, quand on veut, on peut. Quand on se donne les moyens de la réussite, elle peut arriver. Montrer surtout à ces gens qui pensent qu’en Afrique il n’y a que la famine, la guerre, des maladies, qu’il y a la joie, de très belles choses et aussi faire prendre conscience aux jeunes qu’il faut se battre, car la réussite ne tombera pas du ciel. Quand on veut, on peut, et quand on se met au travail, ça paye ! Nombreux sont les Dj qui dormaient sur des tables, aujourd’hui, ils roulent dans de belles et grosses voitures. C’est pour dire tout simplement que quand on se met au travail, on peut avoir un lendemain meilleur.
Dans votre avant-dernier album, vous avez fait un featuring avec Petit Kandia et plein d’autres collaborations. C’est un retour aux sources ou vous voulez retourner la source pour votre carrière ?
C’est un peu des deux. Il y a un adage qui dit que celui qui ne sait pas d’où il vient, il ne saura jamais où il va. Moi, je suis un chanteur aujourd’hui reconnu internationalement, je suis Guinéen de père et de mère. J’essaie de me démarquer à ma manière, de faire plaisir non seulement à la Côte d’Ivoire, à la Guinée à qui j’appartiens ; j’essaie de trouver le juste milieu pour faire plaisir à tous mes fans à travers l’Afrique et le monde. Je pense que chez moi, j’ai une culture qui mérite d’être exposée et exportée parce qu’elle est très riche. Qui n’a pas connu Mory Kanté, Sékouba Bambino, sans oublier le Bembeya Jazz ! Je fais partie de la nouvelle génération, donc il est important pour nous de mélanger ce rythme que j’appelle Afro-beat à ma culture guinéenne. Voilà pourquoi je fais des featuring pour atteindre plusieurs rythmes de chez moi.
En apparence, vous brillez beaucoup, les jeunes veulent vous ressembler. C’est vrai, vous arrivez là par le fruit du travail. Mais pour dissiper le rêve de pas mal de ces jeunes quel peut être ton conseil à leur égard ?
Je dirai à tous mes frères que, dans la vie, il faut aller à l’école. C’est une basse fondamentale. Si je m’exprime aujourd’hui correctement, c’est parce que j’ai eu cette basse d’éducation ; j’ai eu mes diplômes. Je fais la musique aujourd’hui, demain, si j’arrête, je repars faire le métier de juriste. C’est pour vous dire l’importance de l’école dans la vie d’une personne. En tant qu’artiste, pour signer des contrats, il est important de savoir lire et écrire. Quand tu décides de faire un métier, il faut vraiment le faire sans tricher ; atteindre le succès peut être long, mais au bout de l’effort et du travail, il y a toujours la réussite. Le but n’est pas d’arriver tout de suite, le succès peut arriver d’un coup… mais avec le travail, on maintient longtemps le succès. Je dirai à mes frères de ne pas perdre espoir, de redoubler d’efforts. Mais pour nous artistes, c’est vrai qu’on est assez bling-bling, c’est pour aussi être présentable sur des chaînes de télévisions du monde, car quand on nous voit, on voit aussi notre continent.
On va se dire au revoir Oudy 1er, merci de nous avoir accordés cette interview. Vos victoires sont nos victoires, on se dit «Wontanara» comme on dit à Conakry.
«Wontanara», big-up à toute l’Afrique. Merci Mory pour cette interview qui montre et qui parle de tout ce que nous faisons ici en Europe, car l’Afrique n’est pas forcément au courant de tout. Ça peut être le pont entre nous artistes africains vivant en Europe et notre patrie mère l’Afrique. Je dis merci à toute l’Afrique et lui demande de soutenir tout ce que je fais. On est ensemble, que la paix soit en Afrique !
Mory TOURE depuis Paris