Neba Solo : Maître du balafon moderne

1

Officier de l’Ordre national du Mali, une figure emblématique de la musique traditionnelle malienne, tout en étant un innovateur ayant su moderniser l’un des instruments les plus symboliques de la culture sénoufo, le balafon, Souleymane Traoré, plus connu sous le nom de ‘’Neba Solo’’, âgé de 57 ans, est issu d’une famille paysanne, originaire de Nebadougou, un village situé à 46 km de Sikasso. Il commença à jouer le balafon dès son enfance auprès de son père.

Dans le cadre de la 3ème édition de sa tournée régionale, une délégation de l’Union des Journalistes Reporters du Mali (UJRM) a rendu une visite de courtoisie au roi du balafon dans la capitale du Kénédougou, Neba Solo.

Assis sur un tabouret entouré de ses apprenants dans son centre de formation sis à Hamdallaye, habillé comme d’habitude en tenue traditionnelle, Neba Solo, le visage dégageant la raideur des 57 printemps vecus,  nous accueille en souriant. Il procède dans son accent Senoufo en Bamanankan à la présentation de son groupe  avant d’entretenir la délégation sur quelques pans de son parcours musical.

Dans son récit, il a rapporté qu’animé par la passion de la musique, c’est en 1986 qu’il a déposé sa valise à Bamako, dans l’espoir de devenir artiste. Un soir, alors qu’il se promenait dans les rues de la capitale, une chanson d’Alpha Blondy attire son attention. L’instrument qui accompagne le morceau “Jérusalem” le fascine profondément. Marqué par cette découverte, il retourne dans son village en 1987 et confie à son père son désir de moderniser le balafon, instrument traditionnel des Sénoufos. Son père, bien que surpris, lui prodigue des conseils et l’aide à fabriquer son premier balafon modifié, tout en lui laissant la liberté d’apporter les changements qu’il juge nécessaires. Il modifie le balafon-basse en ajoutant trois lamelles supplémentaires pour enrichir sa sonorité et faciliter son accord avec d’autres instruments. Sa technique de jeu innovante rapide de gauche à droite se distingue de la méthode traditionnelle.

A la même année, Neba Solo présente pour la première fois son balafon modernisé. Rapidement, la nouvelle se répand : “C’est Solo qui vient de Neba qui a modernisé le balafon”. C’est ainsi que naît son nom de scène, Neba Solo.

Dans la culture sénoufo, le balafon occupe une place centrale. Il accompagne tous les moments de la vie : mariages, baptêmes, funérailles et même les travaux des champs pour encourager les cultivateurs. Conscient de l’importance de préserver et de transmettre cet héritage, Neba Solo crée un centre de formation dédié au balafon. Il y enseigne la fabrication des instruments, tout en formant les jeunes au jeu et au chant. Depuis la création de ce centre, plus de 50 jeunes y ont été formés, dont des étrangers.

Malgré son succès actuel, le chemin n’a pas été sans obstacles pour lui.  Selon lui, le moment où il commença à jouer le balafon, à cette époque les gens ne considéraient pas à juste titre cet instrument de musique. « On me méprisait et on me surnommait en bambara ‘’Faligalaka boukôla’’, mais je n’ai jamais abandonné » a-t-il confié. Grâce à sa persévérance, Neba Solo a parcouru de nombreux pays et s’est forgé une réputation internationale. Aujourd’hui, il compte neuf albums à son actif et deux nouveaux opus en préparation verront le jour cette année.  Selon Neba Solo, il existe deux types de balafons : le balafon sacré et le balafon simple. “Le balafon simple peut être joué par tout le monde, y compris les femmes. En revanche, le balafon sacré ne quitte jamais sa place et est réservé aux initiés”, précise-t-il.

Par Fatoumata Coulibaly

 

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

REPONDRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Leave the field below empty!