Premier lauréat du prix Lamissa Bengaly de la première édition du festival "Triangle du balafon", Néba Solo était parmi les invités de la troisième édition pendant laquelle il a animé la cérémonie d’ouverture. Nous avons saisi l’occasion de la cérémonie de clôture pour échanger avec lui sur le "Triangle du balafon", ses projets et ambitions et sur les jeunes balafonistes.
Je dois remercier le bon Dieu car le Triangle du balafon m’a ouvert des portes". Neba Solo a martelé cette phrase à tous ceux qui veulent l’entendre car son métier de balafoniste n’était pas bien compris au début. Dans sa mission, l’artiste est réconforté de voir qu’aujourd’hui un festival est organisé entre les balafonistes.
Neba Solo, de son vrai nom Souleymane Traoré, est natif de Nébadougou, un village situé à 40 km environ de Sikasso. Le fait de dire "Souleymane Traoré de Nébadougou" étant très long, ses amis, fans et parents ont préféré l’appeler Néba Solo pour simplifier les choses. Ce qui ne le dérange aucunement aujourd’hui.
Néba Solo fait partie des artistes maliens tels que Molobaly Keïta, Seydou Balani, Clé Tidiane ou Adama Micro qui ont valorisé le balafon. Mais, avant ceux-ci, le balafon comme instrument musique a été connu sur le plan national grâce à certaines sommités dont Lamissa Bengaly dont le trophée du Triangle du balafon porte le nom.
Parlant du festival annuel que le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire organisent, Néba Solo pense qu’il a permis la vulgarisation du balafon entre les trois pays. Mieux, il a créé un engouement tel que tous les jeunes de ces trois Etats veulent participer à l’événement à Sikasso. "Je ne le dis pas cela à cause du prix que j’ai reçu, mais tout ce qui est artistique et culturel fait gagner quelque chose. En plus des artistes, il y les vendeurs, boutiquiers et autres commerçants qui gagnent plus souvent mieux que nous".
A ceux-ci, Néba Solo ajoute les hôteliers, surtout avec les échanges entre les participants venant de plusieurs pays. Il y a aussi le fait que la ville est en fête et tout bouge: "Pour moi, cela est très important".
Côté artistique, l’enfant de Nébadougou n’est pas satisfait car, à part lui-même, aucun Malien n’a pu décrocher le trophée du festival qui est à sa troisième édition. C’est pourquoi a-t-il déclaré, il y a bien d’autres artistes maliens qui peuvent gagner le trophée Lamissa Bengaly, mais ils n’ont pas eu la chance de participer au festival.
Le manque de professionnalisme de nos balafonistes lors de cette édition n’est point une surprise pour Néba Solo car ils n’ont jamais eu des opportunités de ce genre: "Nous étions là à faire du balafon, comme des laissés-pour-compte. En réalité, les bafonistes n’ont jamais eu des chances de ce genre, c’est-à-dire des occasions comme le Triangle du balafon". Selon lui, les troupes de la Côte d’ivoire et du Burkina Faso, avant de venir à la compétition, se préparent en se fusionnant pour être fortes tandis que celles du Mali viennent sans aucune préparation et ne savent pas, pour la plupart du temps, ce qui les attend. Et malgré le modernisme dans le balafon actuel, les artistes étrangers se réfèrent toujours au passé "parce que les troupes burkinabés et ivoiriennes n’ont fait que des chansons maliennes basées sur la tradition et l’origine du balafon".
C’est pour cela que l’enfant de Nébadougou demande aux bafonistes maliens de faire de la création tout en se basant aussi sur la tradition car c’est ce que le public veut.
Actuellement, Néba Solo est en train de préparer le Festival sur le Niger qui aura lieu à Ségou au mois de février 2007. Mais ce qui lui tient à cœur, c’est son prochain album: "Nous sommes la-dessus et si tout va bien, l’album sera disponible début 2007. Les thèmes concernent les politiciens, les enseignants, les élèves et les médecins, en un mot chacun aura sa part d’une manière ou d’une autre". Pour le moment, la maquette est finie et il ne reste plus que le travail de studio qui est en cours.
Néba Solo souhaite que les autorités du Mali, surtout à celles de Sikasso, de faire du Triangle du balafon leur festival. Car il draine beaucoup de monde. Au département de la Culture de tout faire pour que les troupes maliennes puissent avoir une bonne préparation.
Kassim TRAORE
“