Vieux Farka Touré était de promotion à Madrid la semaine dernière pour présenter son premier album. A 26 ans, il se montre le digne héritier du légendaire guitariste malien Ali Farka Touré et signe un disque mature, à mi-chemin entre musique traditionnelle et influences modernes. Rencontre.
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On pense forcément à ton père, Ali Farka Touré, lorsqu’on te rencontre. Comment te démarques-tu, ou pas, de cette influence ?
rnAli et moi sommes deux personnes différentes, mais c’est vrai qu’on a les mêmes racines et le même feeling musical. J’essaye de continuer ce qu’il a fait. Il a commencé il y a très longtemps, et fondé son premier groupe au moment où a été proclamée l’indépendance du Mali (1960, NDLR). Forcément, en faisant de la musique en 2007 je ne peux pas faire la même chose. Le nom Farka Touré est lourd à porter. Les gens attendent beaucoup de moi. Je me demande toujours ce que le public veut. C’est une pression importante. Mais à la fois, cela me permet de travailler toujours plus, pour la satisfaction de mon public.
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Justement, peux-tu nous décrire ta musique. Tu te considères comme un musicien traditionnel ?
rnJe dirais plutôt "rock n’roll traditionnel !" [rires] Je mélange beaucoup de sons d’influences différentes qui, à la base, ne vont pas forcément ensemble, comme le jazz, le blues ou les musiques traditionnelles. Mais finalement, les racines de ma musique sont au Mali, pas ailleurs. On essaye de faire une musique pour tous, qu’ils soient vieux ou jeunes, d’Espagne, de France ou d’Afrique. La musique n’est pas pour une seule personne.
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Peux-tu nous parler des musiciens qui t’accompagnent ? Comment fonctionne votre processus de création ?
rnNous sommes cinq sur scène. Je préfère les petites formations. Même si je suis le leader du groupe, les musiciens sont avant tout mes amis. On est tous égaux. Je crée, je leur fais écouter et après ils me donnent leurs idées et leurs propositions et on avance.
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Le Mali est un vivier de musiciens… Qu’est-ce qui rend si spéciale la musique malienne ?
rnLa musique malienne est différente des autres, c’est vrai. Cela vient du fait qu’il y a beaucoup de dialectes car beaucoup d’ethnies : les Peuls, les Dogons, les Bozos,… et ces ethnies sont elles-mêmes composées d’autres ethnies. Il y a autant de sortes de musiques. C’est pour cela que la musique du Mali ne peut s’éteindre, à cause de cette profusion. Les jeunes générations de musiciens maliens perpétuent la tradition, en apportant leur touche de modernité.
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Tu penses que ce succès va perdurer ?
rnOui. La musique malienne est aujourd’hui à son apogée. Et j’ai confiance en l’avenir. Mais cela va dépendre surtout des musiciens, pas de la musique. S’ils ont le courage, la force de continuer, le succès continuera.
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Sur cette tournée et cet album, une partie des recettes est reversée à des projets humanitaires au Mali, en particulier dans la région de Niafunké, d’où tu viens. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
rnC’est la base du disque. 10% des bénéfices sont reversés aux associations et aux hôpitaux pour aider à combattre la malaria dans le nord du Mali, à acheter des médicaments, des moustiquaires…Lorsqu’on est venu me proposer d’enregistrer cet album, enregistré au Mali mais produit aux Etats-Unis, la condition était qu’une partie des recettes soit utilisée à des fins humanitaires.
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Quels sont tes projets ?
rnPour le moment il me tarde de terminer cette tournée et de retourner à Niafunké voir ma famille. Ma mère, mes frères et sœurs. Retrouver le calme de mon village et me reposer. Et je travaille sur un deuxième disque pour bientôt.
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rnPropos recueillis par Laurence DANTHONY. (www.lepetitjournal.com Madrid) lundi 29 octobre 2007
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