Comme à leur habitude, les artistes maliens s’étaient retrouvés très nombreux vendredi, à l’Institut français, pour rendre hommage à un des leurs. Il s’agit de Mamoutou Camara dit Mangala décédé le 29 septembre 2010. Cette soirée d’hommage était organisée et coordonnée par Cheick Tidiane Seck, le claviériste, chef d’orchestre et arrangeur hors pair. C’est à l’occasion de la sortie posthume du dernier album de l’artiste. Une soirée dont les bénéfices iront à la famille du disparu.
Résident en France depuis plus d’une décennie, Cheick revient chaque année au pays pour la concrétisation de projets, participer à des festivals ou tout simplement pour des vacances. Cette fois-ci il a décidé de regrouper ses confrères autour de la mémoire de Mangala, un grand homme de la musique malienne et dont tout le monde reconnaît ses talents d’interprète et d’auteur compositeur, mais aussi sa générosité.
Deux facteurs qui ont suffi pour que la salle de l’Institut français soit prise d’assaut par les spectateurs plus d’une heure avant le début de la soirée. En effet dès 20 heures, la salle était remplie, même les sièges supplémentaires qui avaient été rajoutés n’ont pas empêché certains retardataires de rester debout tout le long du concert. Après la projection de quelques photos de Mangala, arrive le maître de cérémonie Cheick Tidiane Seck, pour annoncer les chasseurs pour donner le ton. Il s’agit du groupe de Souleymane Konaté dont la musique et les intonations vocales ressemblent beaucoup à celles Toumani Koné, maître incontesté dans cet art. Il a chanté pour ceux qui savent s’occuper de la famille des disparus. Cette célèbre chanson rappelle aux survivants que nous avons une dette envers les descendants des morts.
Ce fut ensuite au tour le jeune Cheick Siriman Sissoko, révélé par l’émission de télé réalité Case sanga qui interprète « Koutounbé », une chanson traditionnelle des Kansonké que Mangala avait modernisée. Une chanson qui invoque les complaintes d’un orphelin. Sissoko est comme un fils spirituel du défunt dont il a été choriste et bassiste dans le dernier orchestre. La jeune génération : Mariam Koné, Naba Traoré, Master Soumi, M’Bouillé Koïté et les plus anciens et reggaemen comme Koko Dembélé, Askia Modibo et le flûtiste adepte de la musique latino américaine Taras étaient aussi de la fête. D’autres grosses pointures : Babani Koné, Fati Kouyaté, Tata Bambo et son époux, Toumani Diabaté à la Kora et même Amadou et Mariam, le célèbre couple non voyant ont également tenu à être présentes à cette majestueuse célébration. En trois heures d’horloge, Cheick Tidiane a réussi à donner un bel aperçu de la musique malienne.
Hier dimanche, un remake de cette production devait être donné à la Maison des jeunes de Bamako avec les mêmes artistes. Ce qui devait permettre à un public plus large de participer à cet hommage.
Mangala Camara naquit en 1960 à Kéniéba, dans la région de Kayes. Dès l’âge de 11 ans, il fait ses premiers pas musicaux dans le Tambaoura Jazz de Kéniéba. En 1980 et 1982, il participe à différentes éditions de la Biennale artistique et culturelle du Mali avec l’Orchestre régionale de Kayes.
Salif Kéïta l’emmène chez les « Ambassadeurs du Motel », où il devient choriste et batteur. Mangala s’enrichit de cette expérience et a la possibilité de voyager et de faire des tournées en 1985. Il est lauréat du grand prix RFI Découvertes en 1986.
Après un séjour parisien très riche en couleurs Mangala retourne en 2001, au bercail. Il enregistre un album plus traditionnel avec Yakouba Sissoko (kora) et Lansine Kouyaté (balafon). L’album portait le titre « Chants et musiques de Griots ». En 2006, il enregistre un nouvel album sous la houlette d’Ibrahima Sylla de Syllart Productions. Cet album, « Minye Minye » (je suis comme je suis) rencontrait un franc succès. La même année 2006, Mangala chante sa version majestueuse de « Mali Sadio » dans l’album « Boulevard de l’Indépendance » de Toumani Diabaté.
Y. DOUMBIA
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