Lauréat du prix Découvertes de RFI en 2004, le chanteur malien Idrissa Soumaoro met fin à un long silence discographique avec Djitoumou. Un chaleureux album qui met enfin en valeur l’expérience de cet artiste attaché à la mission d’enseignant. Né en 1949 à Oueléssébougou dans le « Djitoumou », d’où le nom de son album, Idrissa Soumaoro est aujourd’hui inspecteur de musique. Seul diplômé en musicographie braille (pour non-voyants), l’homme enseigne depuis 18 ans à l’institut national des aveugles (Imav). Ce troisième album de 12 titres est le couronnement de plus de 40 ans de carrière musicale.
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Bardé de diplômes d’études de piano, de guitare, de flûte ou de musicographie braille, glanés au Mali ou aux Royal National Collège & Academy of Music en Angleterre, Idrissa consolide ses acquis à travers les orchestres régionaux du Mali, les Ambassadeurs de Salif Keïta ou le Rail Band. Sa musique se nourrit essentiellement des traditions du Kôtè ; un théâtre traditionnel englobant danse, comédie et musique. Aujourd’hui, ses textes rêvent d’un monde équitable, d’une société solidaire et use de l’humour pour peindre sa société. Djitoumou, sorti en France depuis mai dernier est un album qui a vu la participation de plusieurs artistes de renommée comme Salif Keita, feu Ali Farka Touré, Kandia Kouyaté… « Connu de ses compatriotes pour être un chanteur satirique, Idrissa Soumaoro tient à "apporter sa petite pierre à l’éducation sociale". A plusieurs reprises, sur cet album, dont le titre évoque la région du Mali où il est né, Idrissa Soumaoro s’adresse aux siens comme s’il était loin d’eux : pour donner des conseils dans le titre « Sigui ka fô » et dire la nécessité de savoir s’asseoir et écouter afin d’éviter les différends ; pour appeler à l’humilité avec Bèrèbèrè au lieu de se croire immortel… Le jeu d’
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Ali Farka Touré vient ici renforcer cette impression de sagesse tranquille. Quelques jours avant d’être emporté par la maladie, le guitariste emblématique du blues malien avait tenu à honorer l’invitation de son compatriote qu’il connaissait depuis l’époque où tous deux intervenaient dans les concerts des Ambassadeurs du Motel », avait écrit notre confrère l’Annonceur sur l’artiste. Issu d’une famille où la musique n’est pas un métier, l’homme a vite incarné sa génération à travers sa musique faite de rythmes variés entre la Rumba, le Blues, la musique populaire malienne et la musique des chasseurs et du jazz. Amoureux de la musique depuis le bas âge, le père du rappeur Ramsès, du groupe Tata Pound commença sa carrière étant élève. Il jouait déjà au kamale n’goni, la guitare qui lui a été enseignée par son frère Idrissa Diakité. De 1973 à 1978, le musicien hors-pair a travaillé pendant un bon bout de temps avec des artistes et groupes comme les Ambassadeurs de Salif Kéita, Koly et les Acolytes à l’Hôtel de l’Amitié qui ont fait le beau temps de la musique malienne. Djibril Sacko
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