Comme un psychotrope, la musique malienne a été assez désabusée dans plusieurs domaines : piraterie, droit d’auteur, production… Mais, il est courant d’entendre les Maliens tenir des propos du genre : la musique malienne se porte bien, le Mali caracole en tête du classement de la musique en Afrique. Toutes ces appréciations sont portées par la grande majorité des femmes qui adorent la musique made in Mali. Ce jugement positif que portent les femmes sur notre musique tire principalement son explication de leur dévotion à l’émission Top Etoiles.
Certes, les efforts tendant à soutenir la musique malienne méritent d’être reconnus parce qu’elle contribue au rayonnement culturel de notre pays sur le plan sous-régional et continental. L’émission, dans son expansion, a également mis sur orbite des talents sûrs qui sont aujourd’hui des vedettes de grande renommée.
Il convient cependant de signaler que ces efforts consentis par l’ORTM à travers l’émission Top Etoiles, dans le cadre de la promotion de la musique malienne, semblent être piétinés par les inconditionnelles de première heure de l’émission à savoir les femmes. Car, après avoir mené le combat contre la piraterie, les femmes ont comme trahi les artistes en croisant les bras.
Dans l’émission Top Etoiles, l’animateur invite régulièrement les femmes et les hommes à soutenir les œuvres artistiques et musicales en n’achetant que des cassettes et CD portant le logo du bureau malien du droit d’auteur. Grands amateurs de musique, il est établi que l’écrasante majorité des Maliennes n’achètent pas de cassettes ou CD. Elles se contentent de se satisfaire auprès des hommes dont elles tordent la main pour se procurer les œuvres des artistes.
Pire, certaines femmes préfèrent débourser 3.000 à 5.000 FCFA comme frais de taxi pour aller regarder l’enregistrement d’une émission Top Etoiles plutôt que d’acheter une cassette ou un CD. Comme si cela ne suffisait pas, elles proposent 5.000, voire 10.000 FCFA à l’équipe de production pour crever l’écran. Pour cela, elles débarquent tôt sur les lieux de l’enregistrement afin d’occuper les premières loges.
Pourtant, ces femmes clament haut et fort qu’elles soutiennent la musique et lancent au visage des artistes : “AN bissa aw nofè”. Ce qui signifie littéralement : “Nous mourons avec vous”. Par ailleurs, avec cette ère de téléchargement de musique par Bluetooth, les femmes sont longuement en avance. En effet, elles accumulent des centaines de morceaux dans la mémoire de leur téléphone et sont encore prêtes à dire aux artistes “on attend vos nouveaux opus”. Qu’elles soient jeunes ou non, conscientes ou pas, les femmes sont les premiers pirates de la musique.
Zoumana NAYTE