Depuis les plus profondes racines de notre histoire , la musique s”entend comme une pratique culturelle , pouvant ou non posséder une dimension artistique , mais qui a un rôle social indéniable : louanger les braves, encourager les peureux, louer les hauts faits, dénoncer les travers ou les entorses aux règles. Elle a également un rôle spirituel.
La musique, chez nous, c”est avant tout, le sens qu”on accorde à sa valeur affective ou émotionnelle. Des pratiques musicales associées à un même contexte culturel, définissent un certain type de musique .
Chaque culture a essaimé ses propres types de musique , totalement différents à la fois dans leur style, dans leur approche, de la place qu”elle doit avoir dans la société. Parler de la musique de tel groupe social, de telle région du Mali, ou de telle époque, fait donc référence à un certain type de musique qui peut recouper des éléments totalement différents.
Au Mali, pendant longtemps, la musique, chez toutes les cultures, a été une question de sens et de contenu. L”évolution des formes musicales est née de la volonté des compositeurs de déstructurer un équilibre entre le rythme et le contenu, surtout pour faire comme « tout le monde », pour s”adapter à ce train sans forme et sans couleur, dénommé « World music ». Elle se manifeste par une platitude des contenus, des chanteurs sans assises sociales et sans répondant culturel, bref une musique ne reposant plus que sur la belle voix de la chanteuse ou la cacophonie d”un accord douteux.
L”évolution du langage musical qui a dénaturé sa fonction sociale chez nous, est surtout due pour la plupart, à la recherche du gain. La musique avant tout, et toute définition doit repartir de là, est un art (celui de la Muse, dit-on). Elle est donc création , représentation , et, bien sûr, communication. A ce titre, elle utilise certaines règles ou systèmes de composition, des plus simples (pur aléa ) aux plus complexes. Comme toute création, la musique crée l”inconnu avec le connu, le futur avec le présent. Mais la musique est évanescente. Elle n”existe que dans l”instant de sa perception .
Depuis la généralisation des moyens techniques d”enregistrement du son, l”oeuvre peut également s”identifier à son support : l”album de musique , la bande magnétique ou à une simple calligraphie de la représentation du geste musical propre à transcrire l”oeuvre du compositeur.
L” informatique musicale a fait évoluer encore cette notion d”oeuvre, puisque à présent un simple logiciel est susceptible d”engendrer « automatiquement » une oeuvre musicale ou de produire des sons avec lesquels l”interprète est censé réagir.
Alexis Kalambry
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