Musique et consommation de cassettes : Attention aux espèces en voie de disparition

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L’apparition des téléphones avec musique, des clés USB et autres accessoires de musique ont sonné le glas des cassettes audio et a jouer sur la production de nos artistes. Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez eu à acheter une cassette audio dans le marché ? Où, vous vous rappelez peut-être de la dernière fois où vous avez appris la sortie d’une nouvelle cassette de nos artistes !

Pourtant à longueur de journée, nous continuons à consommer la production des artistes par quel moyen sur toutes les ondes audio de la capitale, et en images aussi à la télé ? Bon ou mauvais comme attitude culturaliste ? Reste à savoir.

Au début des années 2000, les artistes maliens s’étaient réunis autour d’une fédération (fédération des artistes du Mali FEDAMA), pour lutter contre la piraterie de leurs œuvres aujourd’hui. Ce thème semble ne plus être d’actualité,  au même moment où toutes les couches sociales de la population civile, sont devenues quasiment des pirates industriels de la chanson au Mali,  et utilisent systématiquement les œuvres des artistes, de façons exagérée et sauvage. Sans penser que c’est l’effort individuel ou collectif d’une personne qui  se trouve être exagérément utilisée de la sorte. Et de façon impunie.

Il suffit d’aimer une chanson, pour qu’on s’adresse aux proches qui peuvent vous trouver, vous le dénicher même, sans u sous à débourser le plus souvent, la nouvelle chanson d’un tel ou telle artiste. S’il ne vous l’envoie pas par BLUETOOTH. Au cas contraire, on peut se rendre dans n’importe quel secrétariat public de Cyber espace, y télécharger des sons et des musiques de chansons, qu’on va vous céder à 500fcfa. On peut avoir facilement 50 morceaux comme çà sans avoir acheter une seule cassette ou un CD.

Cependant lorsqu’on aborde ce sujet plus que délicat, vu que c’est tout le monde qui en tire partie, n’importe quel interlocuteur d’en face, nous fera savoir ou fera semblant, de ne rien savoir de ce phénomène, pour ne pas être pris pour un des coupables virtuels de l’anarchie, qui règne dans ce secteur de la production musicale, aux œuvres plus que piratées et eux-mêmes les artistes, dépossédés de leurs talents.

Pour exemple, un soir à l’émission grand public de l’animateur Man Ken,  en l’occurrence «Top Etoile» sur le petit écran de l’ORTM, Yah Kouyaté (artiste malienne) en a profité pour bien signaler ce phénomène nuisible à plus d’un titre. Lorsqu’elle a été appelée une fois, par une fane, pour lui annoncer que c’est sa musique qu’elle utilise comme sonnerie de son téléphone portable, tellement qu’elle l’aime, elle a commencé à réfléchir et à prendre conscience de l’ampleur du phénomène. Drôle de façon d’aimer un artiste !

Pourtant, ce fan ne sait pas même pas qu’elle agissait en mal, qu’elle était entrain de faire du mal à son idole en lui disant des choses pareilles. Les artistes ne s’hasardent même plus à faire des acapela ou des attalakou (petit bout de chanson) sinon, le lendemain matin, ils risquent de retrouver ce petit air sifflé ou chanté en live, hors scène, tout petit bout de morceau ou chanson, sur tous les bluetooth des portables, téléphones mobiles sophistiqués, de la capitale : Bamako. Pour ne pas dire dans tout le Mali entier : Ba MALIBA.

De cause à effet, voilà ce qui fait que cette année, on n’a même pas enregistré 1% de production artistique. Exceptées quelques sorties officielles d’albums neufs, comme celui de Babani Koné, de Doussou Bagayago, de Solomane Diarra, Iba One, principalement.

La question qui se pose enfin est de savoir si les artistes maliens ont- ils peur désormais de sortir des albums gratuitement, pour ne plus avoir à perdre tout leur argent, dès lors, comme jetés par la fenêtre ? Y’a-t-il encore des  producteurs avisés majors producteurs au Mali qui peuvent réellement leur assurer une sortie d’œuvres musicales qui ne sera pas piratée aussi facilement et accessible à tous sur le marché de la fraude et de la consommation illégale de sons ?

Leur syndicat institué en la Fédération des Artistes du Mali (FEDAMA) est-t-elle toujours en fonctionnement et sur une bonne marche pour pouvoir dire haut et fort ce que subissent les artistes et leurs militants actuels des fans club et amicales, venant à la rescousse comme l’association africaine de coopération artistique (2ACA), née le dimanche 2 octobre 2011 à Missabugu, avec des jeunes artistes, engagés auprès des mécènes culturels, sponsors locaux et adhérents membres actifs ?

Que pensent nos autorités du domaine culturel et artistique de ce phénomène ? Allons nous continuer à regarder impuissant les artistes maliens se débattre, se faire sucer le sang («babylone system is a vampire», chantait Bob Marley, victime lui aussi des pirates, mais à une moindre échelle aujourd’hui) au vu et au su de tout le monde ?!!!  Nous prions et espérons, bien sûr que non.

 

Issa Kaba SIDIBE


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