Au début de ce mois de septembre courant, l’université Postdam a organisé un colloque international sur le Hip-Hop en Allemagne. Ledit colloque, qui a été organisé avec le soutien de la fondation Volkswagen, a enregistré la présence de trois rappeurs africains : un Egyptien, un Marocain et un Malien, à savoir Ismaël Doucouré alias Master Soumy.
De retour de l’Allemagne, le jeune rappeur malien a fait le point sur le colloque international auquel il a pris part. Master Soumy affirme que, d’une manière historique, le Hip-Hop s’est toujours présenté comme un mouvement intelligent (Hip-intelligent et hop= mouvement) mettant le citoyen au cœur des débats pour la défense perpétuelle de la cause des démunis.
En fait, dans sa lutte contre l’injustice et l’obscurantisme dans le monde, le Hip-Hop, à travers son pilier incontournable qui est le Rap, a envahi toute une planète entière. D’une manière générale, le virus du rap s’est répandu de continent en continent et ensuite de pays en pays. Face à ce style musical révolutionnaire et dénonciateur des maux de la société, l’Afrique non plus n’a pas fait exception à la règle.
Au Mali particulièrement, la jeunesse ayant joué un rôle majeur dans la révolution de 1991, qui a abouti à l’avènement de la démocratie, a décidé de s’exprimer à travers le meilleur moyen pour atteindre cet objectif. Considéré pendant longtemps comme fossoyeur et synonyme de délinquance ou instrument qui pervertit la société, le rap malien a connu une nouvelle époque, à partir des années 2000.
Pour Master Soumy, le respect d’un certain nombre de principe, l’équidistance de l’Etat par rapport aux religions renforcent la stabilité sociale. Le hip-hop, de par son essence et sa nature, c’est-à-dire passer du mauvais au bon, inclut automatiquement le respect de cette équilibre. Selon Master Soumy, le rappeur se donne comme mission de dénoncer ce qu’il estime ne pas être bon dans la société et de mettre en lumière ce qui est caché, en allant dans une logique de porteur de la voix des sans voix.
Toujours selon Master Soumy, le rappeur, en qualité de messager, s’exprimant dans un langage sans ambages et percutant, invite la société à prendre conscience de son évolution et de sa dégradation, interpelle les dirigeants sur leur gestion du pouvoir et amène la jeunesse à réfléchir sur ses droits et devoirs par une prise de conscience de son rôle dans la construction nationale et dans la stabilité publique.
“Dans un régime démocratique, les rappeurs mettent en garde et dénoncent les dérives du système. Ils sont considérés par le bas peuple comme les défenseurs des plus démunis et le syndicat du droit de l’homme. Le rap sert aux laissés pour compte de s’exprimer et aux politiques d’avoir le ressenti de leur mode de gestion et de parer aux insuffisances, de garantir la stabilité politique. Dans la société, le rappeur apparaît comme un messager, la conscientisation, le moralisateur, bref le porte-parole des sans voix”, a affirmé Ismaël Doucouré dit Master Soumy.
Master Soumy a déploré l’envahissement du hip-hop malien par une nouvelle génération de rappeurs, avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il fustige le fait que ces nouveaux rappeurs, au lieu de conscientiser la population, ont mis le rap au service de la perversion, de l’éphémère et du dépouillement de la moralité dans la jeunesse sous le regard passif et la complicité plaisante de l’État.
Le conférencier a conclu en disant qu’il est nécessaire de comprendre que le rap est en même temps une profession, de même valeur que le juriste, le médecin, l’économiste, le cordonnier… Et que le rappeur malien, africain, européen ou américain a un dénominateur commun: celui de la défense du droit des populations et de l’intérêt public.
Modibo KONÉ