Mariam Sangaré dite Sista Mam, Une fidélité absolue à la splendeur du reggae : « Chez nous les rasta, nous célébrons la vie car dans notre jargon la mort n’existe pas »

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Elle est l’une des plus belles réussites musicales du continent. Elle, c’est Mariam Sangaré alias Sista Mam. Née au Mali où elle a été bercée dès le plus jeune âge par la musique,  Mariam Sangaré décide d’en faire  un métier à coté d’une carrière de juriste. C’est ainsi qu’après ses études en droit international public, Sista Mam embrasse la musique. Un rêve qui devient une réalité après avoir été longtemps choriste derrière les grands artistes de reggae du continent tels que Koko Dembélé, Ajaman Heslem… Avec un album comptant 9 titres baptisé Afrique, cette valeur sûre du reggae continental a  bien voulu se confier à Bamako Hebdo.

 Bamako Hebdo : D’où vient le sobriquet Sista Mam ?

Sista Mam : chez nous les Rasta on est tous des frères et sœurs. C’est pourquoi on appelle les hommes Ras (maitre) et les femmes Sister (sœur). C’est cela qui m’a inspirée et qui colle au diminutif de mon prénom. D’où Sista Mam.

 Que pouvez-vous nous dire sur votre parcours musical ?

Sista Mam : je suis au début de ma carrière musicale. Je suis toute nouvelle car je suis juste à mon premier album. Toutefois, je chante depuis l’âge de 9 ans. Mais comme mes parents le voulaient, il a fallu finir mes études. Il est vrai aussi que j’ai longtemps fait le chœur derrière les grandes figures du reggae du continent et même des artistes de la musique mandingue.

Sista Mam a t-elle été dans une école de musique?

Non, pas une école de musique proprement dite. Mais j’ai beaucoup travaillé avec un maitre de chant qui est au conservatoire de Bamako et à l’Institut National des Arts. C’est  ce dernier qui m’a appris les techniques vocales. J’ai également évolué avec la chorale Bantouane depuis 2005. Bien que je sois musulmane, elle m’a très bien accueillie et j’avoue qu’au sein de cette chorale j’ai beaucoup appris.

Quels sujets, traitez-vous essentiellement dans vos chansons ? Qu’est-ce qui vous inspire ?

Mes chansons parlent des fléaux qui minent notre société. Je m’adresse beaucoup aux jeunes comme  moi, je les conseille de ne pas se laisser emporter par la facilité, de se mettre au travail car c’est en travaillant que nous bâtirons une Afrique meilleure. Et contrairement à ceux qui pensent que l’Afrique est un dépotoir parce qu’elle est pauvre, je dis que l’Afrique n’est pas pauvre. Car elle a tout ce qu’il faut. Je m’inspire beaucoup des discours de nos anciens dirigeants. Par exemple, le dernier titre  de mon album est un discours de feu Modibo Keita à travers lequel je fais passer une leçon à la génération d’aujourd’hui qui a peut être oublié les ambitions de ce dernier et de ses compagnons. De ce fait, je m’interroge sur notre parcours durant les cinquante années passées et sur les projections pour les cinquante prochaines années. Ce discours devrait être à jamais une source d’inspiration et d’exemple pour tous ceux qui rêvent d’un lendemain meilleur.

Etes -vous satisfaite de votre jeune carrière musicale ?

Oui, je suis satisfaite car nous sommes dans un pays où les mélomanes écoutent peu ce rythme. Après la sortie de mon album, beaucoup de personnes se sont mobilisés autour de moi pour la promotion. Je profite d’ailleurs pour dire merci à tous les hommes de media qui m’ont soutenus, sans oublier ceux qui de prêt ou de loin, n’ont ménagé aucun effort pour m’accompagner. Je leur dit que je ne suis qu’à mes débuts et que je compte toujours sur eux.

Selon vous,  est ce que  la musique reggae fait vivre  celui qui s’y consacre aujourd’hui en Afrique et particulièrement au Mali?

Je ne parlerai pas seulement du reggae mais de la musique en général. Comment est-ce que les artistes peuvent, de nos jours, vivre de leur art avec la piraterie  qui est une véritable plaie.  Franchement, pour moi, la musique ne peut pas faire nourrir son homme. Cela, tant  que les autorités compétentes ne mettent pas fin à ce fléau. Quoi qu’il en soit, nous continuerons à faire  de la musique par plaisir. Je pense qu’il est temps pour les autorités compétentes de prendre des mesures draconiennes pour vraiment mettre fin à ce fléau.

Quels sont vos projets musicaux  ?

Je suis, pour le moment,  sur l’enregistrement de mes clips dans la continuité de la promotion de mon album. Je suis en partance aussi pour le Benin et le Burkina Faso pour les festivals annuels de reggae. Je prépare également mon festival qui aura lieu, ici, à Bamako, à l’occasion de  l’anniversaire de la naissance de  Robert Nesta Marley dit Bob Marley.

Pourquoi cette préférence et un mot pour la fin?

Juste parce que chez nous, les Rasta, nous célébrons la vie et non la mort. D’autant plus que dans notre jargon, la mort n’existe pas.  Comme mot de la fin, je dis merci  au Journal Bamako-Hebdo pour tout ce qu’il fait pour la promotion de la nouvelle génération. Merci à tous mes fans et au peuple africain. Big up à tous les Rasta de part le monde entier.

 Entretien réalisé par clarisse Njikam

 

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