Mamou Sidibé, fille de Bourama et de Manzé Diallo, est née à Zaniéna-Noumoula, dans la commune rurale de Niéna, région de Sikasso. La diva de Ganadougou est une artiste musicienne bien connue du public malien. Cette native de Ganadougou met son engagement au service de la promotion du patrimoine culturel de Ganadougou. Elle vient de créer à cet effet un festival, «Sente», dont la 1 ère édition se tiendra les 15, 16 et 17 avril à Niéna.
Question usuelle. Comment vous êtes venue dans la musique ?
Je suis venue dans la musique à travers mon père. Il était balafoniste et accompagnait les cantatrices qui chantaient pour galvaniser les cultivateurs. Je les suivais au champ pour chanter avec elles. C’est comme ça, que j’ai appris à chanter. Mais, si c’est devenu mon métier, c’est grâce à Oumou Sangaré. J’ai fait trois ans chez elle. Malheureusement, pour moi, je n’ai pu faire un album avec elle. Mais elle m’a aidée à devenir une vraie artiste.
Combien d’album avez-vous sur le marché et de quoi parlent vous chansons ?
J’ai six albums sur le marché. Le premier est sorti en 1999, le deuxième en 2003, le troisième en 2007… et le sixième sera très bientôt sur le marché. Mes chansons parlent très généralement du quotidien de Ganadougou qui est basée sur l’agriculture. Je me suis dit que les cultivateurs jouent un rôle très important dans le développement du pays. Elles (chansons) parlent également des faits et gestes de nos ancêtres. Ils ont beaucoup travaillé pour le rayonnement de la culture traditionnelle malienne. À travers mes albums, j’exhorte les jeunes à aller vers la valorisation de notre culture. Il ne faut pas surtout qu’on oublie nos vraies valeurs au profit de celles de l’Occident. Quand tu ne mets pas tes marchandises en valeur, il n’y aura personne pour l’acheter.
Avez-vous fait des tournées hors du Mali ?
Oui, j’ai fait des tournées en Europe ainsi qu’en Afrique. Après la sortie de mon premier album, feu Tecno Issa et moi, on est allé en France pour le festival Afrique colore. Ensuite, j’ai été en Allemagne pour trois mois, à Londres, en Suisse et également à Bruxelles pour le festival Voix de Cam. Maintenant, concernant l’Afrique, j’ai fait des tournées en Côte d’ivoire, au Burkina, au Cameroun.
Comment parvenez-vous à gérer votre foyer avec tous ces voyages ?
Avec toutes ces tournées ! Il suffit de s’entendre avec son mari et tout en consacrant un temps pour la famille. Je m’entends bien avec mon mari et mes enfants ont reçu une bonne éducation.
Pourquoi avez-vous pris l’initiative d’organiser un festival, avez-vous des partenaires ?
Mon festival s’appelle «Sente» qui désigne l’ensemble des chanteurs traditionnels de la musique traditionnelle de Ganadougou. La plupart des vrais chanteurs de «Sente» sont décédés. En réalité, je n’ai pas connu ces chanteurs. Mais j’ai eu la chance de connaître Djouroukoro Diallo, qui était un musicien, et Gninè Samaké qui était aussi une chanteuse de Sente. Ceux-ci m’ont appris à chanter «le Sente». Du coup, j’ai vu que cette musique est propice au développement de la culture de Ganadougou.
En effet, cette façon de chanter est en train de disparaître. Raison pour laquelle, j’ai pris l’initiative de créer le festival «Sente» afin d’inviter les gens à redécouvrir la culture de Ganadougou. À travers ce festival, le monde entier connaîtra le «Sente». Ça sera également une occasion pour les jeunes, surtout les jeunes de Ganadougou qui sont nés à Bamako, de découvrir beaucoup de choses de leur culture et de connaître les différents noms de la musique traditionnelle de Ganadougou.
En ce qui concerne les partenaires pour le festival, je n’en ai pas pour le moment. À part Bakary Togola de l’Apcam et Seydou Natounmé de Toguna, qui m’ont toujours accompagnée dans tous mes projets. Mais j’ai donné une carte de soutien à tous les cadres de Ganadougou qui vivent à Bamako, pour m’aider à réussir ce pari. Le début de toute chose est difficile, mais on ne peut pas abandonner son projet parce qu’il est difficile à réaliser. Sinon, jusqu’à présent, personne d’entre eux n’a réagi d’abord. Si j’avais attendu qu’on me tende la main, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. Il faut toujours faire le premier pas pour que les autres suivent.
Pour moi, s’il s’agit de développer la musique traditionnelle de mon village et je ne reculerai jamais. J’ai une fois investi trois millions pour aller présenter «Le Sente» en Côte d’Ivoire.
Avez-vous un message à l’endroit de la population malienne en général, aux ressortissants de Ganadougou en particulier ?
Mon message, c’est d’inviter tout le monde à prendre part au festival de la découverte du «Sente». Je demande à tous les jeunes artistes de s’engager pour valoriser notre musique, car personne ne viendra le faire à notre place… Une fois de plus, mon ambition dans la vie, c’est de faire revivre «le Sente».
Propos recueillis par Assétou Y SAMAKE/Stagiaire