Mamani Kouyaté est connue, pour être une grande artiste mais aussi la sœur cadette de Tata Bambo Kouyaté. Elle avait disparu de la scène musicale avant de réapparaître depuis peu. Mœurs l’a rencontrée pour vous à Oulofobougou-Bolibana, dans sa grande famille paternelle.
C’est bien Mamani comme ça ?
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Oui, je suis Mamani Kouyaté, descendante d’Assa et Sétou Demba, de Coumba Soumano et de Binta Guèye. Mais j’ai beaucoup d’autres mamans. Côté père, je peux citer Mamari Kouyaté, Sinimory Kouyaté, Tiémogoba Kouyaté etc.
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Tu viens d’où ?
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Nous venons du fin fond de la brousse…de Samanyana. Nous sommes des ‘’Maniga djéli’’.
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Pourtant, c’est à Bamako qu’on te connaît?
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C’est tout à fait normal. Mon grand-père, Bandjougou Kouyaté, est l’un des premiers habitants de cette ville. C’est lui qui a débroussaillé le premier l’espace que nous occupons.
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Nos pères se sont installés ici, ont épousé nos mères. Nous-mêmes nous sommes nés ici.
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Quelle est le vrai lien entre Tata Bambo et toi ?
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Elle est ma grande sœur. Nous sommes de même père et de même mère. Notre papa a épousé beaucoup de femmes mais nous sommes tous du même père et de la même mère. On ne fait pas de différence entre nous. Notre aînée est Dènè Kouyaté. Elle habite chez elle à Kalaban. Ici, c’est la maison paternelle. Bientôt, moi-même, je vais quitter.
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Pour aller où ?
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Je déménage dans ma maison à Garantiguibougou à la porte même de l’aéroport. Elle n’est pas complètement achevée mais est sur le point de l’être.
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Es-tu mariée ?
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Oui ! Mes beaux-parents sont à Bagadadji. J’ai trois enfants.
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Comment as-tu appris à chanter?
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J’ai été confiée, dès le bas âge, à la petite sœur de ma mère, Binta Guèye. Elle était installée au Sénégal. Ce sont eux que les Sénégalais appellent les ‘’Boula ‘’. J’étais donc avec elle et chaque fois les Maliens organisaient une fête, elle s’y rendait avec moi. A l’époque, j’avais entre 7 et 8 ans. C’est comme ça que j’ai commencé petit à petit.
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Tu as combien d’albums à ton actif?
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Beaucoup. Le premier, je l’ai enregistré en 1984. Dans cette cassette je parle de moi-même. De cette période à maintenant, je suis à mon septième album. Le dernier, qui n’est pas encore sur le marché malien, s’intitule ‘’ Cricrima ‘’. Elle est déjà en vente en France, mais pas encore au Mali. Je m’apprête d’ailleurs pour sa dédicace qui sera pour bientôt.
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Tu parles de quoi dans cette cassette ?
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Je donne des conseils. Certaines personnes passent leur temps à raconter des médisances sur les autres. Tu peux aussi te marier à une femme qui n’est pas faite pour toi et ça ne va pas loin. Ce sont des faits de société. On trouvera après la dédicace, la cassette chez ‘’Seydoni’’ quoiqu’elle ait été enregistrée en France. D’ailleurs, elle sera bientôt sur le marché.
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Expliques-nous ta longue absence du pays ?
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Il n’y a rien de mal. Etre artiste va de paire avec les déplacements. Tout comme les ‘’jatigi’’ ont besoin de nous au Mali, ils ont besoin de nous ailleurs. Nos ‘’jatigi’’ sont un peu partout ; en Amérique, en France, en Italie etc. Et quand ils nous font appel, on est obligé de répondre. C’est pourquoi vous ne me voyez pas. Sinon quand je suis à Bamako, je suis à votre entière disposition.
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Les ‘’jatigi’’ de France s’intéressent-ils autant aux griots ?
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Bien même. Ils s’occupent de nous autant que ceux de Bamako. En tout cas, ils font de leur mieux. Ils nous donne de l’or, de l’argent, des terrains, des voitures même du diamant. J’ai passé 12 ans de ma vie en France dans la main des ‘’jatigi’’
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Compte tenu des difficultés à se loger en France, est-ce les ‘’jatigi’’ qui t’ont tendu la perche ?
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Ce problème concerne peut être ceux qui vivent dans les foyers. Les femmes ont moins de problèmes de ce côté et il y en a même qui vivent dans des pavillons.
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La méfiance semble être un réflexe bien partagé dans votre monde, cela est dû à quoi?
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C’est ce qui est bien. La méfiance, c’est parce que beaucoup de choses se passent dans ce milieu comme ailleurs. La jalousie est très marquée. Pour des causes futiles. Par exemple, un tel qui a su te frayer un chemin et qui ne voudrait pas que ceux qui viennent après l’atteignent. Ceux qui ne voudraient pas qu’on parle d’eux de la même façon que les autres. On a recours même aux charlatans pour que l’autre n’avance pas mais recule plutôt etc.
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Moi, à mon avis seul l’entente paie. Un dicton Bambara ne dit-il pas que c’est quand les oiseaux s’unissent qu’ils peuvent faire grand bruit? On doit se tenir la main parce qu’on est de même père et de même mère. Il n’y a pas de raison pour qu’on ne s’entende pas.
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Toute bouche créée par Dieu vient avec sa chance. Les hommes se fatiguent sinon Dieu a un plan pour chacun.
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As-tu personnellement rencontré des difficultés du genre?
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Moi ? Dieu merci, aucune ! Seulement pour ce qui est des cassettes, vous-même qui êtes nos ‘’jatigi’’ vous le savez fort bien. Les pirates nous portent préjudice. Je parle au nom de tous les griots. Le bénéfice que l’on tire de la vente de nos cassettes ailleurs, on n’en a pas la moitié ici. Des difficultés existent dans tout métier mais moi, particulièrement, je n’ai pas eu par la grâce de mes parents et de celle de mes ‘’jatigi’’.
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S’il n’y avait pas ces pirates, penses- tu pouvoir réaliser des bénéfices ?
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Si vous prenez les devants, c’est possible. Au contraire si les pirates vous devancent, vous n’avez rien.
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Quelles solutions préconiserais-tu alors ?
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Je dis aux autorités de nous aider dans cette lutte, parce que c’est de la vente de nos K7 que l’on peut espérer une bonne retraite. Tout artiste vit du produit de son art et à sa retraite, les droits liés à l’exploitation de ses oeuvres. Ses enfants doivent même en profiter à sa mort.
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Que les autorités aient pitié de nous. Notre carrière prendra fin un jour. Si les pirates ne sont pas combattus, on va mal finir.
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D’autres ambitions ?
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Pour le moment, je pense uniquement à la promotion et à la dédicace de mon prochain album. J’ai aussi des contrats que je dois honorer.
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Un mot sur ces contrats ?
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Je viens de faire un enregistrement en Italie avec une ‘’Jazz woman’’ américaine installée en France et mondialement connue : Brigitte Waters. L’albums’intitule ‘’Solhala Mahamadou’’ Il y a aussi Han John. J’ai fait des disques avec eux. Les radios en parlent souvent.
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Qui vous a mis en contact ?
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On s’est connu à travers Cheik Tidiane Seck. Il jouait au ‘’Rail band’’ et a aussi travaillé avec beaucoup d’artistes. Maintenant, il joue du piano en France. Il est devenu aventurier par la force des choses. Actuellement où je parle, il est au Mali.
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Ton mot pour terminer ?
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Dire aux ‘’jatigi’’ que, présentement, je suis à Bamako dans ma grande famille. J’avais voyagé maintenant je suis de retour et à leur entière disposition.
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Sans eux, on nous, nous ne pouvons rien devenir ; qu’ils soient grands ou même petits.
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Entretien Binta Gadiaga
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COULISSES
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Babani Koné
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‘’Je suis la tigresse des jeunes griottes, celle qui sent bon le plus, qui a la meilleure toilette.
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Encore elle ! Lors du concert dédicace de M’Baila Soumano, notre Sirani nationale a de nouveau ravi la vedette. Vers la fin de sa prestation, qui était fort attendue comme d’habitude, elle a crié qu’elle était la tigresse de la génération montante ‘’Djélidéen qu’à waraba yé Sira yé’’. Et de préciser qu’elle serait celle qui sent bon le plus, qui s’entretient, qui fait mieux sa toilette.
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A-t-elle tenu ces propos un tantinet provocateurs dans l’euphorie, histoire d’amuser la galerie? En tout cas ça n’a pas été du goût de certaines personnes qui se sont senties frustrées; d’autres lui ont même répondu indirectement.
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Oumou Sangaré est vraiment pleine aux as.
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Elle s’est illustrée le jour du concert dédicace en distribuant plein de sous aux artistes, à commencer d’abord par M’Baila, dont c’était la fête. Elle s’est déplacée jusque sur le podium pour l’en ‘’arroser’’. Combien ? Allez savoir ! Ce qui est sûr, elle en a tellement distribué que même de simples passants en ont reçu.
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Quant à Mamani Kouyaté elle a reçu plein de sous et des carreaux.
rnElle a tellement chanté les louanges de la diva du Wassoulou que cette dernière a fini par lui demander ce qu’elle voulait d’elle :
-‘’J’ai fini ma maison mais je n’ai pas l’argent des carreaux.’’
-‘’Je te donne la quantité de carreaux qu’il faut pour ta maison. Si tu trouves pareils carreaux dans l’appartement d’une autre personne, tu me les retournes’’.
‘’ Ce n’est pas tout, je veux un véhicule Oumsang’’ c’est-à-dire la marque de véhicules ‘’tout terrain’’ portant le nom que l’artiste représente au Mali.rn
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