Née à Bamako au Mali et élevée par sa grand-mère maternelle dans la plus pure tradition bambara, Mamani Kéïta n”a qu”une petite vingtaine d”années lorsqu”elle arrive en France, au tournant des années 90, mais déjà une belle réputation derrière elle, pour sa participation active à la scène artistique malienne, de la troupe de théâtre de Oulofobougou à l”orchestre Badema national du Mali.
rn
Aussitôt accueillie par la communauté africaine de Paris, elle se fait rapidement remarquer en intégrant le groupe de choristes de Salif Keita et en participant à un certain nombre de projets novateurs et atypiques, jetant des ponts entre musique africaine et jazz avec Jeffrey Smith, Hank Jones et Cheikh Tidiane Seck. Invitée à intégrer la formation "Tama", menée par le guitariste anglais Sam Mills et le Malien Tom Diakité, elle participe à Londres à l”enregistrement du disque "Espace" paru sur le label de Peter Gabriel, Realworld. En 2005, elle enregistre quatre chansons inédites pour la bande originale du film "Kirikou et les bêtes sauvages", réalisée par Manu Dibango.
rn
Mais c”est indéniablement l”album de world electro expérimental "Electro Bamako", conçu en collaboration avec le Français Marc Minelli, qui lui ouvre, en 2002, les portes d”une reconnaissance internationale, tant publique que critique. Il apparaît évident, aujourd”hui, qu”en intégrant sa voix inimitable à des contextes hybrides, mêlant rythmes jazz et sonorités électroniques, Mamani Kéita, sans jamais édulcorer sa tradition, ouvrait là d”inédites perspectives à la musique africaine contemporaine. Elle s”est battue comme pour se faire une place au soleil. C”est ainsi que sa rencontre avec Nicolas Repac, compositeur, guitariste et arrangeur (Arthur H, Michel Portal…) a accouché d”un disque magnifique "Yelema", qui allie à merveille instruments africains (balafon, tama, bougarabou, n”goni…) et sonorités modernes.
rn
Les arrangements subtils du Toulousain magnifient la voix de la Malienne. Après la sortie de cet album, elle a fait un tour à Bamako, donnant deux spectacles au Centre culture français avec Nicolas Repac. Pendant son séjour, elle échangé avec bon nombre d”artistes de sa génération pour les encourager. Aujourd”hui, Mamani Keïta fait partie des artistes qui font bouger la musique malienne en Europe. Dans cet album, composé de douze titres, elle fait le chant, Nicolas Repac est à la guitare et aux arrangements; Patrick Goraguer à la batterie; Jérôme Goldet à la basse et Moriba Koïta au n”goni. Mamani Keïta chante son enfance, les difficultés de la vie et les problèmes auxquels les femmes sont confrontées dans leur foyer. Yelema est comme un hymne au changement de comportement pour les autorités, mais aussi pour les populations. Car aucun changement n”est possible sans elles.
rn
Kassim TRAORE
rn
23 novembre 2007
rn
“