Nous sommes en mars 2006. Le trio du groupe de rap Tata Pound, Ramsès, Dixon et Djo Dama, s’apprête à disséminer sur le marché son nouvel opus La « Révolution » . Mais, déjà, le premier tube de l’album, « Monsieur le maire », fait un tabac dans les rues de Bamako, bien qu’il ait été frappé par la censure et interdit de passer à l’ORTM.
Le titre dérange, le trio y dénonce sans ménagement la cupidité de certains maires qui, à peine élus, se spécialisent dans la vente illicite et la distribution effrénée de terrains, jetant aux oubliettes les promesses faites aux électeurs. Dans le même registre de la dénonciation, le second titre «Yelèma (le changement)» parle de la vente des sociétés d’Etat, la privatisation de la Régie des chemins de fer, le bradage de l’énergie du Mali, la crise du football malien, l’emploi des jeunes, la santé… Ces deux chansons s’écoutaient à tout bout de champ dans les rues, on s’accordait à dire que les textes portaient un germe de dynamite. Le pouvoir d’ATT était sur la sellette, le groupe ne cessait de recevoir des menaces. Les rappeurs décidèrent alors de tenir une conférence de presse au cours de laquelle ils avaient alerté Amnesty International. Le régime les accusait d’être manipulés ; ils craignaient pour leur vie.
Cet album a marqué un tournant dans le microcosme du rap malien, avec l’engagement qui respire dans les textes, les paroles travaillées. Les jeunes rappeurs de Tata Pound, à l’époque comme toujours, revendiquaient un rap conscient, engagé, qui s’inspire des conditions de vie du bas peuple. Aussi disent-ils qu’ils ont subi l’influence des rappeurs comme I Am, Tupac Amaru Shakur.
De 2006 à nos jours, l’univers du rap malien a poussé comme un champignon, d’autres rappeurs et groupes de rap sont sortis de terre et semblent avoir donné une nouvelle orientation à cette discipline du Hip Hop. Le rap n’était d’ailleurs pas vu d’un bon œil dans une société où le rappeur était considéré comme un raté, quelqu’un qui ne serait jamais rien, qui faisait honte à sa famille et à tout le monde. Après Tata Pound donc, Zion B, Lassi King Massassi, Yeli Fuzo, Kira Kono (Kati), le paysage du rap a explosé avec l’arrivée de Mylmo, Master Soumi, Fuken, Penzy, qui, plus tard, ont formé le groupe Frère de la rue, et les groupes de rap Ghetto K’fry, Génération RR…
Mylmo et la ‘’Tata Poundmania’
Comme indiqué plus haut, l’opus « La Révolution » a offert au groupe Tata Pound un moment de gloire, et accru son influence dans les couches défavorisées, surtout chez les jeunes, éclairant le pouvoir du rap, et mettant en sourdine les préjugés qui écornaient son image. L’intérêt des jeunes pour le rap a grossi, au grand dam d’un régime corrompu, bancal et autiste. C’est ainsi que, dans les trois dernières années, un rappeur a marché dans le sillage de Tata Pound : Mylmo.
En plus des politiques, ce dernier vise la société. Dans ses textes, il évoque le quotidien dur des jeunes qui, n’en pouvant plus des quolibets et des remontrances des parents, prennent le chemin de la migration en jurant de ne revenir qu’avec la richesse en poche. Mylmo N Sahel, comme il aime à s’appeler lui-même, parle de tout cela dans son titre « Bandjougou (c’est le nom d’une personne)» où il pointe la vénalité des parents qui violent le droit d’aînesse – sur lequel repose notre société- en étalant leur préférence pour le cadet lorsque celui-ci est plus riche que son frère.
Par ailleurs, dans « Bidenw (les enfants d’aujourd’hui) », il critique les jeunes avec une ironie douce-amère. Il s’en prend à cette jeunesse qu’il dit dévoyée, une jeunesse devenue experte dans l’art de consommer de l’alcool, qui se livre à la débauche, et se fourvoie dans les dédales de la médiocratie. C’est pourquoi ce rappeur, que tous ou presque tiennent en grande estime, est vu comme « La voix des jeunes » dans un pays où les systèmes éducatif, culturel et sportif se désagrègent, les familles se cassent, la société va à la dérive, le piston est plus important que le droit… On peut donc dire que Mylmo fait partie de ces rappeurs qui ont maintenu allumée la flamme d’un rap conscient, éloigné de la prise de bec artistique qui fleurissait sous d’autres latitudes.
Mais le microcosme du rap malien ne va pas lui aussi tarder à avoir ses « Tupac versus Biggie Smalls », ses « Booba VS Sinik ». Le clash, cette modalité du rap, a fait son irruption, et accaparé l’attention du public pour le plus grand bonheur du showbiz malien. C’est un fait, les groupes Ghetto Kafri, Génération RR … ont conduit le clash au Mali, à son apogée. Ils en sont même arrivés à s’affronter dans le clash underground (qui se déroule en direct, les rappeurs s’attaquent en improvisation). De fait, dans le clash, un rappeur prend à partie un autre ou plusieurs rappeurs qui, à leur tour, répondent dans un autre titre. C’est le phénomène auquel nous assistons, effarés et choqués, depuis quelques mois. Des clashes qui dominent la sphère du rap malien, le plus souvent de niveau série B, avec des textes crus et des paroles vulgaires. Les insultes dépassent souvent leur propre personne pour « s’engouffrer dans le pagne de leurs mères », celles-là mêmes qui leur ont donné le jour. Autant dire que c’est un rap qui perd la boule, déraille…
Réplique du duel « Tupac versus Notorious B.I.G », le rap dérape…
« Je ne dis pas que je vais changer le monde, mais je vous garantis que je vais susciter le cerveau qui va changer le monde », a confié Tupac Amaru Shakur (printemps 1996) au magazine Détails. Né à New York en 1971, ce rappeur, poète, activiste et acteur, est mort assassiné le 13 septembre 1996 à Las Vegas. La plupart de ses chansons s’inspiraient de la violence et de la misère dans les ghettos, du racisme et des conflits avec d’autres rappeurs. Il a marqué les esprits par son charisme, son « flow » et ses paroles. Depuis Tupac, la rivalité entre rappeurs, voire producteurs, existent. La rivalité qui a fait le plus de bruit dans le monde du rap est celle ayant opposé Tupac Amaru Shakur à Biggie Smalls, et qui s’est achevée dans un bain de sang. En effet, en 1996, Tupac enregistre Hit’Em up où il déclarait avoir eu des relations sexuelles avec Faith Evan, l’épouse de B.I.G.
En 2001, aux Etats-Unis encore, Jay-Z dans le titre « Takeover » dit qu’il avait couché avec la femme de Nas.
Les clashes qui enflamment l’univers du rap malien actuellement vont au-delà de ces obscénités. Ce sont souvent des paroles qui blessent la pudeur. La plus rude de cette rivalité est celle qui oppose Gaspi, Iba One, Sniper au rappeur Tal B. Il faut relever que Tal B et Iba One ont participé au rayonnement du groupe Génération RR, divisé au final. Proches, hier, en froid aujourd’hui. La toile de fond du conflit ne serait autre que le titre « La Paix » qu’ils devaient chanter ensemble, mais Tal B n’y a plus participé.
Dans son titre « Awo O Keledo », Tal B attaque Iba One :
« Va dire à ton père que sa copine a passé la nuit avec moi. Désormais, appelle-moi Tonton… (Traduction libre) »
Le public est divisé, et a l’attention excitée par ce duel oratoire qui ne fait que commencer. Comme il fallait s’y attendre, IBa One a surgi de son silence en offrant à Tal B et sa mère un morceau pour leur souhaiter « Bonne Fête de Tabaski » (le titre du morceau) :
« … Fils de mendiante, ta mère aurait dû faire de toi un pet. La copine de mon père qui a passé la nuit avec toi n’est autre que ta mère. Si tu passes la nuit avec ta mère, c’est que tu es un baiseur de mère. Un baiseur de mère…. Ta mère a fait trois mariages successifs. Tous les Maliens ont su maintenant que tu es un bâtard. Moi, je suis un fils unique, or toi, les enfants de ta mère ne sont même pas du même père. Il y a des Chinois, des Japonais… Les femmes bénies sont des grandes commerçantes, des grandes teinturières, des bureaucrates. Mais ta mère, elle, passe son temps devant sa table où elle vend de la salade… (Traduction libre)»
Et comme si cela ne suffisait pas, Sniper (Saïbou Coulibaly, son vrai nom) enregistre son titre « Bombe nucléaire » où il assène une sorte de coup de grâce à Tal B :
« Dis à ta mère de cesser de vendre de la salade. Qu’elle vienne pour que le chien de Gaspi la baise et lui donne de l’argent. (Traduction libre) »
Ce sont là des clashes que ne veulent pas entendre des passants dans la rue. Ils se bouchent les oreilles. Des clashes qui sont à deux doigts d’être une cicatrice sur la face du rap malien. C’est vraiment à désespérer d’une jeunesse dont les vrais combats sont ailleurs. Le rap malien n’a ni besoin d’un clash de niveau bac à sable, ni d’un rappeur dont le seul truc consiste à proférer des insanités. Il est donc raisonnable que ces rappeurs se ressaisissent. Il y va de l’intérêt de tous.
Boubacar Sangaré
bonsoir tal_b car tu est tros fort merci 😀 😀 😀
Ces jeunes chante bien,ils sont de l’avenir,ils font la fierté du Mali seulement s’ils pouvaient cesser les injures des parents et continuaient à bosser encore plus pour la triomphe du mali rap…vive le rap malien.
Depuis Dakar j écoutes bien le rap malien et je vous assure que ces jeunes on une avenir pour le rap malien.Moi personnellement je kiff trop les sons de tal b.
ZION -B A FAIT DU RAP AVEC RESPECT ET FILOSOPHIE .J,AIME BIEN SE GROUPE…..
CE SONT DES MAUDITS,SINON JE VOIS PAS POURQUOI INJURIER LES PARENTS D’AUTRUI.AU LIEU D’ALLER A L’ECOLE FAIRE DES GRANDES ETUDES POUR FAIRE SORTIR LE PAYS,VOTRE FAMILLE,VOTRE QUARTIER DANS L’IMPASSE,VOUS ETES LA A DIRE DES INEPTIES. 😈 😈 😈
apres avoir eut le diplome que les jeunes ont chanter…il sont categorie A comme toi ou plus que toi.tu pensé qu,ils ont abandonner les etudes a l,ecole primaire pour chanter.tu as la chante s,il n,avais pas le rap ses jeunes allaient prendre ta place a la fonction public,car,ils y auront beaucoup plus de kmoyenne que toi….des prejuger inutile,les gents comme vous mettent le Mali en retard vive le rap vive la revolution. 😀 😆 🙄
COMMENT LE RAP POURRA SORTIR LE MALI DU CHAO,SI CE N’EST CREE LA BAISSE DU TAUX D’ALPHABETISATION.TOUS LES JEUNES A BAS VEULENT ETRE DES 50 CENT,JAY-Z,EMINEM,ETC.
TU IGNORES TOUT DE MOI,MAIS BON,MERCI CAS MEME POUR TES PREJUGES UN PEU CON. 😉
Que l’état prenne ses responsabilité sinon c’est une bombe à retardement, que le brigade de mœurs réagissent et sanctionnent sévèrement sinon le rap conscientise et non le contraire
BOMBE EN RETARDEMENT POUR QUI?ILS S’ENTRETUERONT C’EST LEUR PROBLEME.
M B.Sangaré,tu es de leur génération ou quoi?Nous,on est meme pas au courant de ces salades entre soit disant rappeurs.En tout cas moi j’ecoute de la musique pas de balivernes.Encore une fois de plus,pour avoir travaillé dans le showbiz depuis 2006,je ne connais pas ces conteurs d’histoires à dormir debout.
hé bein si t es pas au courantde ce phenomene qui polu le rap malien c est que t’ecoute pas le rap en gros.
le journaliste fait bien d’interpellé l opinion public sur les effets ravageur du rap malien.
alors au lieu de t en prendre a lui ecoute les mais ton tympan risque de peter
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