Depuis les succès fulgurants des Ballets maliens au Théâtre des Nations à Paris en 1960, les trophées multiformes ont été moissonnés par nos étoiles dans les domaines culturels dont la musique, la danse, le théâtre, le cinéma, les beaux Arts. Les stars du rap et du reggae de la nouvelle tendance, les princes et les princesses des sonorités mandingues et du Ouassoulou ont porté aux nues les publics des cinq continents. Des voix d’or de l’espace rythmique songhoi, peul, bobo et minianka ont sublimé partout l’image de la mère patrie. Et que dire du talent incontesté des vedettes soninké et de la galaxie des griots dont les frénésies ont fait flambé les agoras d’Amérique, d’Europe et d’Afrique. Le New Morning, le Zénith , l’Olympia… C’est dire, sans se tromper que le génie malien n’a pas dit son dernier mot dans le cadre des échanges culturels pour la cohésion des peuples.
Devoir de mémoire
A tout seigneur, tout honneur. La musique malienne contemporaine qui brûle aujourd’hui toutes les planches du monde est redevable à des générations successives d’artistes qui ont accompagné dans le plus grand désintéressement, les premiers pas de notre jeune république dans sa marche vers la souveraineté. Ils l’ont nourrie d’épopées et de légendes d’antan, des traditions qui ont renforcé en nous le sens du courage, de la bravoure, de l’hospitalité, l’amitié, l’entente et la paix. Rappelons nous le cycle du Duga, la Taara, le Janjon, le Kanjo, le Bawudi, le Mbarasa etc.…
A ces grandes créations sont liés les noms de Bazumana Sisoko, Kelemonzon Diabaté, Siramori Diabaté, Pinda Danté, Nanteningué Kamisoko, Fanta Danba, Lamisa Bingali,Mieruba.
Ils nous ont fait connaître avec d’autres initiés de la tradition orale, le fasa de Sunjata , de Sumaoro, Da Monzon , Hanbodeji de Kunari. Ils nous ont enseigné la vision de Karunga Jawara de Kinkin, Kumi Jose du Beledugu , Firun de Kidal, Toto de Jakuruna.Ils nous ont appris le sens de l’engagement chez Bamuso Sanu , l’amazone de Sikaso, Nyeleni de Segu.
Ainsi les œuvres du répertoire musical malien rappellent-elles des tartines. Vous en prenez une, vous en voyez une autre. Elles ont des liens secrets comme des filigranes invisibles. Une époque évoque une autre : Panka Dembele, Ali Farka Touré, Mariam Bagayoko, Siaka Daman, Kunba Sidibé, Adez, Oumu Sangaré, Tata Banbo, Kanja Kuyate, Bonkana Maiga, Drisa Sumaoro, Adama et Mariam, Rokia Traoré… Cheche Drame… etc.…
La production musicale malienne avec ses sensibilités diverses nourries des rythmes senoufo , soninke, mandingues , banbara , constitue , par delà leurs différentes et la complexité du show biz une unité dans l’unité.
L’apport de la musique malienne tant traditionnelle que moderne est largement comptable sur le plan financier au niveau national et dans l’épanouissement économique du Mali. Mais la piraterie nuit beaucoup aux artistes qui n’ont que leurs yeux pour pleurer si l’Etat ne prend pas des mesures que s’imposent .
La présence malienne sur les scènes du monde
La présence du Mali se fait particulièrement remarquer sur les espaces du monde grâce a des festivals et a des invitations personnelles dans les grands concerts de dimensions internationales. Mais c’est surtout au cours de rencontres francophones que son apport se fait sentir. La, s’impose-t-elle dans les dialogues culturels, l’essor des lettres, des arts vivants, l’artisan, les arts plastiques, le 7e art .
Dans le cadre des échanges entre les municipalités francophones du monde , de nombreuses formations artistiques et des personnalités culturelle du Mali renforcent les vertus de notre richesse à travers le donner et le recevoir et par le limon de la diversité qui rend plus dynamique, offensive et solidaire l’image du Mali .
Par delà le combat contre l’uniformité linguistique et culturelle, les créations du génie malien s’affirment sur l’échiquier francophone comme une croix de transmission entre le Nord et le Sud, comme une défense de droit à penser , à se dire, à dire l’autre, à s’exprimer autrement.
Les prestations des formations artistiques nationales maliennes en France, au Québec ou dans d’autres rencontres d’échanges ont toujours répondu à l’attente du public. Tout comme les troupes populaires venues du terroir comme les Marionnettes de Pélégana aux manifestations artistiques des villes jumelées dont le festival d’Angoulême.
Les éditions Découvertes de RFI ont enrichi le patrimoine francophone avec la voix si prenante de Nahawa Doumbia, la reine du didadi, dont la force de présence sur scène a apporté un plus remarquable à la qualité des spectacles de tant de jeunes vedettes de la chanson contemporaine.
Les structures de diffusions
Il serait fastidieux d’énumérer toutes les institutions et les zones d’interventions des artistes et des acteurs culturels maliens sur l’agora du monde. Toutefois nous pouvons citer entre autres :
– Le Masa ou le Marché des Arts de la Scène Africain , basé à Abidjan, à plusieurs fois accueillir les grands talents du Mali. Par son créneau, l’ACCT intervient en faveur des arts vivants : Théâtre, danse, musique, arts plastiques, audiovisuels.
Le Masa a honoré plusieurs de nos artistes dont Abdoulaye Diabaté. Ce qui a permis de renforcer l’ouverture de la communauté internationale au produit culturel de notre pays et de contribuer ainsi à la rencontre des cultures et des différences. Car malgré l’accélération de la circulation des expressions artistiques du monde, les cultures restent opaques. La multiplication des manifestations artistiques interculturelles contribue à une meilleure connaissance des cultures extra-européennes. Les obstacles se résolvent qui gênent en profondeur le dialogue avec les figures du dehors, avec les cultures différentes
Lors des Masa passés , des troupes théâtrales et des orchestres maliens ont fait découvrir des aspects multiformes de notre Danbe et de notre Tabiya. La liste de ces prestations serait fastidieuse. Il faut cependant rappeler la troupe Nyogolon de Malick Tiema Dramé, Le Ray Band de Modibo Niozon Traoré, le Groupe Bama Saba de Habib Koita qui évolue actuellement plus en Europe , en Amérique et en Asie qu’au Mali. Combien de nos troupes et orchestres sont abonnés aux Festival international de la Francophonie de Limoges, aux Festivals du FITHEB du Bénin, du FITMO du Burkina Faso, ou aux festivals de musiques métissées dont les francopholies de la Rochelle ?
Des voix autorisées de la musique malienne comme Salif Keita représentent de même notre culture au Zénith ou aux Festivals d’Africacolor qui se tiennent au Théâtre Gérard Philippe Saint Denis.
Rappelons qu’avant leur envol dans l’espace interplanétaire, les astronautes américains sous la haute direction Cheick Modibo Diarra, astrophysicien, se recueillent sous les notes de la cora du maestro Toumani Diabaté .
Africacolor où quand les talents s’éclatent
Initié par RFI, ce grand rendez-vous annuel des étoiles de la musique africaine et malgache se veut une symbiose à la dimension de notre continent. Se déroulant tantôt dans les différents terroirs des vedettes de la chanson, tantôt dans l’hexagone, Africacolor revêt ainsi un caractère de brassage multiculturel aux couleurs de la francophonie. Les créativités y alternent avec l’agressivité dans l’initiative.
La musique malienne contemporaine est diversifiée et renforcée par la production multiforme de la diaspora ou des producteurs et des compositeurs ont des palmarès notoires. Nous pensons entre autres à la jeune génération dont Victor Diawara , basé en Lituanie , est l’un des porte paroles. Compositeur du groupe " Skamp " ( mon petit coin du terre) à Vilnius , son orchestre tient la phare de la Lituanie depuis onze ans. Il a travaillais avec des artistes maliens en vue de produire et de diffuser de CD qui feront davantage connaître la musique malienne dans l’Europe du Nord. Victor a contribué deux fois a donner à son pays d’adoption (la Lituanie) une bonne place aux rencontres musicales "Eurovision" qui regroupe plus de trente pays dont la France, l’Angleterre , etc. Il a plus de 10 CD a son actif et a évolué aux USA, en Ireland et dans de nombreux pays.
Si l’art est ce seul phénomène qui efface les frontières géographiques et artificielles du monde pour unir les continents et les peuples, la musique malienne en est une belle illustration .Surtout en cette année du cinquantenaire de notre pays où son message de paix et d’amitié contribuera à la cohésion social au sein des peuples et des nations . A Suivre
Pr Gaoussou DIAWARA
